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leur atentat que cependant pour récom penfe de fa bonne volonté nous voulions les lui fouftraire.

Nous lui prouvâmes clairement que la fouveraineté fur les Labovas nous apartenoit de droit qu'ils avoient été conquis par le Vice-Amiral Simon Janfz Hoen: que depuis ce tems-là ils avoient toûjours vécu fous nôtre obéiffance, & non fous la fienne: qu'il pouvoit compter que nous ne foufririons jamais qu'il nous en enlevât feu lement un. Le Roi & les Labovas fe récriérent de toutes leurs forces, perfiftant dans leurs prétentions, faifant de grands bruits, fe plaignant qu'on leur vouloit faire une injustice criante; & ils s'en retournérent tous enfemble chez le Roi.

Après-midi nous mandâmes encore le Capitaine Laud, & lui dîmes que nous é tions furpris de leur injufte procédé, & de ce qu'ils avoient fait ceffer la conférence du matin par leurs cris, par leurs hurlemens, & par leurs maniéres violentes: que nous l'avions fait venir lui feul pour lui déclarer avec douceur, & fans. querelle ou emportement, que nous prétendions que les Labovas aïant été vaincus & foumis, étoient fous la domination du Prince de Hollande : qu'ils n'avoient point eu d'autre maître depuis ce ems-là, & que tous les habitans des

Moluques en étoient témoins : qu'ils a voient toûjours été commandez par les Hollandois, & non par le Roi de: Bachian.

Ainfi nous le chargeâmes d'aller dire à fon Roi que nous étions réfolus à maintenir nôtre autorité que nous ne fouffririons pas que nos Sujets nous fuffent fouftraits par lui, ou par qui que ce fût : que c'étoit en vain qu'il prétendoit nous faire. perdre nôtre droit par fes pratiques, & qu'avant qu'il en vint à bout il falloit qu'il comptât de pouvoir détruire nôtre Fort jufqu'à la derniére pierre qu'il n'avoit qu'à prendre fon parti, & à voir s'il vouloit renoncer à l'alliance des Hollandois, en contribuant à entretenir leurs Sujets dans la rebellion, ou nous laiffer agir contre eux fans s'en mêler: que le lende main le Fifcal iroit demander réponse; qu'en cas d'obftination il révoqueroit le faufconduit, & que les Labovas iroient rejoindre leur troupe, ou feroient ce qu'il leur plairoit.

Le lendemain 2. de Juillet, le Fifcal ac+ compagné d'un Commis, d'un Enfeigne, & d'un autre homme, alla trouver le Roi, pour lui réïtérer ce qui avoit été dit au Capitaine. Laud le jour précedent.. Ce Prince & les Labovas aiant perfifté dans leur réfolution, il révoqua le fau

conduit qui leur avoit été donné, à moins qu'ils ne vouluffent revenir pour fe mettre dans l'obéïffance, excepté néanmoins les quatre profcrits.

Il n'y a donc aucun lieu de douter que ce ne foit le Roi de Bachiam qui les entretienne dans la rebelion, & qu'il ne les affifte dans les montagnes où ils fe tiennent, pour les attirer enfuite dans fes négreries, à quoi il eft de la derniére conféquence de stopofer.

Lorfque je fus fur le point de partir j'allai prendre congé de ce Roi, & l'exhortai non-feulement à ne fe mêler plus des affaires des Labovas, mais auffi à nous donner du fecours contre eux, ainfi qu'il y étoit obligé en qualité de nôtre allié, à quoi il ne parut pas réfölu, foutenant toûjours qu'ils étoient fes Sujets, & qu'on vouloit le priver de fes droits. Je le priai d'envoier des paliffades à nôtre Fort, & des chauffetrapes pour l'en garnir en dedans, & il me le promit.

Il me pria auffi de permettre qu'il envoiât au Sieur Général, à Batavia, une Ambaffade de trois ou quatre perfonnes, pour demander le fecours d'un ou de deux vaiffeaux,afin d'aller enlever quelques-uns de fes Sujets rébelles qui étoient à Amboine, & parmi les Papouas, reconnoiffant qu'ils n'avoient pas aflez de forces pour l'en

treprendre. Il demandoit encore deux ou trois piéces de petit canen de fonte, pour lefquelles il offroit de donner du clou, & il vouloit faire reprefenter les droits qu'il avoit fur les Labovas, & l'injuftice qu'on lui faifoit..

Je refufai de prendre fes Ambaffadeurs, jufques à ce que j'en euffe permiffion du Général.. Il vouloit même envoier un fauconneau à Batavia pour le faire refondre. Je lui dis qu'on n'y fondoit point de canon. Enfin s'étant retranché à prier qu'on portât une lettre au Général, qui contint fes plaintes & fes raifons, on y confentit, & on lui envoia un Assistant, pour lui aider. C'eft la lettre qui eft dans ce prefent paquet.

Bachiam eft un Roiaume indépendant. C'est un grand païs defert, abondant en fagu, en fruits, en poiffon, & en plufieurs autres fortes de vivres, mais mal peuplé, les habitans ne pouvant armer que deux corcorres. Ce font des gens pareffeux & fainéans, qui n'aiment que le plaifir, & c'eft par-là que d'un affez puiffant Roiaume, que cette Ifle étoit autrefois, elle eft tombée dans l'état où elle eft prefentement. C'est auffi par cette raison qu'on n'y recueille que peu de clou, & que les gérofles y font péris, quoiqu'ils y croif fent mieux qu'en aucun autre endroit.

La récolte y a été fi abondante cette année, que fi les habitans avoient autant vou lu s'apliquer au travail que font ceux de Machiam, ils auroient, felon l'opinion des ceux qui ont connoiffance de l'état de l'Ifle, amaffé plus de 300. bares de clou, au lieu qu'ils n'en ont pû livrer que 27. ba& il n'y en aura pas moins fans doute à la récolte prochaine.

res,

J'ai envoié quelques-uns de nos gens vifiter les arbres de Bachian & de Labova, qui m'ont raporté qu'il n'y avoit jamais eu plus d'aparence d'une bonne récolte qu'il y en a prefentement; mais que les Infulai res de Bachian ne prennent aucun foin des arbres; qu'en cueillant le fruit, ils rompent les branches pour l'avoir plus aisément; que néanmoins comme il y a quantité d'arbres, cela n'empêcheroit pas qu'il n'y eût auffi quantité de fruit, fi l'on pre noit foin de le recueillir.

D'ailleurs le Roi incommode beaucoup fes Sujets, les ocupant, autant qu'il peut, à. lui bâtir des maisons qui lui font inutiles, & à lui conftruire des corcorres & d'autres petits bâtimens, qui ne fervent qu'à fon divertiffement, fans avoir aucun égard: à la faifon de la récolte, pendant laquelle il faut qu'ils emploient leur tems à ces.. fortes de chofes, tout de même que quand ils en ont le loisir..

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