ai ofert, par l'avis du Sicur Gouverneur le Févre. Je crains même, que quand on ne le voudroit pas, on ne foit contraint d'agir contre eux, & de fe rendre maîtres de leurs perfonnes, ou de les tuër dans l'action, où de les chaffer, fi l'on veut être en fûreté. C'est à quoi le Sieur Gouverneur fe trouvera réduit.

Ils font à peu près au nombre de 40. hommes armez de boucliers, de fabres, de fléches, d'arcs & de moufquets, & en tout au nombre d'environ 120. perfonnes, femmes, enfans, efclaves & Mardicres.

Le Fort de Barnevelt bâti par le Viceamiral Hoen, eft en bon état. Les munitions de guerre y font dans un lieu convenable. L'eau n'y eft pas bonne; cependant en cas de befoin on pourroit s'en fervir. On va en prendre préfentement à la riviére, qui en eft à une portée de petit canon. On n'y fait aucun autre commerce que celui du clou qu'on y achéte, avec un petit fonds d'argent & de toiles pour le paier. La loge du Commis eft auprés du Fort, & l'on y laiffe des marchandifes autant qu'il en faut pour un mois. Le refte eft dans le Fort même où il y a largement auffi des munitions de bouche pour un an.

Il y a préfentement 4 6. perfonnes dans la place, quoi-qu'ordinairement il n'y en

ait que 3 0.Mais depuis la révolte des Labovas on a renforcé la garnifon,dont les gages montent par mois à 689. livres. Il y a encore des efclaves dont fept qui font mariez, font au fervice de la Compagnie: il y a deux Bourgeois & environ 25. Chinois, avec 3. Mardicres libres, tous demeurans hors du Fort: ils s'entretiennent de leur pêche & du travail de leurs mains.

J'ai trouvé que le Commis n'a pas bien fait fon devoir à tenir les Livres en bon ordre. Mais aprés avoit bien tout examiné j'ai vu que ce n'étoit que par pareffe & par ignorance, & non manque de bonne volonté, ou de probité, & qu'il n'a point voulu frauder la Compagnie, ni faire rien tourner à fon profit; au contraire il a ofert que s'il y a quelque chofe à dire, on le prenne fur fes gages. Cependant cela ne fufit pas. Sa négligence eft dangereuse, & incompatible avec le commerce. A la fin il y auroit dans ce comptoir une confufion à quoi, on ne pourroit plus remédier.

Si j'avois eu avec moi quelque homme capable,je l'y aurois laiffé. Tout ce que j'ai pu faire a été de fournir de bonnes inftructions à celui qui y eft, & de l'exhorter bien à les fuivre, tant à l'égard des livres que des Labovas, & j'en ai donné copie au Sieur Gouverneur.

Le 6. de Juillet nous avons remis à la voile, & le 11. nôtre vaifleau nommé l'Ai gle a mouillé l'ancre à Machian, où nous avons trouvé l'Orange, qui avoit chargé le clou qui étoit à Ggnofficquia. Comme de tems nous a preffez nous y avons expédié promptement nos affaires. Dans cette le, qui a été conquife par l'Amiral Paul van Caerden, il y a trois Forts, favoir, Gnofficquia au Nord, Taffafo à l'Ouëst, & Tabilola du côté de l'Est.

Le premier eft fur une éminence qui a 300. pas de hauteur, loin du rivage, & de difficile accès. Il n'eft pas d'une grande étendue, mais il eft environné d'une muraille de maffonnerie à chaux & à fable. Il commande la Négrerie des Maures qui en eft proche, & que le canon peut battre aifément, Il y a des vivres pour faire fubfifter long-tems la garnifon qui confifte dans un Lieutenant & 5 5. foldats.

Comme il n'eft pas aifé d'y faire porter les marchandifes à caufe de la hauteur du lieu, le Gouverneur le Févre a fait faire une maifon fur le bord du rivage pour y mettre celles qui ne font que pour l'Ifle avec les vivres & les denrées. Cette maifon eft forte, bien apuiée & étançonnée au-dedans, & il y a 4. Įpiéces de canon pour fa défenfe. Le premier. 1 Commis de l'ifle qui en commande les trois Forts

Forts, y fait fa réfidence, avec tous ceux qui font emploiez au négoce.

Elle eft environnée d'une paliffade, audedans de laquelle il y a des logemens pour 20. foldats qui y font la garde, & pour 33. Mardicres, tous au fervice de la Compagnie, & la plupart mariez, dont on arme fort bien une corcorre, pour aller à Taffafo & à Tabillola, & qu'on emploie à toute forte de travail, ainfi qu'on fait. ceux de Maleïe. C'eft-là qu'on fait les provifions pour les autres Forts, où on les envoie en tems & lieu. C'eft-là auffi que fe recueille le meilleur clou de l'Ifle. Le Sengogie de la Négrerie qui eft fous le Fort, nous eft bien plus affectionné que les autres : il a auffi plus de fujets, & eft regardé comme le plus grand Seigneur de l'Ille, au-dedans & au-dehors. Le Roi de Ternate a épousé une des filles.

Il y a des vivres à Gnofficquia, pour plus d'un an, tant pour le Fort, que pourceux de Taffafo & de Tabillola, & du ris pour plus de trois ans. Ce premier eft. capable de réfifter à tous les affauts paffagers; mais il ne pourroit foutenir un fiége de quelque durée, parce qu'on lui peut couper l'eau, qu'il faut aller querir au bas, vers la maifon qui eft au bord de la mer, à une grande portée de moufquet. Il fecoit bon d'y faire une citerne, qui pût con Tome VIL

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tenir de l'eau pour 2. ou 3. mois. Alors il n'y auroit plus rien à craindre.

Taffafo eft auffi entouré de maffonnerie: il eft un peu plus grand que Gnofficquia, fur une hauteur, ou petite montagne, à 170. pas du rivage. On n'y a point d'eau non plus: il la faut aller querir au bas. Mais il y dans la defcente un retranchement exprés pour affurer le paffage au puits, & vers le rivage ; & il eft muni de quatre piéces de canon, fi-bien qu'il pourroit mieux foutenir un fiége que Gnofficquia. Les habitans demeurent aux deux côtez du Fort, en rafe campagne, fans compofer de Négrerie, ou être à couvert par des retranchemens, chacun fe logeant & bâtiffant où il lui plaît. La garnifon confifte en foixante hommes, quatorze Mardicres qui reçoivent gages, & trois prifonniers ou efclaves.

Tabillola eft tout de même fur une hauteur, à une grande portée de moufquet du rivage. Il n'y a point d'eau: il la faut aller querir au bas, & paffer des brouffailles pour fe rendre au puits; deforte que l'on rompoit avec les Maures, qui font adroits à fe fervir de l'occafion de ces paffages, aucun de ceux qui feroient envoięz pour querir de l'eau, n'échaperoit de leurs mains. Ainfi bien loin de compter fur un Fort où il faut être à la merci de ces gens