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Roi, qui eft encore prifonnier aux Ma nilles ; ce que les Efpagnols ne feront nullement, à moins que les autres ne s'enga gent à nous déclarer la Guerre, & à leur aider à nous chaffer des Moluques, car les Tertanois avoüent affez qu'il se fait de pareilles propofitions dans leurs affemblées, & ils difent qu'ils ne les écoutent que dans la vûë de procurer la liberté à leur Roi, & que dès qu'ils y feront parvenus ils tourneront le dos aux Ef pagnols, & leur feront la Guerre à cux mêmes.

Ces délibérations fe faifoient déja pen dant que le feu Roi vivoit encore, & il avoit été réfolu de donner une corcorre à Hamfia, pour aller aux Manilles, en faire part au Gouverneur, & pour difpofer avec lui toutes chofes, afin de parvenir à l'éxécution des réfolutions qui avoient été prifes à Tacomi. Mais Hamfia qui vit que le Roi étoit malade, qu'il n'y avoit pas d'aparence qu'il pût vivre encore longtems, & que comme il étoit un des plus proches héritiers, il pourroit bien obtenir fa place, ne crût pas devoir fe hâter de retourner à Gammalamma.. Il demeu-. ra auprés du Roi, & fut reconnu aprés fa mort.

On l'avoit affez bien traité dans fa pri fon aux Manilles : il y avoit été bâtifé; &

T'on ne peut atendre de fa part que de. très-fâcheux changemens, fur tout dans l'état où font les chofes, & vû la paix qui eft entre les Ternatois & les Tidorois. Enfin tout eft à craindre, & nos gens font prefentement dans un grand péril.

Cependant ce nouveau Roi nous a ra porté qu'avant fon départ, c'eft-à-dire, il y a fept mois, on avoit envoié des Manilles à Pifcadore, deux galéres pleines de monde, qui en étoient déja de retour lorfqu'il partit, aiant eu cinquante hom mes de tuez, ou de bleffez; mais qu'il ne : favoit fi c'étoit contre nos gens qu'elles s'étoient battues, ou contre les habitans: que le Gouverneur Général des Manilles avoit fait équiper cinq navires, deux pataches, deux galéres, & plufieurs petits bâtimens, pour retourner, au commence, ment de la mouffon du Sud, à Pifcadore & s'y joindre aux forces de Macau, & aux petits bâtimens du lieu même, afin d'aller à Taïovan, dans le deffein de s'y emparer du Fort que nous y avons : qu'il avoit réfolu que quand il y feroit, il feroit paffer fes deux galéres & fes petits bâtimens, à la faveur du flot, au-delà du Fort, & jufques dans le Port, où ils feroient à couvert du canon de la place: que cette armade avoit été d'abord deftinée pour Jes Moluques; mais que comme les gale.

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res étoient revenues fort incommodées du combat: ce qui avoit fait croire que le fuccès ne leur en avoit pas été favorable, le Gouverneur avoit réfolu de faire premiérement l'expédition de Pifcadore, dont il eftimeroit la prife trois fois plus que celle des Moluques : qu'aprés cette expédition il devoit venir aux Moluques, & y amener le vieux Roi de Ternate, pour être maître de fa faction.

Ce retour du vieux Roi, que le nouveau craint, eft ce qui l'a porté à nous venir ainfi rechercher, & à nous avoüer toutes ces chofes, nous priant d'en écrire au Sieur Gouverneur Général à Batavia, & de lui demander des forces pour le maintenir, & nous avec lui. Il dit encore qu'ils prétendent établir un Roi dans une place à part, & féparée des autres, vers રે lequel les Ternatois puiffent fe réfugier, fi nous ne pouvons être chaffez de leur Ifle; afin que par ce moien, les Infulaires puiffent fe fouftraire à nôtre pouvoir quand il leur plaira, & que ces deux Rois gent du moins les habitans de l'Ifle.

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parta

Les Espagnols ont trois Forts à Ternate, favoir Gammalamma, Dongiel, & Callematte: deux à Tidore, nommez Taboula & Romi. Pour la garde de ces Forts, ils ont deux galéres, dont chacune eft armée de fept piéces de canon, & de 23.

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Blancs mais ils n'ont d'efclaves que pour en naviger une feule. Ils fe fortifient par tout; ils augmentent leurs garnifons, & forment de grands projets pour nous chaffer. C'eftà nous d'y prendre garde, & de renforcer auffi les nôtres.

On ne fauroit tenir en bride les Infu laires de Ternate & de Machian, jufqu'a les empêcher de livrer leur clou aux ennemis, qu'on n'ait le pouvoir & l'autorité de les punir. Les frais qu'on feroit, pour fe mettre en cet état, feroient, à mon avis, très-bien récompenfez. Sans cela il faut compter qu'ils font déja les maîtres, &: qu'ils fe regardent comme tels dans leurs affemblées, tâchant néanmoins de nous amufer de paroles, & croiant qu'ils ont droit d ufer ainfi. Il n'y a pas moien de travailler à cet ouvrage avec le peu de gens qui eft prefentement aux Moluques, n'y aiant pas plus de 442. Blancs qui ont de paie par mois 6191. livres,, 12. fols.

Pour la fûreté de ces garnifons on leur a laiffé l'Aigle, qui porte 32. piéces de ca non, fix pierriers, 16. barils de poudre & 70. hommes, dont pourtant on en tirera 30. pour diftribuer à Maleïe & à Machian. Če navire eft en mauvais état & fait eau. Lorfque nous étions à Bachian il y falloit pomper plus de 6000..

bâtonnées toutes les 24. heures. Pendant: qu'on étoit devant Talucco, on boucha les voies d'eau, mais il s'y en fait de nouvelles à tout moment; deforte que fi on ne lui donne bien-tôt un doublage, on fera contraint de le dégarder, & de le haler fur le fee, parce qu'il ne fera plus capable de tranfporter le clou à Batavia.

Toutes les Places, ou comptoirs, font pourvûës de Maîtres d'Ecole, qui y font tous les jours la prière. Il y a un Propofant venu nouvellement à bord de l'Oran ge, qui explique tous les Dimanches l'Evangile à Maleïe, & s'en aquitte fort bien. Les foldats & quelques autres s'y trouvent, avec 30. ou 40. femmes tant Hollandoifes que Mardicres; mais les maris Mardicres n'y affiftent point. Il y a auffi un Maître d'Ecole qui leur lit une fois la semaine des priéres en Malais.

L'Ecole y eft fort peu fréquentée : il n'y va que sou 6. où jusqu'à dix jeunes écoliers. Lorfque j'y arrivai elle étoit fermée. Quand j'en partis il y alloit dix en fans, parce qu'on en avoit fait venir quel ques-uns de Machian. On n'en doit pas atendre beaucoup de fruit, puisqu'il n'y va que des enfans des Mardicres, qui font un peuple ramaffé, dont la plûpart font transfuges venus de chez les Efpagnols, & qui dès qu'ils ne font pas con

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