Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Quand quelqu'un a une belle fille, il va offrir fa virginité au Comte, qui la marie enfuite avec un des Officiers de fa Cour, qui fe charge auffi de l'enfant, & qui reçoit cette Charge comme une faveur.

Aprés que l'aîné des fils du Comte, qui fe nommoit Don Simon, m'eut retenu & régalé trois jours chez lui, j'eus la liberté de m'embarquer dans un amack d'un des domestiques du Comte,qui me remena jufqu'au Padron, où étoit nôtre Vaiffeau. Sur la route nous vîmes quantité de cerfs & de biches, des troupeaux de chèvres, qui avoient le poil court, & des criniéres lon gués comme celles des chevaux ; des brebis prefque fauvages, des coqs de bruiére, des perdrix, & plufieurs bêtes qui nous étoient inconnuës.

Le Roïaume s'étend depuis le cap de Sainte Catherine, qui eft par les deux degrés & demi de latitude Sud, jufqu'au cap de Ledo. Il confiné par l'Eft à la mer d'Ethiopie par le Sud; aux montagnes de la Lune & aux Cafres : par l'Oüeft, aux montagnes d'où fortent les ruiffeaux qui font le Nil: par le Nord, au Roïaume de Benin. Il a environ 660. lieues d'étendue, s'étendant depuis les deux degrés & demi jufques par les 13. dégrés de latitude

Sud.

Le Roïaume eft divifé en fix grandes

Provinces, ou Gouvernemens, qui font Bemba, Songo, Sunda, Pango, Batta & Dunda; outre quelques petites Ifles qui font dans la riviere de Zaire, & qui en rèlevent.

Bemba eft le long de la mer, & s'étend depuis la riviere d'Ambrefi jufques à celle de Coanze. La Capitale de cette Province fe nomme auffi Bemba. Elle eft fituée entre la riviere de Lofa & celle d'Ambrifi, &loignée de la mer de cent lieues d'Italic.

La Province de Songo tourne autour des rivieres de Zaire & de Loango, jufqu'à celle d'Ambrifi. Elle finit aux rochers rouges de la frontiére du Roïaume de Loango. La Ville capitale fe nomme aufli Songo.

Sunda tourne autour de la Ville de Congo, que les Portugais ont nommée Santt Salvador, d'où elle a 8. licues d'étendue jufqu'à la riviére de Zaire. La Ville capitale porte le même nom de Sunda.

La Province de Pango étoit autrefois un Roïaume particulier. Elle confine à Sunda par le Nord, à Batta par le Sud, à Congo par l'Oueft, aux montagnes du Soleil par Eft.La Ville capitale, auffi nommée Pan

[ocr errors]

eft à l'Oueft de la riviére de Barbela, qui fort du même lac que le Nil. Batta

eft au Nord-eft entre Pango & la viviére de Barbela, & s'étend au Sud jaf qu'aux montagnes brûlées. La Ville capitale porte le même nom,

La Ville de Congo cft dans la Provin ce de Bemba, fur une montagne, éloi gnée de la mer d'environ 15o.lieues d'Italie. Il y a encore dans la même Province une autre montagne fort haute, qui a de longueur environ fix lieues de France.. Elle eft affez bien peuplée, & il y a plufieurs Bourgs & Villages, où l'on compte plus de 100000. ames.

Quoi-que les Anciens aient crû que la Zone torride étoit inhabitable, à caufe. des ardeurs du Soleil, on a bien éprouvé le contraire. Entre autres Edouard LupoPortugais, qui a demeuré long-tems à: Congo, a écrit que l'air y eft fi tempéré, que l'Hiver n'y eft pas plus froid que l'Au tomne l'eft à Rome: & qu'on n'y changepoint d'habits aux changemens des faifons.. Il n'y fait même point de froid fur les cimes des montagnes.

Il-y pleut en Hiver tous les jours deux heures avant midi, & autant aprés, & ces. pluies caufent une fi grande chaleur, qu'el le eft infuportable aux Européens. Ea longueur des jours & des nuits y eft égale toute l'année. On y a l'Hiver quand nous avons fe Printems, & il y commence le 15. de Mars l'Eté y commence à la mi-Septembre. Les pluies y continuent cinq mois. de fuite, depuis le commencement d'Avril jufqu'à la fin d'Août. Pendant toute

cette faifon à peine voit-on quelques jours clairs & férains. Hy tombe fans ceffe de groffe pluie que la terre boit auffi-tôta Mais l'Eté y eft fort fec, & il y pleus.

rarement..

Il y regne prefque toûjours un vent que les Portugais apellent Meftro, & qui don ne fouvent de la pluie. La principale ri viére eft la Zaire, qui vient du fecond lac du Nil. C'eft la plus grande de toute Afrique. Son embouchure eft de vingthuit lieues de large elle contient plus fieurs petites Ifles, & reçoit le Vambo & la Barbella. Aprés elle celle de Coanze eft la plus confidérable : elle arrofe les Roiau mes de Congo & d'Angola. Il y a encore le Lelonda, qui nourrit des crocodiles, des chevaux marins, & une forte de poif fon qu'on nomme Pourceau, & qui eft. quelquefois fi gros & fi gras, qu'il péfe jufqu'à 500. livres.

Les chevaux marins font tannez, & n'ont prefque pas de poils. Ils vont paître à terre, & de jour ils retournent dans l'eau. Les Africains en ont aprivoifé quelquesuns ; ce qui eft arrivé rarement & avec beaucoup de difficulté. Ceux qui l'ont été,fe font trouvez courir fort vîte ; mais il faut fe donner de garde de leur faire paffer des riviérès, car ils favent bien s'y jerter, & fe plonger jufques au fond, puis on

;

ne les revoit plus. Il y a auffi, dans ces mêmes fleuves, des boeufs marins, qui vivent quelques jours lorfqu'ils font hors de l'eau.

L'abondance des eaux qui font dans ces païs-là, jointe à la proximité du Soleil, les rend très-fertiles en herbages, en fruits, en moiffons, en grains, &c. & la fertilité feroit encore plus grande, fi les habitans prenoient plus de foin de les cultiver.

Il y a dans une des montagnes de Bemba des mines d'argent & d'autres métaux, & dans les endroits peu fréquentez, quantité d'éléphans, qui font fort puiffans, quand ils parviennent à la moitié de leur âge. Ils vivent ordinairement jufqu'à 50. ans on peut comprendre leur grandeur par les dents qu'on en voit, qui pésent quelquefois jufqu'à 200. livres.

Leurs oreilles font prefque auffi larges que le font les boucliers des Turcs, & elles ont quelquefois jufqu'à fix piés de long,'étant de figure ovale. Ils s'en fervent, auffi-bien que de leurs queues, à se chaffer les mouches de deffus le corps, & à les tuer. Les Anciens fe font bien abufez d'avoir crû que les éléphans ne pouvant plier les genoux, ou du moins les jointu res de leurs jambes, s'apuioient contre des arbres pour dormir ; & que c'étoit à cau fe de cela qu'on les prenoit facilement;

« AnteriorContinuar »