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au contraire, ils font même affez agiles pour grimper contre les arbres, afin d'en manger les feuilles, & ils fe courbent autant qu'ils veulent, pour boire dans les plus petits ruiffeaux.

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Il y a auffi, à Congo, des Tigres qui n'ataquent point les Blancs, & qui vorent que les Noirs ; ce qu'on a vû arriver à l'égard de deux hommes qui étoient cou chez & dormoient l'un auprés de l'autre. Le Noir fut déchiré, & le Blanc n'eût point de mal. Quand la faim les prefle ils ataquent auffi les bêtes privées. On les nomme Engoi à Congo. On tient que la chair de leurs cuiffes, par où elles fe joignent au corps, & qui fait comme leur aiffelle, eft venimeufe, & que ceux qui en mangent deviennent forcenez, & en

meurent.

Il y a un autre espèce d'animal, qu'on nomme Sebro, qui ressemble tout-à-fait à un mulet, hormis qu'il engendre. Son poil eft fort extraordinaire. Depuis l'épine du dos jufqu'au deffous du ventre il a trois raies de différentes couleurs, favoir une blanche, une noire, & une jaune; & elles font fi pareilles que chaque raie a juftement trois doigts de largeur. Cet animal produit tous les ans : il eft faúvage, & extrémement leger à la courfe; ce qui a donné lieu aux Portugais de dire en con

mun proverbe : Il court auffi vîte Sebra.

qu'un On y voit encore d'autres animaux, dont il y en a qui font comme des bœufs, & d'autres un peu plus petits, qu'on nom me Empalanges. On y voit des buffles fauvages, des loups qui fentent de fort loin, des renards, des cerfs, des chévres, des lapins, & quantité de liévres, parce qu'on n'y chaffe point. On y voit des chats-civettes qu'on y apprivoile pour le profit.

Il y a diverfes fortes de ferpens, dont quelques-uns ont jufqu'à 25. piés de longueur, & cinq piés d'épaiffeur. Ils ont le gofier fi large qu'ils peuvent devorer un cerf entier. Ils vivent également fur la terre & dans l'eau. Quand ils ont trouvé dequoi fe raffafier, ils vont dormir, & c'est alors que les habitans qui les rencontrent les tuent, pour les manger: car ils en trouvent la chair excellente. Il y en a qui font fi venimeux que quand on en a été mordu, on meurt dans 24. heures, fans qu'aucun des bons remedes qui font en ces païs-là puiffe fauver un homme..

Il y a une efpéce de bêtes de la grandeur d'un belier: elles ont des aîles comme les dragons, une queue, & une longue gueule avec plufieurs rangs de dents. Elles vivent de chair crue & n'ont que deux piés, aiant la peau rouffe, avec des taches rouges & bleuës.

On y voit quantité de poules, de coqs d'Inde, de paons, d'oies, de canards, de perdrix privées & fauvages, de faifans, de pigeons, de tourterelles, d'aigles, de cignes, de faucons, d'éperviers, de pélicans, de perroquets verts & gris, & d'oifeaux carnaffiers. Il y a un très-petit oifcau qui chante auffi-bien que les canaries..

On y trouve beaucoup de criftal, & de métaux dont le fer eft eftimé le meilleur. Il croît dans la Province de Bemba une grande abondance de grain qu'on nomme Leuco, qui reffemble à la femence de moutarde, étant néanmoins un peu plus. gros. On le moult avec des moulins à la main, & il rend de fort bonne farine, dont le pain: vaut celui qui fe fait de froment il eft fort commun dans le Roiaume.

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Lly croît auffi force millet & orge, qu'on nomme Maza Congo, ou Grain. de Congo. Il y croît du blé de Turquie & du ris, mais ni l'un ni l'autre n'y eft eftimé. Il y a quantité d'arbres fruitiers, de citrons, de limons, de bananes ou figues des Indes, dont le goût eft excellent, auffi-bien que la nourriture.

Il y a dans les campagnes un grand nombre de palmiers, dont les uns produifent des dates, & les autres des noix des Indes.. Il y en a une troifiéme efpéce qui fournia

du vin, de l'huile, du vinaigre, des fruits, & une forte de pain. L'huile fe tire du dedans du fruit, & reffemble à peu-prés à nôtre beurre, hormis que la couleur tourne un peu fur le verd. On s'en fert comme nous nous fervons du heurre pour manger, & de l'huile pour brûler.

On tire le vin de la cime des arbres qu'on preffe, & il en fort une liqueur fraîche, mais douce, qui s'aigriffant quand on lagarde, fert de vinaigre. Quand on en buit de fraîche elle cft fort diurétique ; ce qui fait qu'il y a peu de gens dans ces païslà, qui foient tourmentez de la pierre ou de la gravelle. Elle enivre ceux qui en boivent trop. On fait le pain de l'amande du fruit de cet arbre, qui eft affez femblable à nos amandes; mais elle eft un peu plus dure. Ce fruit eft verd par-dedans & par-dehors, d'un goût rude, mais de trèsbon goût quand il eft boüilli.

Il y a quantité d'herbes médecinales & de fruits qui ont la même vertu. Ils font même, pour la plupart, agréables au goût. Il y a des melons, des concombres, & d'autres femblables fruits en abondance.

Il y a des montagnes entiéres de rochers, qui ne le cédent point au marbre en beauté. Il y en a d'autres qui font toutes de jafpe, de porphire, de marbre blanc

& d'autres couleurs. Ce marbre eft nommé à Rome marbre de Numidie, ou d'Afrique.

Il y a certaines roches où l'on voit des lits entiers de jacinthe. On pourroit aifément la féparer, & en faire des colomnes entiéres & des obelifques. Il y en a d'autres où l'on trouve du cuivre rouge & du jaune.

La riviére de Zaire, ou Sarre, qui a bien cinq lieues d'Italie de largeur, coule jufqu'à 14. ou 15. lieues en mer, fans que fes eaux perdent leur douceur. C'eft une connoiffance certaine pour les mariniers, qui doutent de leur eftime. On peut la remonter jufqu'à 5. lieuës; mais au-delà on trouve des espéces de cataractes & de fauts, comme ceux du Nil & du Danube. · Celle de Lelonda, qui paffe le long de la Ville de Congo, demeure presque à fec, dès que les pluies ont ceffé. Il croît un arbre admirable, fur les bords de celle de Loanda. On le nomme Enfanda, & il est toûjours verd. Ses branches montent d'abord en haut, puis elles defcendent, & prennent racine par leurs bouts en terre; ce qui le fait multiplier extraordinairement. Il croît fur la premiére écorce un espéce de lin qu'on aprête, & qui fert à faire des habits au commun peuple.

Dans les mers, il y a beaucoup de ba

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