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lénes noires, qui fe font la guerre & fe tuent les unes les autres. Les Habitans pêchent celles qui font mortes, en tirent le lard,& le mêlent avec le goldron. pour en froter leurs Navires. Il y a des fardines, de la raie, des éturgeons, des écreviffes, &c.

Les Habitans font noirs, quoi-qu'il y ait quelques femmes qui font jaunâtres. Ils ont les cheveux noirs, ou roux. Ils font d'une taille médiocre. Les prunelles de leurs yeux font noirs, ou de la couleur du verd de mer. Ils ont les lévres épaiffes, & pourtant moins que les autres Maures, & ils ne font pas fi laids de vifage que les autres Noirs. Les Habitans de Bemba font fi robuftes, qu'ils coupent tout d'un coup un efclave en deux par le milieu du corps, ou abattent la tête d'un bœuf.

Les maifons font, par-tout, baffes & étroites, non faute de pierre, de bois, ou de chaux, mais faute d'adreffe : car il n'y a ni maffons, ni menuifiers ou charpentiers par eux. Chacun eft l'architecte de fa propre maifon.

On fe fert de coquilles, au lieu d'or, ou d'argent cependant ils ne laiffent pas de faire de gros trafics, avec cette. forte de monnoie.

Les Habitans des Ifles qui font dans la riviére de Zaire, faifoient autrefois la guerre avec de petits bâtimens faits d'é

corces d'arbres: il y en avoit d'affez grands pour contenir jufqu'à deux cens hommes. Ils les nageoient fort vîte; & quand il falloit entrer en action ils ceffoient de nager, & prenoient en main leurs arcs & leurs fléches.

Lorfque les femmes de l'Ile de Loanda, vont pêcher des moules, pour en avoir les coquillages, elles prennent un panier, & étant en mer, elles les plongent dans l'eau ; d'où l'aiant retiré plein de fable, elles y cherchent les moules qui différent beaucoup les unes des autres. Les plus belles font les femelles. Elles ont cours pour leur prix felon leur beauté. Ces mêmes Infulaires ont préfentement de petits bâtimens à voiles & à rames, faits d'écorces d'arbres. Les hommes nagent fi bien, qu'ils peuvent traverfer trois lieues de mer à la nage.

Tous les Habitans de ces païs-là ont un grand penchant à voler les étrangers, mais ils ne fe dérobent rien les uns aux autres. Le penchant des femmes, auffi pour les é trangers, eft encore plus grand que le penchant au larcin. Elles ne favent ce que c'eft que d'honneur & de réputation: elles courent encore avec plus d'abandon aprés les Blancs, qu'aprés les autres.

Les hommes & les femmes vont tête

nuë. Leurs cheveux font adroitement treffez & entrelaffez. Il y en a pourtant quelques-uns qui portent des especes de chapeaux de coques de noix, ou d'écorces d'arbres entrelaffées. D'autres ont de gros bouquets de plumes entre leurs cheveux, à quoi ils tiennent par le moien de fils d'archal. Les hommes & les femmes ont de gros anneaux aux oreilles.

La plupart de leurs habits font d'étoffes faites d'écorce d'arbre, & commencent à imiter les maniéres Portugaifes. Les femmes ont des anneaux de cuivre, ou d'étaim autour des jambes, pour ornement, & plufieurs hommes en portent auffi.

Ils couchent à terre, fur des nattes, vivent de fruits, de poiffon & de viande mêlant tout ensemble dans un plat. Les plus confidérables mangent la plupart du tems feuls, & affis fur des nattes. Ils ne fe déchargent jamais le ventre fur la furface de la terre, ils creufent de grands trous, & mettent un gros bâton devant pour s'y apuïer. Leurs tambours font étroits par le bas, & larges par le haut. Leurs flûtes font d'ivoire.

Toutes ces coutumes & maniéres font celles de ce païs-là en général, & fur-tout dans le plat païs & dans les petites Villes; mais dans les grandes il y a plus de régularité & de volupté.

Les Habitans de Congo révérent extrêmement leur Roi: ils balient les rues par où il doit paffer. Dans les bonnes Villes les hommes & les femmes fuivent autant qu'ils peuvent les modes Portugaifes. Ils s'habil lens de velours, d'autres d'étoffes de foie, & portent des chaînes d'or. Pour le petit peuple, qui eft pauvre, il va toûjours nud, & ne fe couvre que les parties natureiles.

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Le Roi mange à la Portugaife: il rend juftice en public, & en peu de paroles.Les Courtifanes jouent de la flûte, & pendant que les unes en joüent, les autres dan fent à la Morefque, avec beaucoup d'adreffe & d'agrément.

Chacun eft herborifte, & s'aplique à connoître la vertu des fimples, afin d'être fon propre Medecin. Ils fe font paffer les fiévres avec de la poudre de bois de fantal, & la douleur de tête par la faignée. Ils fe purgent d'une poudre faite de l'écorce d'un certain arbre.

La quantité d'or, d'argent, de cuivre de criftal, de fer, & des mines d'autres métaux qui font dans leur païs, fait comprendre qu'ils doivent être fort riches. Il faut y ajoûter les grands profits qu'ils retirent d'un grand nombre de dents d'élevans, qu'ils vendent aux étrangers, & des chats-civettes, auffi-bien que de quelques

autres animaux : deforte qu'on peut mettre leur Roi au rang des plus puiffans Me

narques.

Il y a un Gouverneur dans l'Ifle de Loan. do, qui veille fur la pêche qu'on fait des coquilles qui tiennent lieu d'argent ; & dont le Roitire un gros revenu. Il s'y fait auffi un grand trafic d'efclaves que les Portugais achetent pour les tranfporter ailleurs, & de toiles d'écorces d'arbres, qui font de requête dans les païs voifins.

Le Roi d'Angola envoie tous les ans des préfens à celui de Congo, qui font regardez comme un tribut qu'il lui paie.

Les peuples ont beaucoup de difpofition aux armes, & font naturellement belliqueux. Néanmoins il n'y a point parmi eux de Villes murées, ni de fortereffes fur leurs frontiéres; deforte qu'ils ne pourroient réfifter aux Européens; mais ils réfiftent à leurs voifins, & les battent fouvent.

Bemba, ou Bamba, eft comme le boulevard du Roïaume, parce que les Habitans y font encore plus belliqueux & ont plus de courage qu'ailleurs. En cas de befoin le Roi peut mettre fur pied juf qu'à 400,000. hommes, armez à la maniere de leur païs. Leurs fabres font femblables à ceux des Suiffes, & comme les foldats font robuftes, ils s'en fervent avec beaucoup d'avantage. Ce font les Portugais

qui

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