tuée, il y a affez d'efpace pour fêmer des grains. La plupart de la garnifon eft de Gentives. Ils y font comme en efclavage, n'ofant defcendre que très-rarement dans la Ville, ou n'y defcendant jamais. On y entretient auffi quelque cavalerie. La Fortereffe de Condepouli eft à peu près femblable. Les garnifons de chacune de ces places confiftent en 3 ou 4000. foldats, ou du moins dévroient monter à ce nombre mais les Commiffaires & les Officiers d'intelligence enfemble n'y en tiennent pas plus de 2000. & profitent de la baie de ceux qui manहे quent.

Coux qui peuvent fe rendre maîtres de Ces deux places, le font bien-tôt de tout le plat pais car étant fur des montagnes, où il n'y a d'accés que par un feul endroit. impraticable pour peu qu'on trouve de réfiftance, il faut que tout céde à ceux qui les tiennent. Les autres Forts de Naudigen, de Ragamandraga, & d'Eclour, ne peuvent pas faire une grande réfiftance. Le principal Oficier qui ait inspection fur ces Fortereffes, eft un Maure, qui a fousJui quelques Naicques, qui font Gentives, il gouverne le plat pais qui en eft voifin.

Le Roiaume eft divifé en Gouverriemens qu'on aferme tous les ans. Les

noms de ceux que je connois font, Condiveri, Bellum, Corde, Venicorde, & Nyfampatnam Is font tous au-deçà de la riviére, & Condiveri eft le chef de tous les autres. Les fermes en produifent tous les ans, en argent, en ferges, en fel, en toiles peintes & autres 40000 pagodes.

Condepouli, Mafulipatnam, Naglawance, Sandrapatla, Gelapondi, Ecour, font cinq places des Villages de la dépendance defquelles fe tire la principa le partie de l'indigo qu'achètent les Hollandois & les autres Marchands, pour le tranfporter du côté du Nord, a Chaul,& à Dabul. Mais on n'en a point tiré depuis deux ans, à caufe de la guer requi a réduit ces gens-là dans la der-niére mifére; c'eft-à-dire, la guerre que les habitans de Nyfamyca ont contre les Portugais de Chaul. _fo

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Ragamandraga Tatepaque eft une Inle quia d'un côté la mer, & de l'autre la riviére de Narfapour Petais, qui fe déchar ge dans la mer proche, de, Perour. Cette Mle eft très-fertile, & abonde en diverfes denrées. La riviére de Narfapour Petais eft fort large on pourroit faire fur fes bords des doublages, & conftruire des vaisseaux de 400 tonneaux. Mais on n'en peut fortir aisément qu'au mois d'Octo

bre, que commence la mouffon des vents de Nord. Le bois dont on fe fert pour les conftructions, defcend du haut païs fur l'eau.

On fabrique, dans le Gouvernement de Bagamandraga, quantité de Betilles; des Salamporis & des Parcalles. A Tatepaque on fabrique des Dongrais, qui font nommez Dongrais de Peta, des Betilles, & à Nafapori & Condepouli, quantité. de fines Parcalles.

Mafulipatam, ou Mafulipatnam, fournit du fel, du ris, quelques ferges, mais qui ne font pas fi bonnes que celle de Nyfampatnam; des toiles & quelques autres marchandifes, dont les fermes montent par an à 180000.pagodes. Les droits de Nyfampatnam font afermez 5000. pagodes. Le Gouverneur qui y eft préfentement en donne bien 1000. pagodes de plus, parce qu'il a fous-fermé d'un autre.

De cette fomme des sooo pagodes le Roi en donne au Gouverneur pour fes ga ges & pour fa dépense, & aux autres Offciers qui font avec lui dans le gouverne ment8000.pagodes, & les habitans de Nyfampatnam lui en donnent 5oo. Mais trèspeu de fesdomeftiques font paiez en argent. Il les paie en ris fale, en fel, & en grains qu'il leur compte à un tiers plus cher qu'ils ne valent. Les principaux Officiers,

comme Sabandar, le Prêtre, le Juge, &. quelques autres, font paiez en argent. Le Gouverneur fait une groffe dépenfe & entretient un train tel qu'il n'y en a point dans nos païs de l'Europe qui en ait un plus magnifique, & qui le porte plus haut que lui. Le Gouvernement confifte dans la ferme des droits du Roi, qui fe renouvelle tous les ans, & fe donne au plus ofrant, qui pour s'enrichir gouverne avec beaucoup de dureté, & accable tellement les habitans, qu'ils font tout-à-fait à plaindre. Les Gouverneurs, paient leurs fermes en 3. termes de 4. mois en 4. mois, Sils gagnent du bien ce n'est pas fans pei➡ ne. Il faut qu'ils travaillent furieusement; encore eft-il incompréhenfible comment ils peuvent lever ce qu'ils donnent, & ce qu'ils retiennent.

S'ils n'ont pas achevé de paier au bout de l'an, ils font le plus fouvent fi maltraitez de coups, que de leur vie ils ne fe rétabliffent en parfaite fanté, comme cela eft arrivé de mon tems. Quelques profits qu'ils faffent ils crient toûjours comme s'ils perdoient's car comme l'envie ́ régne extrémement parmi ces gens-là, quand on fait qu'ils ont beaucoup gagné, on ne manque pas de les charger de quelque accufation qui les fait tomber dans la difgrace de leur Prince, qu'ils l'aient méritée, ou non.

On ne parvient à aucun emploi que par préfens, ou par intrigue. La plupart des Gouverneurs ou Fermiers, font des Bramines, ou des Benjanes; gens rufez s'il en fut jamais, exercez en toutes fortes de filouteries, qui favent admirablement paier de paroles, & s'accommoder aux tems, qui s'humilient jufqu'à l'extrémi té, quand ils ont befoin de quelqu'un pour quelque áfaire particuliére, & font importuns jufqu'à l'éfronterie.

Peu de Maures veulent entrer dans les fermes; mais ils recherchent volontiers les commiffions d'Infpecteurs fur la conduite des Gouverneurs qui les ont, & qui font obligez de leur faire de gros préfens, pour leur faire fermer les yeux. C'est par-là que les plaintes des pauvres ne peuvent venir jufques aux oreilles de ceux qui ont l'autorité en main, pour les raporter au Roi, afin qu'il y foit pourvû, & c'eft auffi par cette voie que tout le païs eft ruiné.enten

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Ainfi les Gouverneurs n'ont qu'à gagner le Sabandar & quelques autres Officiers, pour avoir la liberté de faire tout ce qu'ils veulent. Car en aiant leurs témoignages, ils fe difculpent facilement auprès des Tréforiers, des Inspecteurs Généraux, & de ceux qui ont les fermes générales. Souvent même ils leur font voir