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qu'il s'eft trouvé quelque empêchement à cequ'ils aient pâ lever,comme à l'ordinaire, tous les droits qui leur étoient afermez, & ils obtiennent diminution de leurs fermes. Cependant ils font la plupart de ces chofes fi groffiérement, ou fi impudemment, qu'on ne le connoît pas, que quand on le veur bien ignorer. Il arrive quelquefois que quand les Gouverneurs font pouffez à bout, les Sabandars & les Infpe&teurs ordinaires fe trouvant participer à leurs frie ponneries, reçoivent le même châtiment.

Je n'ai pû découvrir qu'ils euffent aucune Loi écrite, ni aucun Tribunal pour les a faires criminelles, quoi-que quelquefois quand on a furpris des voleurs, one les empale, ou on leur coupe la tête, qu'on met au bout d'une perche. Une des Princeffes filles du Roi, étant morte, on fuplicia toute une famille, fur le foupçon qu'elle avoit été enforcelée par ces gens-là

Harriva une fois à Mafulipatan que des volcurs s'y rendirent au foir, comme gens de conféquence. Un d'entr'eux étoit porté dans un palanquin, en homme, de confidération. Its logérent dans la maifon d'un Maure où ils volérent, & étant furpris ils uferent de violence. Le bruit aiant fait affembler le peuple, ils s'enfuirent, mais il en fut pris un qui étoit bleffé. Néanmoins après l'avoir retenu un peu de

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tems en prifon, il fut relâché, fans recevoir aucun châtiment. En général ils ne font pas fanguinaires.

C'eft dans les mois de Février, Mars, Avril & Mai, qu'on voit le plus de voleurs. Cela vient de ce que les riviéres fe féchent alors, & qu'on les peut traverfer. Ils pillent fouvent des Villages entiers; les habitans qui font d'un des côtés de chaque riviére allant infulter ceux qui font de l'autre. Il ne fait pas fûr de voiager en ces tems-là. Les voleurs fe tiennent le jour 'dans les bois, ou dans les montagnes, & les habitans de certains Villages leur vont porter des vivres, à condition qu'ils les épargneront. Ces défordres font ceux dont les Gouverneurs Fermiers fe mettent le moins en peine. J'ai même oüi affurer que quelquefois ils s'entendent avec les voleurs, & partagent ensemble.

L'année des Gentives eft auffi compofée de 12..mois, & commence environ le 20. de Mars. Celles des Maures fe régle par les Lunes, & commence le 1 o. de Janvier. Ils y font entrer 13. Lunes, & la partagent en trois faifons, celle de la chaleur, qui commence en Mars & finit en Juin; celle des pluïes, qui commence en Juillet & finit en Octobre; & celle du froid, qui commence en Novembre & finit en Février. Il fait affez froid en

ce païs-là aux mois de Décembre & de Janvier. Depuis la mi- Mai jufqu'à la mi-Juin il y fait de fi grandes chaleurs, par un vent qui vient du Nord, que quelquefois on a une peine extrême à les fuporter. Quand on tourne fon vifage du côté du vent, il femble qu'on foit à l'ouverture d'un four ardent. Le bois & la pierre jettent auffi une chaleur incroiable, mais on trouve I'cau qu'on boit fort froide.

Dans cette faifon il y a toûjours quelqu'un que les chaleurs font mourir, fouvent par leur imprudence ; parce qu'étant trop échaufez ils boivent du lait, ou de Peau, ou qu'ils en boivent trop. Ce fut ce qui fit mourir notre compatriote le Sieur Pierre Ifaacfz, & j'ai vû mourir de la même maniére plufieurs Gentives. Si L'on voiage en ce tems-là, on ne peut marcher que jufqu'à 9. heures du matin & il ne faut recommencer qu'à 3. heures après-midi. C'eft un grand plaifir de voiager quand les chaleurs font paffées. Ils divifent les jours & les nuits en 8. parties, mettant 60. heures dans le jour naturel comme nous 24.

Il y a double poids & double mefure dans tout le Roiaume. En quelques endroits le Candi, ou la Bare, eft de 380. livres en d'autres elle eft de 500. livres. Un candi contient 2. Mans. Un man 8. Bijs

Un bijs 5. Ceers. Un ceer 24. Tols. Ce font-là les mesures.

Il y a 4. fortes de monnoies, des Pa godes, des Fanons, des Neüels, & des Caffes. Les Marchands étrangers y portent préfentement des Sérafins, des Larins, & des Réales. Un Pagode fait 15. Fanons, un Fanon 8. ou 9. Neüels, un Neüel 3. 4. 5. ou 6. Caffes, un Sérafin 16. à 17. Fanons, un Pagode 7. ou 8. Larins, une Réale, 10. ou 10. & demi, ou 11. Fanons.

Les fruits qui croiffent dans ce païs font des Mangas, ou Mangens, des Bananes, des Limons, des Grenades, des Anaffes ou Ananas en abondance, des Oranges, des Citrons, des james; mais il y en a peu de ces dernieres. y a auffi und forte de pomme de la groffeur des plus groffes cerifes, avec un petit noïau audedans. Il y a des Jamodes qui font tout noirs & aigrets. Les arbres qui les produifent fe trouvent en quantité dans toutes les Provinces, & en certains endroits on en avoit des bois entiers, dont on fe fert pour faire des ouvrages de charpente. Is fourniffent un bruvage fort agréable quand il n'eft pas falfifié.

On voit encore par- tout des arbres qui portent les Tamarins. Tous les ans au mois d'Avril, on tranfporte quantité

de raifins de Golconda vers le bas païs, où les eaux fomaches rendent la terre fi mal difpofée, que la vigne n'y peut croître. On trouve auffi dans toutes les Provinces un grand nombre d'arbres de Raïes, & plufieurs autres fortes d'arbres fauvages.

Il y a diverfes efpéces de bêtes privées', & de fauvages, des tigres, des éléphans, des ours, des léopards, des chats-civettes, une multitude de guenons, des cerfs qui ont par-tout fur le corps de petites taches blanches, & qui étant mordus par des ferpens, n'en foufrent aucune autre incommodité que celle de perdre une plaque blanche qui leur tombe. Ils ont des cornes comme ceux de nôtre païs.

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On y en voit encore d'une autre forte, qui n'ont point de taches, qui portent les cornes droit en haut, tournées comme fi c'étoit un tour de vis, étant fort luftrées, & fort agréables à voir. Lors qu'on en rencontre de petits, on peut les rendre auffi privez que des chiens, & s'en faire fuivre par tout où l'on veut, les faite manger à la table & dans la main.

Il y a quantité de renards, & de ferpens, dont quelques-uns font fi venimeux, que ceux qui en font mordus meurent fur le champ. Il y en a d'une autre espéce dont les habitans difent qu'on en avû qui

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