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Les Abiffins difent que le Judaïfme fut établi parmi eux, par Meilech fils du Rai Salomon & de la Reine Maqueda, & par quelques Juifs qui l'accompagnoient; ce qu'ils prétendent prouver par une vicille Chronique que l'on conferve à Caxumo.

Ils ont reçû la Foi Chrétienne, par l'Eunuque de la Reine Candace, que St. Philippe bâtifa. Enfuite les Coftes, par le moien du Patriarche d'Alexandrie, duquel ils dépendent, leur ont communiqué leurs héréfies. Les Turcs, avec qui ils trafiquent, les ont auffi infectez de quelques-unes de leurs croïances, & dans quelques endroits il y en a qui ont retenu certains cultes de leur ancienne idolâtrie Toutefois, ils font en général affez con-formes aux Grecs, en quelques points aux Mofcovites. Mais ces chofes ne font pas affez éclaircics pour en parler diftin&tement & certainement.

Les Laïques fe rafent le poil autour de la bouche, & fe laiffent croître les cheveux. Au contraire, les Prêtres fe coupent les cheveux, & fe laiffent croître la barbe. Il y a parmi eux des Evêques, des Diacres, des Prêtres, des Moines de FOrdre de S. Gregoire, & de celui de St Antoine, qui ne demeurent ne demeurent pas en Communauté, dans des Convents: ils font ré

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pandus dans les bourgs & dans les villages.

En entrant dans l'Eglife ils laiffent leurs fouliers à la porte, & ne crachent point quand ils font au-dedans. Ils n'y laiffent entrer aucune bête & ceux qui font à cheval, mettent pied à terre quand ils paflent devant. Les cimetiéres font entourez de hautes & épaiffes murailles, afin que les bêtes n'y puiffent entrer. Ils ont des cloches de fer, furquoi ils frapent d'un bâton qu'ils tiennent dans la main, pour leur faire rendre le fon.

En memoire du batême de Nôtre Seigneur, ils fe font bâtifer tous les ans, le jour des Rois, dans de certaines petites eaux dormantes. Ils font debout en fe confeffant, & font leur confeflion à haute voix. Ils communient fous les deux efpéces, favoir celle du vin & celle du pain point levé; & ils font auffi debout en recevant la Communion.

Les contracts de mariage se passent pardevant les Prêtres, faute dequoi le mariage eft nul. Les Prêtres fe peuvent marier; mais leurs femmes étant mortes, ils ne peuvent fe remarier.

Parmi leurs Moines, dont la plus grande partie eft de l'Ordre de S. Antoine il y en a qui fe nomment Ceftifanes, & qui ménent une vie fort auftére, pratiquant de rudes fuperftitions, comme de porter

un cercle de fer fur leur peau, autour du corps; de ne point s'affeoir pendant tout le carême; de demeurer fouvent & long-tems -dans l'eau froide jufqu'au cou ; de vivre féparé & éloigné des autres hommes.

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Pendant la Semaine Sainte les Abiffins ne fe faluent point, & les plus confidérables font vétus de noir, ou de bleu. Ils n'allument point non plus de chandelles dans leurs Eglifes. Le Jeudi Saint ils lavent les piés des pauvres. Le Vendredi Saint ils fe donnent la difcipline à coups de verges. Enfin il y a parmi eux plufieurs autres telles mortifications & dévotions. volontaires, qui procédent de leurs creu fes imaginations.

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L'Empereur David aiant oüi parler des exploits de Guerre des Portugais, qui fe rendoient maîtres déplufieurs païs vor fins des fiens, & apris qu'ils étoient Chrétiens, envoia des Ambaffadeurs à Alphonfe Albuquerque Vice- roi des Indes, pour faire alliance avec le Roi Emanuël. Son Ambaffadeur & fes lettres furent envoiez en Portugal, d'où l'Ambaffadeur ne retourna que dix ans après, -emportant avec lui un Traité de paix & d'alliance perpetuelle entre les deux Mo

narques.

Le Roi de Portugal, à son tour, lui envoia deux Ambaffadeurs nommez Ro

drigo de Lima & Francifco d'Alvarez, qui'
ne retournérent que fix ans aprés, favoir
lan
15 28. amenant un autre Ambaffadeur
nommé Sagafaba, qui porta des lettres au
Roi de Portugal & au Pape. Elles furent
prefentées à Clément VII. à Bologne au
couronnement de Charles V.

Cette Ambaffade donna lieu au Roi dé Portugal & au Pape, d'entreprendre d'unir cette Eglife à l'Eglife de Rome. Pour cet effet, ils y envoiérent quelques Ecclé⚫fiaftiques; mais la chofe n'a pu réülfir.

Le Pape y envora 13. Jefuites, dont Jean Mugnez devoit être Patriarche, Melchior Carnea & André Ovieda Evêques, avec les titres de Nicée & de Hérapoli. Le Roi Jean les pourvût de tout ce qui leur étoit néceffaire pour leur voiage, & de prefens pour l'Empereur des Abiffins.

On y avoit déja auparavant envoie de Goa, comme pour fraier le chemin, Jaques Dias & Gonfalve Rodrigo. Cependant toutes ces tentatives furent inutiles. Le peuple les reçût mal, & les traita encore plus mal, fi-bien que la plupart y périrent dans une grande mifére..

Reprenons maintenant la fuite de nô tre Relation. Le 20. d'Août 1608. l'A miral étant defcendu à terre avec 100? hommes, brûla un bourg, dont les ha

bitans s'en étoient furs. Le Lion Rouge re-. vint à la rade, & raporta que la nuit le yacht l'Aigle étoit entré en action avec un vaifleau Portugais, & qu'il les avoit tous deux perdus de vuë.

Le matin du 21. on vit revenir les trois yachts avec une prife, qui étoit un galion de Guerre de la capacité de 46 o. tonneaux, nommé le Bon Jefus, qui portoit 10. canons de fonte, zo. barils de poudre, des boulets à proportion, roo. moufquets, des demi piques & d'autres armes, 180. hommes, la plupart Gallegos, qui font de pauvres foldats. Le Capitaine fe nommoit Francifco Sodrópereira, Heidalgo del Rey, qui fit peu de réfistance; car à la troifiéme décharge un de fes gens aiant eu le bras emporté, les autres perdirent courage & fe rendirent.

L'équipage fut diftribué fur la flote, & F'on envoia, pour naviger la prife, 60. Hollandois, fous la conduite de Jean Mo lenaar, fecond Pilote du yacht le Griffon, qui y fut établi Maître. La flote Portugaife, en partant de Lisbonne, étoit compofée de 14. vaiffeaux, favoir huit grandes carraques, avec fix galions, & ame noit le Vice-roi de Goa. Mais la tempête avoit fait écarter les vaiffeaux les uns des autres aux Ifles Canaries.

Le 22. l'Amiral fit mettre les prison→

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