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lui obeïr, &c. de l'affifter & lui prêter la " main, tant dans ce qui regarde l'admini- " ftration de la juftice, qu'en ce qui con- " cerne le commerce. Fait aut Fort Jaccatra le 14. Juin 16 20. Signé, Coen, & " par ordonnance du Général, Theys Cor- " nelifz Vleys-houwer Secretaire.

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Le 6. de Juin 1620. je partis en qualité de Chef & Directeur des comptoirs d'Arabie, de Perfe, & des Indes, & de Commandant du navire les Armes de Zélande, pour aller dans la mer Rouge; & le 22. d'Août je pris terre à la Ville d'Aden. Nous voïons fouvent en cette mer, l'eau bouillonner, & s'élever auffi & s'élever auffi rouge que du fang, ce qui étoit caufé par la rapidité des torrens, des ravines, & la quantité d'eau qui y rouloit des terres. Quand on en puifoit, on y trouvoit au fond beaucoup de fable rouge; ce qui donne lieu. de croire que c'eft de-là que cette mer a pris fon nom.

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Comme l'Aga reçût fort bien les gens, que j'envoiai à terre avec un Interprête, j'y allai auffi le lendemain, portant une! lettre de recommandation du Soudan pour for Gouverneur en ce païs-là. It me promit auffi-tôt de me faire donner, une maifon.

Enfuite j'affemblai le Confeil, ou aïant remontré que la mouffon pour aller à Sura

te, étoit prête à finir, & que felon les aparences, il fe pafferoit beaucoup de tems avant qu'on pût arriverà la Mocha : ce qui feroit perdre l'ocafion du voiage de Suratte: il fut réfolu que le Commis Herman van Gil débarqueroit avec une partie des marchandises, pour fe rembarquer à la pre miére ocafion, fur des vaiffeaux Arabes qui le meneroient à la Mocha, fuivant le deffein qu'on avoit;& que cependant je partirois en diligence, pour aller à Suratte, prendre poffeffion de ma direction fur le commerce d'Arabie, de Perfe & des Indes..

Ainfi van Gil, un Sous-commis, 2. Affifrans & 2. Matelots, furent à terre, avec le fonds qui leur fut mis entre les mains; & après que je les cus recommandez au Gouverneur, je remis à la voile le zo. d'Août 162.0. & allai relâcher à l'Ile de Soccotora, où se trouve le meilleur aloë qui foit au monde..

Jean van der Duffen Sous-commis, étant allé dans l'Ifle y fut bien reçû, parce qu'il y remena l'équipage d'un des vaiffeaux du Roi,qui avoit fait naufrage à Monte- Felix.

Nôtre chaloupe étant revenue à bord avec des rafraîchiffemens, je la renvoiai auffi-tôt. On y eut en troc une partie de bon aloe, un bœuf, 24. brebis, 2. pots de beurre, & quantité de dattes féches; mais Les habitans ne voulurent pas laiffer en

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trer nos gens dans la Ville, & comme il fit du gros tems, & que leur chaloupe chassa sur fon grapin, ils furent obligez de revenir à bord, & nous fimes voiles à Suratte.

Cette Ile de Soccotora gît par les 12. dégrés 30. minutes, par le travers de l'embouchure de la mer Rouge, & eft fort fertile. Elle eft fous la domination du Roi de Gatfini, qui fe nommoit alors Sultan Amer.

Le 27. nous vimes floter des ferpens, ce qui eft une marque qu'on n'eft pas loin de la côte des Indes. Nous trouvâmes fond fur 5o. braffes, puris fur 40.30. 20. & enfin fur 5. braffes.

Le 1.d'Octobre 1620. nous moüillâmes l'ancre à l'embouchure de la riviére de Suratte, fur 5. braffes. J'envoiai une chaloupe remonter la riviére, pour demander un Lamaneur au comptoir. Sur la brune, l'eau ajant beaucoup baiffé, le vaiffeau toucha & fut en péril : mais le montant le remit à flot.

Je débarquai le 4. & fus fort bien reçu du Gouverneur & des habitans. Après avoir pris poffeffion de mon emploi, j'allai à Brochia, à Camdaïa, à Amadabat, vi fiter les comptoirs que j'y avois déja auparavant établis. Tous les Seigneurs de ces païs-là me firent des careffes, & le Gouverneur me fit préfent d'un bon cheval. Ils me menérent à la chaffe aux

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cerfs & aux liévres. Ils chaffent le cerf avec des léopards, & les liévres avec des chiens. Nous en prîmes plufieurs des uns & des autres.

Le 20. de Novembre 16 20. je renvoiai mon vaiffeau les Armes de Zélande à Batavia. Enfuite j'ordonnai le Commis Wouter Heute pour Chef du commerce à la Cour d'Agra, où je l'envoiai réfider auprés du Mogol.

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Le de Février 16 21 une frégate nommée la Bonne Fortune, que j'avois fait conftruire à Gandivi, vint ancrer à la rade: de Suratte: ce qui donna beaucoup de jaloufie aux Anglois & aux Maures. Le 7. d'Avril je l'envoiai à Batavia, avec une très-petite cargaifon..

Le 26. de Juin je vis un petit ferpent qui avoit deux têtes aux deux bouts de fon corps, & qui alloit un mois entier d'un cô té où il étoit conduit par l'une de fes têtes, & l'autre mois, il étoit conduit par l'autre.

Le 1 2. de Septembre la mouffon commença de changer, & les vents fouflérent du Nord. Nous vîmes paffer un de ces orages fubits que les Maures nomment Elé fant, qui font comme un Ouragan. Il ne dura qu'une demi heure. Le 1. d'Octobre,. 6. vaiffeaux qui venoient d'Angleterre, terrirent à Suratte.

Le 20. nôtre vaiffeau Samfon qui venoit de la Mocha, où il avoit laiffé le yacht

Weefp, y territ auffi. Quoi-que j'euffe donné des paffeports, il s'étoit rendu maître, fur la route, d'un petit bâtiment de Cadts, place fous la domination du Grand Mogol, & l'avoit coulé bas, après l'avoir -pillé. Il en avoit encore pris deux autres de Cananor, Ville de l'Empereur de Calicut, fur la côte des Indes, dont il avoit enlevé zooo.ducats & quatre femmes; & un quatriéme qui venoit d'Helick,fur la côte d'Ethiopie, dont il avoit enlevé un partie d'or en barre, des dents d'éléphans, & d'autres marchandifes de moindre conféquence & l'avoit auffi coulé à fond.

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Outre cela il avoit pris deux bâtimens richement chargez, de Dabul, ou Daboul, dont une partie des équipages avoit été mife à terre, fur la côte d'Arabie & le vaiffeau en avoit amené près de 100.hommes. Le reste avoit été envoié à Batavia, fous la conduite d'un petit nombre de nos gens. Ces hoftilités animérent extrémement les Maures, & expoférent à un grand péril le fonds de la Compagnie dans les Etats du Mogol, qui montoit à plus de fix tonnes d'or. Mais enfin heureufement je me tirai de ce mauvais pas, malgré les éforts que les Anglois firent pour nous perdre. Car ils firent dirent à la Cour qu'on voioit prefentement la vérité de ce qu'ils avoient avancé, & qu'on pouvoit con

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