Imágenes de páginas
PDF
EPUB

noître par expérience fi nous étions dè vrais Marchands, ou des voleurs & des pirates.

> avec un

Le to. de Février, je renvoia à Batavia le Samfon richement chargé de marchandifes pour le. Sud & pour l'Europe. Enfuite je m'en allai à cheval nombre de mes gens, confirmer & établir des comptoirs pour la Compagnie, à Brochio, à Boodra, à Sirches, à Amadabat, & à Cambaie. Comme j'étois prêt à partir, un Docteur Maure, de mes amis, vint me dire; Ce n'eft pas aujourd'hui pour vous un jour heureux, gardez-vous d'entreprendre ce voiage, & atendez jufqu'à demain, car je trouve qu'il vous eir prendra mal, fi vous vous mettez aujour d'hui en chemin.

+

Je méprifai cet avis, & aiant monté à cheval je fus coucher à Brochia, Ville murée & bien peuplée, où les Anglois achetoient dépuis long-tems des toiles de coton. Le Duc Hamet Gaan, Commandant de 3000.chevaux, & Gouverneur du lieu m'y reçût bien. De-là j'allai à Boodra Ville du païs des Bonjanes, auffìmurée, & dont le Gouverneur, qui étoit Colonel de zooo. chevaux, me reçut auffi bien..

Enfuite j'allai à Amadabat, paffant le long d'une ancienne Ville ruïnée, qui fe nommoit Mandabat, où les Rois de Gufu

ratte tenoient autrefois leur Cour. Mais quand le Mogol eut conquis ce Roïaume, il la fit rafer.

La Ville d'Amadabat eft belle, murée & bien peuplée. Le Duc Roftom Gaan, Commandant de 5ooo. chevaux, y tient fa Cour, pour le Mogol qu'il reprefente & c'est lui qui expédie toutes les afaires du Roïaume. Il me reçût bien, & les habitans fuivirent fon exemple. J'y établis un comptoir, puis j'en partis, & un cheval dont le Sous-commis qui le montoit étoit tombé à terre & que perfonne n'ofoit prendre, me rompit plufieurs dents; facheufe avanture pour moi, qui me fit reffouvenir de la prophétie du DocteurMaure.

Nous allâmes paffer à Sirches, petite Ville, où fe fait l'indigo. Nous vîmes un admirable tombeau d'un Roi de Gufuratte. Le lendemain nous arrivâmes à Cambaie, belle Ville, murée & fort bien peuplée, fituée fur une riviére qui porte le même nom. Il y demeure un grand nombre de riches Marchands Benjanes. Les Portugais en fréquentoient autrefois le Port avec leurs frégates; mais maintenant leur commerce y eft anéati.

[ocr errors]

Un vieux Marchand Benjane, qui fe difoit âgé de 180. ans, vint me trouver, avec fon fils, qui fe difoit avoir 160. ans. Mais autant que nous le pûmes compren

dre, ils comptent les années par les Lunes; deforte que fur 180. ans, cela feroit une diférence d'environ 1 2. ans d'avec nôtre maniére de compter.

Lorfque j'eus expédié mes afaires, je paffai la riviére de Cambaie, pendant que I'eau étoit au plus-bas, pour retourner à Suratte. Car pour traverser cette riviére il faut prendre le tems de l'ébe, la marée montant & defcendant ordinairement de cinq braffes. Tous les ans il y périt des gens qui ne font pas affez exacts à obfer ver le tems des mouvemens de l'eau. Comme les habitans de ce païs-là ont oüi pare ler d'Alexandre le Grand, & qu'on trou ve que la mémoire s'en eft perpétuée parmi eux, je croirois facilement que ce fur ce fleuve qu'il ne pût traverser avec fon armée.

Après 25. journées de voiage je me rendis à la loge de Suratte. Le même jour nôtre caffila, ou Caravane, y arriva d'Agra. Elle étoit de 300. chameaux chargez, dont je fis inceffamment porter la charge à bord, & je l'envoiai à Batavia, en compagnie de la frégate Suratte, que j'avois nouvellement fait conftruire.

Le 29. d'Avril 1622. un des vaiffeau de l'Empereur, nommé Tocoli, venant de la Mocha, prit terre à Suratte. Il y avoit parmi fa cargaifon plus de 2.50000.

roupies, de 24. fols la piéce; la plus grande partie pour les Marchands d'Ammadabat, de Camboie, de Suratte, & d'autres lieux.

Le même jour nous aprêmes, que le Sultan Chrom, troifiéme fils du Grand Mogol, avoit fait étrangler de nuit, par fes efclaves, fon frère aîné qui devoit monter fur le trône après la mort de Empereur leur pére..

Le 4. d'Octobre 16 2 2. l'Amiral Jaques Dedel, aiant paffé près de Mofambique avec de gros vaiffeaux bien armez, yaiant détruit trois grandes carraques Portugaifes, à quoi quelques Anglois lui avoient aidé, vint terrir à Suratte.

Le 1 o. une femme Gentive fe brûla toute vive, avec le corps mort de fon mari, proche de Suratte, en fa petite maifon qui n'étoit que de paille. Ce fut elle qui prit la chandelle à la main, pour y mettre le feu.

Le 4. de Décembre 1622. les yachats Heufden & Veefp, vinrent de Batavia bien chargez. J'envoiai le Weefp & la frégate Mocha, que j'avois auffi fait conftruire de nouveau, joindre nôtre flote qui étoit devant Goa, & porter des lettres au Sieur Jaques Dedel. Enfuite j'y envoia auffi le Heufden avec une riche cargaison pour Batavia & pour la Hollande.

Le 15.de Février 16 23.nêtre caravane

vint d'Agra, aiant été 61. jours en marche. Elle aporta 358. paquets d'indigo.. Le 3. de Mars un Benjane qui n'avoit que 3.4. pouces de haut, vint me vifiter: il étoit bien fait en fa taille, & fes membres étoient bien proportionnez, Le 2. de Juin, je reçûs une lettre du Roi Sultan Amer de Chihirri, dans l'Arabie Heureufe, quis m'invitoit à retourner trafiquer dans fes. Etats, & me faifoit toutes fortes d'ofres: obligeantes.

Le 1. de*** 1623. le Schoonhove, dont le Commis fe nommoit Wollebrand Gellijnfz le jeune, vint terrir à Suratte, étant, le premier vaiffeau qui y foit venu de Hollande en droiture. Peu après le Heufden, qui revenoit de Perfe, y territ auffi. Il avoit laiffé en Perfe, par mon ordre, Huybert Vifnicht en qualité de Commis, avec un fonds pour trafiquer.

"

Le 12. La Paix & le Weefp vinrent de, Batavia, & aportérent beaucoup d'argent & de marchandifes. Puis on nous faifit tout ce que nous avions, & l'on nous, garda fort étroitement, parce que je ne voulois pas recevoir des mains des Anglois, deux bâtimens Maures qu'ils avoient. arrêtez, & nous demeurâmes en arrêt, fans rien faire, effuïant beaucoup de menaces, jufques à ce que nous cuffions acordé avec

eux.

« AnteriorContinuar »