niers Portugais dans l'Ile de S. Jago, & leur fit donner des vivres pour deux jours; mais il retint le Capitaine, le Maître, le Pilote, le Contre-maître, l'Ecrivain, avec un Flamand de Brugges, nommé Paul le Coutre, & deux Prêtres, à qui il ordonna d'écrire une lettre au Gouverneur de Mofambique, pour le prier de rendre les deferteurs qu'il avoit, faute dequoi ils feroient tous pendus. Le Gouverneur fit réponse qu'il les avoit envoiez à Goa, & qu'il étoit libre aux Hollandois d'en ufer avec leurs prifonniers comme il leur plai roit. La nuit du 23. l'Amiral fit tirer un coup de canon pour fignal d'appareiller, & quand le jour fut venu l'on mit à la voile, avec la prife, faifant route au Nordeft-quart-de-nord. Le même jour, le Confeil s'étant affemblé, il fut réfolu qu'on iroit à Goa, & qu'on porteroit au Nord-eft-quart-de-nord, jufques par les 9. degrés, & enfuite au Nord-nordeft, jufques par un degré de latitude Nord. Il fut auffi ordonné que chacun donneroit un memoire du pillage qu'il avoit fait, foit or, argent, ou autres chofes, pour être mis entre les mains de l'Amiral fur peine de punition corporelle pour ceux qui feroient en défaut. Enfin, il fut arrêté que fi la prife n'étoit pas en état de fuivre la flote, on la déchargeroit, & on la brûleroit. La nuit du 1 1. de Septembre 1608. le Delft & la prife le Bon Jefus s'étant abordez, la prife perdit fon couronnement & fa galerie, & fit eau en plufieurs endroits; ce qui obligea l'équipage de tirer un coup, & de mettre un feu pour fignal de péril. Le foir du 17. on trouva fond sur 30. braffes d'eau, & le 18. nous eûmes la vuë de Goa qui nous demeuroit au Nord. Vers le foir nous ancrâmes devant la barre fur quatorze braffes d'eau, fond mou, à une lieuë de l'Ifle, qui git par les 15. degrés 50. minutes. Nous étions affez proche de terre pour voir le nouveau Fort des Portugais. Le 1 1. on eût connoiffance qu'il y avoit une carraque à Carli, à 5. ou 6. lieues au Nord. Auffi-tôt on y envoia les yachts; mais les ennemis les voiant venir firent échouer la carraque au rivage, & la brû lérent jufqu'à fleur d'eau. Le même jour, il fut arrêté de détacher les vaiffeaux Middelbourg, Rotterdam, Hoorn, le Lion Rouge, & le yacht le Faucon, fous le commandement du Vice-amiral, pour ranger la côte au Sud, & y croifer fur les vaiffeaux Portugais, pendant le tems l'Amiral avec le refte de la flote feroit que devant Goa: & encore que van Driel iroit avec le Lion Rouge & le yacht le Faucony prendre terre à Calicut, & en qualité d'Ambafladeur faluër le Samorin, Empereur de Malabar, & lui donner avis de la venuë de la flote, auquel effet il feroit pourvû de Lettres de créances: que cependant le Vice-Amiral tiendroit la barre de Cochin fermée, pour ne manquer pas les vaiffeaux des Portugais, dont on étoit perfuadé que la flote étoit divifée. Le 20. l'Amiral quitta le bord des Prov vinces - Unies pour paffer fur le vaiffeau Hollande, qui étoit plus grand, plus con fidérable, & dont les apartemens étoient -plus fpacieux & plus commodes. Le 25. du même mois de Septembre, il fut ordonné à Jaques de Bitter d'aller avec les yachts l'Aigle & le Faucon fur la côte de Coromandel, prendre dans les comptoirs les toiles de coton qu'on auroit achetées, pour les porter aux Molu ques; de laiffer Pierre Gerrits Bourgo gne à Mafulipatan, avec un fonds raifonnable ; & de laiffer auffi Jean van Houten dans quelqu'une des Places voifines, au cas qu'on crût qu'il y eût du profit à faire.Pour mieux exécuter tous ces ordres, de Bitter reçut une grande Inftruction, laquelle il devoit fe conformer. Le 26.la prife le Bon fefus fut déchar gée & coulée à fond. Le 27. l'Amiral aprit de quelques habitans du continent qu'il étoit arrivé à Dubal 12. navires Portugais, & il fut réfolu dans le Confeil qu'encore que nôtre flote ne fût plus que de 8. vaiffeaux, on iroit pourtant les ataquer. Le 30. nous découvrîmes les Ifles Quimades, & lorfque nous fûmes par la hauteur des 36. degrés 25. minutes, nous eûmes un tems pluvieux, & des vents de Nord & de Nord-eft; deforte qu'on trouva qu'il étoit impoffible que de fi gros vaiffeaux puffent continuer leur route au Nord. Ainfi l'on prit le parti de courir au Sud, & de faire route vers Montedelli, pour fe rendre enfuite à Calicut.. Le long des Ifles Quimades nous trouvâmes feize braffes de profondeur. On nous aporta quantité de rafraîchiffemens, bananes, ananas, limons, fucre, gâteaux fucrez, miel, poules, veaux, bœufs, ris, concombres, noix de cocos, diverfes fortes de poiffons, &c. le tout à bon mar shé; mais il falloit paier en réales. Le 5. d'Octobre 1608. nous relâchames à Montedelli, & le 6. nous ancrâmes. proche de l'aiguade, fur fept braffes. Les chaloupes aiant été commandées pour aller faire de l'eau, on trouva les habitans en armes, qui neanmoins nous permirent d'en prendre,en paiant 4. piéces de 8. pour chaque vaiffeau. Ils nous fournirent auffi des rafraîchiffemens à bon prix. Les Marchands nous aportérent de l'amfion, & quelques chétives pierreries, rubis, agates, fpinelles', pour lefquelles ils vouloient qu'on leur donnât de l'or, de l'argent, du coral, de l'écarlate, qui étoient des marchandifes dont les vaiffeaux n'étoient pas trop bien pourvûs. Le païs eft fertile. Il produit de trèsbon poivre, mais non pas en quantité.. Les gens y font raifonnables,bien inftruits dans l'exercice des armes, & ils font curieux d'en avoir de belles. Ils font vifs,. 'mais foumis à leurs Souverains. Le foir du 8. d'Octobre, la flote jetta T'ancre à la rade de Calicut, où l'on trouvale Lion Rouge. Le 9. van Driel qui avoit été envoié au Samorin, raporta que ce Prince l'avoit bien reçû, & qu'il lui avoit dit que la venue de l'Amiral lui feroit fort agréable. Cependant un de fes Capitaines. & deux Arabes fe rendirent, de fa part, à bord de l'Amiral. Ce Capitaine étoit nud, hormis qu'il avoit une pièce de toile de coton, blanche & bien finie, tournée plafieurs fois autour de fon corps, & qui lui pendoit au-deffus des genoux; ce qui eft Phabillement des gens de conféquence Il avoit les cheveux longs, relevez noüez fur le haut de la tête, des ornemenss |