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chaffer fur ces deux bâtimens, qui furent pris & amenez le 11. fous le pavillon. Ils étoient chargez de foies crues, de ve lours, de damas, de confitures, de racinés de fina, de poivre, &c. Ils étoient chacun de la capacité d'environ 120.. tonneaux, portant 110. perfonnes, entre lesquelles il y avoit 40. Portugais, & trois Moines. Les autres étoient des Chinois & des Gufu rattes. Ils furent tous diftribuez fur nos vaiffeaux. Chacune des prifes étoit montée de fix piéces, tant canons de fonte que pierriers de fer. L'Amiral & le Vice-amiral allérent les faire décharger...

Le même jour, comme on vit un canot venir vers la flote, on envoia une petite cha loupe au-devant.. Le Maître y trouva un homme qui avoit les jambes liées, & qui ne pût dire autre chofe, finon que quel ques jours auparavant les frégates de Ma lacca avoient chaffé fur quelques fuftes où étoit le Commis de Johor que les fuftes étoient allées vers la côte qu'il y avoit été tué quelques gens de Johor, & que les

autres s'étoient fauvez dans les bois...

Peu de tems après, il vint quatre bantins à bord de l'Amiral, qui lui donnérent une lettre du Commis, qui étoit à 4lieues de Malacca, & qui demandoit quelques chaloupes pour aller le dégager, parce que les frégates croifoient fur lui. Les

gens des bantins dirent que le Roi de Johor devoit venir à la flote dans deux ou trois jours.

Le 12. le yacht le Paon, alla chercher le Commis. Le même jour nous eûmes avis qu'il y avoit une grande jonque en charge à Maccau à la Chine, pour en partir pendant la prefente mouffon. Le Lion Rouge, le Griffon, & la chaloupe de l'Amfterdam, furent détachez pour aller l'atendre dans le détroit de Sincapura. L'après-midi le Paon amena le Commis de Johor à la flote. Il fe nommoit Abraham van den Broek, & avoit été Secretaire de l'Amiral Matelief.

Le 18.on obligea les trois Moines qu'on avoit pris, d'écrire à Malacca, pour demander à être échangez contre trois prifonniers qu'on avoit faits fur nous, & un fur l'Amiral Matelief, & la lettre fut envoiée par un Chinois. Sur le foir on reçût la réponse qui fut communiquée le 19. au Confeil. Elle portoit qu'on échangeroit les trois prifonniers pour les Moines mais qu'à l'égard du quatrième, on étoit en parole avec les Hollandois de Sunda, pour l'échanger avec un grand Fidalgos, qu'ils retenoient auffi prifonnier.Sur cette réponfe on convint de leur offrir quelqu'un des plus confidérables des autres prifonniers, parce qu'on craignoit qu'ils ne l'envoiaf fent en Espagne.

Enfin après plufieurs conteftations, on prit le parti de relâcher tous les prifonniers, parce que de les entretenir toûjours, f'auroit été une groffe charge, & de les tuer de fang froid, il n'y eût perfonne affez dur pour y confentir. De Molre, Hoen & Hertfing, aiant eu commiffion de. les emmener d'Ilha Grande où ils étoient, allérent les mettre à terre, au côté occidental de Malacca, & y atendirent ceux qu'on leur devoit renvoier de la Ville, qui revinrent auffi, & le tout fut éxécuté de bonne foi.

Tous nos vaiffeaux aiant fait de l'eau dans cette Ifle, on mit en délibération fr l'on ataqueroit la Ville de Malacca, des forces & de l'état de laquelle on étoit alors parfaitement informé. Tout le Confeil fit pour la négative; parce qu'il y avoit dans la Place Joo. hommes de troupes réglées, outre les Cafados, les valets, les Malais, & les autres gens de diverfes na tions, capables de porter les armes. D'ailleurs elle étoit très-bien pourvë de munitions de bouche & de Guerre, de mê me que de canon, y en aiant fur tout deux piéces des plus groffes qui fe faffent, qui portoient extrémement loin. Le Roi de Johor n'avoit pas des forces fufifantes, ni des gens affez aguerris, pour favorifer beaucoup le fiége par terre, les

chofes étant chez lui encore au même état qu'au tems de l'Amiral Matelief, & nous n'avions que goo. hommes de troupes de débarquement, qui ne faifoient pas la moitié de ce qu'il auroit fallu pour enfermer la Ville ful, oh, oh

On femit donc à la voile, & les de Janvier de l'an 1609. nous fumes à l'entrée du détroit de Sincapura, qui a fi pou de largeur, qu'il n'y paffe qu'un vaiffeau ala à la fois, & il faut que les vailleaux y pasfent comme en ligne. Le 4.1'Amiral & une partie de fon Confeil s'embarquérent dans les chaloupes pour aller à Batufabar fafuer le Roi de Johor.ge but huom

A deux lieues au-delà du détroit de Sincapura commence la riviére de Johor, à T'entrée de laquelle il y a deux petites éminences, ou petites Ifles, en forme de pains de fucre; dont l'une eft une fois plus grande que l'autre. L'une gît au Nord-nordeft de l'embouchure de la riviére, & l'au tre au Nord-eft. De l'autre côté de la riviere il y a un haut coteau, qui eft plus au Sud-oüeft..

Le 8. l'Amiral étant arrivé fur le riva

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les Elefans du Roi y furent envoiez, pour le prendre, fa fuite marchant à pié aprés lui. Quand il eut falué le Roi, & qu'il l'eût un peu entretenu, il fe retira pour fe repofer, parce qu'il étoit fatigué.

Le 29. on célébra une grande fête annuelle à Johor. L'Amiral s'y rendit pour voir le grand Roi Jean de Patuan aller en cérémonie au Pagode. Il étoit monté fur fon éléphant, & affis au milieu de deux Princes, dont celui qui étoit devant fe nommoit le Raia Sabrang, ou Sabrong. Ils étoient tous trois fuperbement vétus à leur mode, de même que toute la Cour qui les fuivoit.

Il y avoit auprés du Pagode un échafaut, fur lequel le Roi defcendit de deffus l'élé phant, & il entra enfuite dans le Pagode, d'où étant forti quelque tems aprés, il remonta fur l'éléphant, & s'en retourna au Palais. L'Amiral & fes gens marchant devant lui, & fes Trompettes faifant plufieurs fanfares. L'aprés-midi on alla lui offrir des prefens, & au Raïa Sabrang. Celui-ci prit l'Amiral par la main, & alla s'affeoir avec lui à une table fervie à la maniére Hollandoife, où l'on fit bonne chere.

Au milieu du repas on vit paroître deux jeunes filles qui danférent au fon d'un efpéce de tambour de bafque, & à la voix de quelques femmes qui chantoient. Toutes étranges que fuffent leurs danfes, elles étoient divertiflantes. Sur le foir l'Amiral & fa fuite furent reconduits à leurs loge mens, par plufieurs Officiers de la Cour.

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