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frappé & il vous guerira, il vous embraffera & il vous fera plus gagner que vous ne perdez. Que rien ne vous fépare de fon amour, non pas la mort du fils, non pas la mort du mari, non pas la vôtre, non pas la perfecution, non pas la calomnie non pas le deshonneur. Il ne regarde gueres les Princefles, il n'aime point la Principauté; il parle à une femme au bord du puits, il ne daigne pas répondre à un Roi, il va chez un Çentenier, & il ne va pas chez Abgare qui l'en fait fupplier, fi nous en croions quelques Auteurs. Mais quand une Princeffe eft affligée, alors il la trouve digne de fes yeux; & fil'affliction eft une conjectu re de falut pour les autres, c'eft une preuve, pour les Grands de la terre qui ont befoin de cette leçon pour fe fouvenir qu'ils font hommes, & qui leur fait voir la vanité de leur condition. Je fçai par la grace de Dieu que vous êtes bien détrompée; mais quand on eft toûjours parmi des poisons, il faut toûjours porter des contre poifons. Enfin un Chrétien n'eft point une perfonne heureufe, 'contente, loüée, reverée, à qui tout vient à fouhait: Tertullien dit que fa vie eft un apprentiffage du martyre. Il n'y a de beatitude que pour ceux qui pleurent: & les meres les plus heureufes du nouveau Teftament, font les meres des Innocens qu' un Tyran fait immoler à fes foupçons &

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à fa cruauté. Cette verité vous femblera un peu rude; mais enfin vous la goûterez. Je le demande à Dieu de tout mon cœur, & le prie de vous confoler, lui qui eft l'Auteur de toute confolation. Pour moi vous ne doutez pas que je ne fente vôtre mal & que je ne fois ; &c,

Le 18. Novembre 1639.

LETTRE XLVIII.

A Monfieur de Chaudebonne. Il le congra tule fur fa converfion, & l'exhorte

à continuer,

MONSIEUR,

Je fçai que ni comme le Monfieur de Chaudebonne du tems paffé, ni comme celui du tems prefent, vous ne m'aimez pas moins quoique je vous écrive fi peu, & que vous n'entrez en aucune défiance, ni de mon fou venir, ni de mon affection. Vous voïez que je vous parle bonnement, & que je ne me fers plus avec vous des termes du fiecle, aux maximes duquel vous avez renoncé. Qui les a bien connues, les a en grand mépris, & en grande horreur tout enfemble; mais quelle mifericorde de les avoir fuivies, & de les abhorrer? ô que cette grace deman

de une grande fidelité, & une humble réconnoiffance. Il faut marcher avec crainte, & comme fi on étoit au bord du precipice, il faut continuellement dire avec David; Seigneur vous avez rompa mes liens, je vous facrifierai une Hoftie de louange, & j'invoquerai continuellement vôtre Nom. Aïons en même tems pitié de ceux qui font encore engagez dans les filets, mais une pitié qui procede de la charité, & non pas de la com plaifance en nous-même, & de l'orgueil fecret de l'efprit. Profitons de leur erreur, & tâchons de leur profiter par nôtre exemple, fans leur vouloir donner des loix ; penfons que peut-être demain ils feront libres, & nous engagez comme auparavant dans les filets. Le monde en eft plein: il y en a pour ceux qui marchent dans les voies de Dieu pour ceux qui courent, & pour ceux qui volent. Il y a une fléche qui vole en plein jour pour les parfaits, & il faut avoir bonne veuë pour la découvrir; car la lumiere qui devroit ce me femble la faire voir, la cache & lui aide à penetrer fans bruit jufques au fonds du cœur, de forte qu'on fent la bleffure devant que de fentir le coup, & comme les plaies corporelles qui font faites par des armes extrêmement deliées font difficiles à guerir, à caufe qu'il n'y a que peu d'ouverture, de même les plaïes fpirituelles que fait l'amour propre dins les

cœurs

cœurs des perfonnes avancées dans la vertu étant préfque imperceptibles, font bien plus dangereufes que celles que fait la concupif cence groffiere & charnelle. Qui nous peut deffendre de ces traits mortels? la verité de Dieu, bouclier impenetrable. Et cette verité eft la difpofition de nôtre ame vers lui defintereffée, degagée de tout ce qui eft en nous, & hors de nous. Adorer Dieu en efprit & en verité, c'eft l'adorer parce qu'il eft adorable, c'est vouloir que tout ce qui eft en nous serve à fon adoration, que toutes chofes l'adorent, que tout foit à lui &. pour lui. Mais je ne m'apperçois pas que je m'engage dans un grand difcours & que je paffe deja les bornes d'une Lettre. Excufezmoi, s'il vous plaît, je fçai que je ne vous dis rien de nouveau, mais je fçai auffi que vous prenez plaifir à entendre & à lire les veritez que vous connoiffez & que vous pratiquez. Nôtre Seigneur Jefus Chrift, par lequel feul nous pouvons & devons adorer Dieu, repand de jour en jour dans vôtre cœur l'efprit de fa véritable adoration chré tienne. Je fuis en lui,

Le 3. Juillet 1641,

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A Meffieurs les Ecclefiaftiques de S. Lazarı. Dipofitions que doit avoir un Prêtre.

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Je prie nôtre Seigneur de vous donner fa fainte bencdiction. J'ai beaucoup de honte -& de regret, d'avoir laiffé paffer tant de tems, fans vous témoigner par mes Lettres, que je fuis toûjours lié avec vous par le lien qui ne peut être rompu,je veux dire, par dire,par -celui de la charité. Il ne fe paffe gueres de Mardis que je ne fonge auprofit que je ferois dans votre Affemblée, & que je n'accuse ma negligence durant mon féjour de Paris, y -aïant été fi peu affidû. La privation d'un fi grand bien m'en fait connoître la valeur, quand je n'en puis joüir, & quand il me feroit le plus neceffaire ; car en ce lieu, Ego -relictus fum folus. Vous avez l'abondance des fecours dont je fouffre une extrême difette, mais il faut fçavoir abonder & fouf. frir l'indigence, plût à Dieu que je le peuffe faire comme fon faint Apôtre, c'eft peutêtre mon amour propre, qui fait ces plaintes & qui cherche fes confolations. Tout ce qui eft tant foit peu rude, le bleffe mortel

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