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nous que nôtre Maître aille prendre poffeffion de la place qui lui appartient, & difons avec l'Epoufe, Fuiez, fuiez mon bien-aimé d'un pas plus leger que les Faons d'une Biche. Quoi qu'il nous quitte il ne nous abandonne & bien-tôt nous ferons confolez de l'abfence d'un Dieu, par un Dieu en l'avenement du faint Efprit. Une excellente difpofition pour bien recevoir l'un, eft de bien celebrer Afcenfion de l'autre, de benir le Pere éternel qui retire fon Fils dans fon fein, de benir le Fils qui s'éleve par fa propre vertu au deffus des Cieux, de monter avec lui; car où eft le Chef, là doivent être les membres. Nos corps demeureront ici, & nos cœurs le fuivront par leurs defirs & leurs afpirations, pour groffir la troupe des captifs qui l'accompagnent. Je fuis en lui.

A Vence ce 26. Mai. 1642.

LETTRE LXXI.

A Monfieur de Saint- Adrian. Qu'un Chanoine ne doit point fans raison quitter fon emplai pour fe retirer dans la folitude.

MONSIEUR,

J'ai apris avec beaucoup de joye de Monfeur l'Archiprêtre de Beziers, que vous avez

enfin refolu de fortir de vôtre folitude, pour venir rendre à vôtre Eglife le fervice que vous lui devez. En cette occafion je n'ai pû m'empêcher de rompre le filence que j'ai gardé avec vous depuis nôtre commune perte, puifque vous vous rapprochez du commerce des hommes, duquel vous vous étiez fi fort éloigné. Vous me permettrez de vous dire que j'avois trouvé vôtre retraite dans la continuation un peu étrange, & que mille fois j'ai pensé vous en écrire mes fentimens dans la confiance de nôtre ancienne amitié. Je rendois graces à notre Seigneur de vous avoir fait connoître la vanité des grandeurs de la terre en la mort d'une perfonne, qui étoit arrivée au comble de celles de fa condition, & en la chute de fa Famille. Votre douleur me paroiffoit bien digne de vôtre generofité, & je prenois part à la joie que vous goûtiez dans vôtre nouveau genre de vie; mais d'un autre côté je confiderois affez de faire le que ce n'eft pas bien, fi ce bien n'eft accompagné de ces circonftances neceffaires, que nos obligations doivent toujours prévaloir fur nos fentmens & nos humeurs & que vous volls: trouvez lié à un Benefice. C'eft en le fervant que N. Seigneur veut vous fanctifier, & non pas dans le repos de la folitude. La grace Chrétienne ne tire perfonne de fa condition, au contraire elle veut que l'on

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y demeure, & il y a un tres-grand peril d'en fortir pour fuivre les inclinations que la nature nous donne, ou que quelque rencontre dans la vie nous fait prendre. Or fi cela eft veritable des conditions qui nous expofent en quelque façon au danger du peché, & qui nous attachent à la terre & nous diffipent l'efprit, que devons nous juger de la condition Ecclefiaftique, qui eft route fainte de fa nature, dont toutes les fonctions tent à la fainteté, & qui nous oblige heureufement d'être appliquez à Dieu durant toute la journée. Cela eft encore plus veritable pour les Chanoines, dont la vie se pasfe prefque toute dans le Chœur à chanter les louanges de Dieu ; c'eft à dire à faire le métier des Anges. L'étude, les œuvres de charité, les converfations, vertueufes emportent ce qui reite de tems; enfin on eft obligé à l'innocence dans la profeffion où la Providence a daigné nous appeller. Quelle raifon donc pouvez-vous avoir de ne le pas faire, & qu'y devez-vous raifonnablement craindre ? Vous ne vous fentez pas digne d'avancer dans les Ordres facrez,direz-vous, il eft bon d'avoir cette pensée, & ce feroit une horrible arrogance de fe croire affez pur pour un Miniftere fi faint; mais vous vous y trouvez engagé, & il faut avec humilité pratiquer les vertus, & tâcher d'acquerir les difpofitions qu'il demande, fi

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non au degré de perfection qui feroit neceffaire , au moins felon nôtre fragilité. Saint François fe contenta d'être Diacre, je loüe la fainte apprehenfion, qu'il eut de la dignité Sacerdotale; mais blâmerons-nous tant de millions de Saints qui l'ont fanctifiée & choifie N'avez-vous pas deffein de vous facrifier tout entier à Dieu ? c'eft l'efprit de la Prêtrife que l'immolation de foi-même, alors on immole Jefus-Chrift pour autrui & pour foi. Quiconque travaille férieusement à bien faire cette oblation interieure, est dans la voïe de bien faire l'exterieure, & a fujer de fe confier en la bonté du Fils de Dieu, qui nous rend dignes Ministres en fon Teftament, & ne nous trouve pas tels. Enfin vous avez une Epoufe qui vous demande du fervice & de bons exemples pour vos Confréres. Il eft doux d'être aux pieds de Jefus Chrift avec Magdelaine; mais l'amour cherche la gloire du bien-aimé, & non pas fes propres confolations. Il eft tems que vous retiriez la lumiere de deffous le boiffeau & que vous faffiez part aux autres de ce que Vous avez apris dans l'Hermitage. Vous êtes, ce me femble, plus propre à la vie d'un Chanoine, qu'à celle d'un Solitaire, &. vous devez vous défier de l'inclination prefente que vous pouvez fentir à cette derniere. La melancholie tuë en chatouillant, & ce-que l'on croit être un mouvement de grace,

peut être un effet de cette humeur, que l'on ne dompte pas aifement, quand on lui a laiffe prendre empire dans l'ame. Je vous écris auffi confidemment que je vous parlois, quand une plus heureufe faifon nous faifoit rencontrer en même lieu. J'efpere que quelque favorable rencontre me donnera encore cette joïe quelque jour. Cependant je vous conjure de m'aimer, & de croire que je fuis.

A Tarafcon le 1. Juillet 1642.

LETTRE LXXII.

Ludovico Valefio Principi Prov. Pro-regi
Antonius Godeau E. G. S. P. D.
A LOUIS DUC D'ANGOULÊME.
Lettre de compliment.

Sci

Cio apud te Excellentiffime Princeps, inter arma, nec leges, nec Mufas filere ; has enim in quarum finu educatus fuifti, itinerum,laborumque individuas comites femper adhibes. Fidenter igitur mitto ad te Paftorale carmen, cujus argumentum voluptatem, mæftitiamque tibi allaturum non du bito. Deflet enim immaturum obitum Eminentiffimi viri, cum quo fummam neceffitudinem habebas. Dignus fanè quem tu & om

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