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& pour les Epoux, dans le filence & la retraite de leur folitude, tandis qu'eux font dans le champ de bataille & aux mains contre les ennemis. Je fuis bien-aife

que Mon

fieur *** vous rende quelque fervice, il eft plutôt mon Maître que mon difciple, & il ne faut nullement croire fur les chofes qu'il vous pourra dire de moi ; car l'amitié l'aveugle, & lui fait faire de grandes hy perboles fur mon fujet. Je ne fuis qu'un trés-miferable pecheur & trés-digne de pitié. Demandez donc à nôtre Seigneur qu'il me change, & qu'il me rende tout-à-fait fien J'ai,ce me femble,quelque envie d'être à lui," mais je n'ai que des fouhaits fort imparfaits, & je me trouve toûjours moi-même à moi-même & en moi-même, ce qui eft une grande mifere. Je fuis de tout mon cœur ma trés-chere fille,

Votre trés-affectionné ferviteur
Antoine Evêque de Vence.

Le 3. Janvier 1665.

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Je vous ai deja dit mes fentimens fur le deffein dont vôtre derniere Lettre me parle.

Vous ajoûtez une circonftance qui est bien delicate, que le faint Enfant vous l'a lui-même dicté. Je ne veux ni ne dois rien dire fur un fait que j'ignore, qui peut être une verité, mais auffi qui peut être une illufion, ou un effet de vôtre imagination vive, échauffée, & remplie de vôtre deffein. Nous n'avons en toute l'Hiftoire Ecclefiaftique d'autre exemple que celui de fainte Brigitte qui reçût fa Regle du Sauveur, & celui de S. Pacôme qui la reçût d'un Ange. Les autres Fondateurs des Ordres qui font dans l'Eglife onr dicté leurs Regles par l'infpiration de l'efprit de Dieu, que l'Eglife a approuvées, Jugez vous-même fi vous n'avez pas fujet de vous défier de vôtre vifion : mais fi elle eft telle que vous dites, le ftile le fera connoître, & l'efprit du faint Enfant en animera la lecture, & infpirera au Pape à qui il appartient d'en juger, ou aux Evêques à qui vous comuniquerez cet écrit, l'approbation qu'il doit avoir. Pour moi, comme un grand pecheur que je fuis, je me repute , je me repute trés-indigne d'en porter mon jugement, je me conduis par l'efprit de la foi & de l'Eglife, & je m'arrête à la regle de faint Pierre qui parlant de fa vifion fur la montagne de Thabor qui étoit trés- veritable, ajoûte, Habemus firmiorem Propheticum fermonem cui benefacitis attendendo tanquam lucerna lucenti in caliginofe loco. A Paris toutes les perfonnes de

vores font d'ordinaire amoureufes de ces chofes extraordinaires, & principalement les femmes; mais ce font de mauvais juges, & il eft befoin en ces occafions de confulter des hommes fages & folides qui n'aillent pas vîte, & qui ne croient pas à tout efprit. Je vous écris fuivant mon peu de lumiere, & je demande à Dieu qu'il vous donné la fienne pour n'être pas trompé. Priez Dieu pour moi, je vous en conjure.

LETTRE CI.

A Monfieur l'Abbé *** Il lui confeille de fe retirer de Paris.

MONSIEUR

Je ne vous croirai loin de Paris que quand vous ferez à Lyon, Cette Babylone a des charmics étranges pour retenir ceux-là mê me qui n'y veulent pas demeurer & qui la haïffent. Mais fouvenez-vous que c'eft toû jours Babylone, quoique vous ne vouliez pas fuivre les mœurs de Babylone, ni être de fes citoïens. Elle prend quelquefois la forme de Jerufalem, elle nous en propofe les emplois ; mais il faut toûjours la craindre & revenir au lieu que nous a marqué la Providence & nôtre miniftere, qui eft le plus af furé. Ne fongez donc pas à vous engager

à des emplois ni pour un ni pour deux ans fongez à bien executer vôtre principal def fein que le diable veut empêcher par toutes fortes de moïens. Le faint Efprit deffendit à faint Paul de prêcher en Bithynie, & toutefois il y étoit fouhaitté, & il y avoit apparence qu'il y feroit du profit. Je me recommande à vos prieres.

T

Au même.

LETTRE CII.

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Il fe défie des onitions & des confolations divines, que cet Abbé prétendoit avoir.

MONSIEUR,

J'aimerois mieux que vous me fiffiez part de vos croix que de vos onctions & des carelles que vous recevez parce que ce premier étar eft le plus affuré, & le plus conforme à J. C.dont l'ame fainte a toûjours été dans la trifteffe qui s'accordoit avec la joïe de fa beatitude. Toutefois puifque notre Seigneur vous traite avec ces douceurs recevez les, mais fans vous y attacher en aucune façon & fans les goûter. Affligez-vous interieurement devant lui de n'être pas digne de participer à fon fiel & à fon vinaigre. Demandez - lui humblement ce partage, & ne vous confiez point en vous-même dans

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tet état. Au contraire tremblez toûjours, mais d'un tremblement falutaire, & qui vous faffe tenir fur vos gardes, fans vous inquiéter, ni vous troubler. C'eft une chose bien douce, que l'Enfant Jefus fe familiarife avec vous; mais il ne faut pas fe familiarifer avec lui il lui faut dire comme faint Pierre, & dans fon efprit, Recede à me Domine quia ego homo peccator fum. Il faut recevoir ce qu'il vous donne avec refpect, mais avoir toûjours la Croix en defir. Saint Paul parlant de fes revelations, dit qu'il ne parle pas comme un homme fage, & qu'il ne fe glo rifie que de fes tentations & de fa foibleffe. C'étoit un homme qui avoit été ravi dans le troifiéme Ciel, & qui ne pouvoit pas dou ter de la verité de fes vifions; cependant il ne s'y arrête point, & il fouffre en même tems la plus douloureufe Croix qui pouvoit le tourmenter. Je merecommande à vos prieres.

LETTRE CIII.

A Monfieur l'Abbé de Thomaffin. Suivre les ordres de la Providence.

MONSIEU

ONSIEUR,

Je reçûs la derniere Lettre que vous m'avez écrite en partant de Fréjus, je me rendrai à Aix à la mi- Septembre. Je

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