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puis dire avec faint Paul, Vado alligatus Spiritu in Jerufalem que mihi eventura funt, ignorans; Mais quoiqu'il arrive, Dieu en aura difpofé, & je m'y foumets de bon cœur. Il n'y a rien de fi doux que de fe laiffer conduire à la Providence, & d'accomplir du cœur, ce grand precepte, fequere Deum, au jour la journée, & fans inquié tude de l'avenir: hors de cela il n'y a point de tranquillité veritable. Nôtre prévoïance ne fait que nous troubler inutilement & nous détourner de ce que nous avons à faire. Enfin foïons bien à Dieu, & nous joüironsici d'un parfait repos. C'est le mot de faint Auguftin, ibi fit mens & hic erit requies. Je fuis de tout mon cœur.

LETTRE CIV.

Au même. Réflexions à l'occafion de la
fete de fon Patron.

MONSIEUR,

Je vous écris le jour de mon Patron, qui eft pour moi une fête de confufion & de crainte, car que ne vois-je en lui qui ne me condamne ? quelle innocence, & quelle penitence, & en moi combien de pechez & combien de delicateffe. Plaife au Sauveur me donner un peu de l'efprit de fa Croix &

de l'amour de fes abjections. Je crains toû jours qu'on ne vous embarque trop avant fur la mer de Paris

Où les jours les plus clairs font fujets aux orages, Et les plus douces mers aux plus triftes naufrages.

Priez Dieu pour moi, s'il vous plaît.

LETTRE CV. ̈

Au même Réflexions fur la fête de la Refur rection de Fefus - Christ.

MONSIEUR,

C'est demain le commencement du regne du Fils de Dieu; mais pour regner avec lui, il faut auparavant mourir avec lui. O que ce regne eft bien plus excellent plus excellent que cette

mort n'eft douloureufe! Celle-ci a des amertumes mêlées de delices, & celui-là aura des delices éternelles fans amertumes. Nous ne mourons qu'à l'homme d'Adam, à l'homme miferable, à l'homme pecheur, & nous vivrons en Jefus - Chrift l'homme nouveau, l'homme Dieu. Mourons donc volontiers & tâchons d'entrer dans les fentimens du grand Docteur de la mort Chrétienne: Mihi vivere Chriftus eft & mori lucrum. Je loüe Dieu que vous foïez foulagé de vos incommoditez, mais ne vous laiffez-pas empor

ter à vôtre ferveur; il n'y a qu'en la chari té où les excez foient loüables: dans les mortifications & les exercices qui font dans le fentiment, il les faut craindre,& quelque fois c'eft ou tentation, ou un amour propre. Je me recommande à vos prieres.

Ce 4. Avril.

LETTRE CVI.

Au même. Avis fur fon retour.

MONSIEUR,

Voici Pâques qui approche, & c'est le tems que vous avez pris pour vôtre retour. Je crois que ce ne fera pas avec tant de fatisfaction fenfible que vous en avez prefentement; mais vous voulez être tout Dieu, & moins on eft à lui par fentiment, plus y eft - on veritablement. Je dis fentiment le plus fpirituel, car c'eft celui dont il faut fe défier davantage. L'apparence du profit que nous faifons eft une tentation delicate, mais il n'y a point de fujet de craindre la tentation, quand nous faifons nôtre devoir aux lieux où la Providence nous l'a marqué : hors de là il faut craindre le bien que nous operons. Les Anges ne peuvent operer hors de la Sphere de leur

activité, & cette Sphere pour les Miniftres de l'Eglife eft leur Diocéfe, hors de laquelle ils peuvent veritablement bien operer mais auffi ne pas operer, ficut oportet. Vous fçavez que c'eft le grand mot de faint Auguftin. Je me recommande à vós facrifices.

Ce 10. Avril.

LETTRE CVII.

Au même. Avis fur les Prédications.

MONSIEUR,

Dieu nous veuille donner une année fainte, & ainfi elle fera bonne. Je le remercie des benedictions qu'il donne à vos Prédications; mais la plus grande qu'il vous peut donner eft de vous purifier de la complaifance & de l'amour propre qui eft un venin fi imperceptible que fouvent il occupe tout le cœur lorfque l'on croit qu'il en eft le plus exempt. Le Fils de Dieu avertit fes Apôtres de ne point fonger à ce qu'ils doivent dire, & les Prédicateurs aujourd'hui ne devroient point fonger à ce qu'ils ont dit, mais s'humilier beaucoup, & trembler quand on les louë d'avoir bien dit. Paris eft le lieu, où la sentence de faint Auguftin fe verifie davantage, que les veritez Chrétiennes s'ap

prennent plus furement qu'elles ne s'en feignent; & fi ce grand faint à tremblé en enfeignant avec reputation, que ne devons nous faire, nous qui fommes fi éloignez de fon humilité. Je suis tout à vous.

Ce 2. Janvier 1666.

LETTRE

CVIII.

Au même. Sainte réflexion d'un Evêque qui doit donner la Confirmation.

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Je ne puis partir avant la Pentecôte, car j'ai deffein de donner la Confirmation la deuxième fêre dans Vence. Mais hélas ! quelle entreprise de donner le faint Esprit aux autres,& n'en être pas rempli le premier. Or pour en être bien rempli il faudroit être bien vuide de foi-même. Saint Auguftin dit des Apôtres multum pleni, quia multum vacui. C'est à Jefus-Chrift à nous vuider de nous-même, &c'eft toute la grace que je lui demande & pour vous & pour moi. Je fuis de tour mon cœur.

Ce 4. Mai.

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