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l'Autel le Fils de Dieu au Pere Eternel vous lui offrirez Monfieur vôtre Pere. Cette oblation ne fe fera pas fans douleur mais elle rendra le Sacrifice plus pur & plus agreable. Quand on égorgeoit les victimes dans le Temple elles crioient & fe débattoient, & Dieu ne laiffoit pas de les recevoir. Je fuis de tout mon cœur.

Ce 11. Avril.

LETTRE CXIV.

A Monseigneur de Thomaffin Coadjuteur de Vence. La qualité de faint doit être jointe à celle de Monfeigneur ; ces noms connus de la terre ne font que baffeffe & mifere.

MONS

ONSEIGNEUR

,

Je fuis ravi de vous pouvoir donner maintenant cette qualité, & je prie Dieu qu'elle foit fuivie de celle de faint; car les Monfeigneurs de la terre, fans celle-là, ne font que baffeffe & que mifere. Je vous envoie une Lettre pour le Roi, dans laquelle vous êtes interreffe, & dont vous faites la meilleure partie. Avant que de revenir je vous confeille de faire une retraite à faint Lazare ou à faint Magloire, afin de vous remplir du feu de l'amour de Dieu, pour le repandre dans.

nos

nos cœurs, & particulierement dans le mien qui eft tout de glace. Je fuis tout à vous. Antoine Evêque de Vence.

LETTRE CXV.

Au même. Les Ecclefiaftiques doivent
renoncer à leurs parens.

MONSE

ONSEIGNEUR,

Je vous louë de la refolution que vous avez prise de vous faire facrer à Paris, & de n'avoir pas confideré la complaifance des parens, de laquelle il eft bon de faire un facrifice à Dieu en cette rencontre. Les Prêtres Evangeliques n'ont ni pere ni mere non plus que Melchifedech, & leur Sacerdoce ne peut être trop degagé des civilitez & des pratiques du monde, qui leur doit paroître excommunié. Je prie Dieu que dans vôtre Sacre il répande toutes fes benedictions, & qu'il vous faffe un homme nouveau.

LETTRE CXVI.

Au même. Prieres & préparation pour le Sacre.

M。

ONSEIGNEUR,
NSE

Tout le Diocese sera en prieres durant le

P

tems de votre Sacre, & j'efpere de la bon té de Dieu qu'il l'exaucera pour vous combler de fes benedictions, & pour vous amener en Provence où vôtre prefence fera bien neceffaire. Il faut fe preparer beaucoup de moïens pour refifter aux chagrins de vôtre folitude. Je vous en prepare un qui à mon avis ne vous fera pas defagreable

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car je loge mon Seminaire en un lieu fort beau & fort retiré, & je me propofe de m'y retirer & d'y achever ma courfe. In nidulo meo moriar. Je me recommande à vos prieres, & fuis tout à vous.

10 Janvier 1672.

LETTRE

CXVII,

A Monfieur Arnaud. Sentimens fur le Livre de Fenfenius.

MONSIEUR,

J'ai reçû deux de vos Lettres, avec deux prefens que j'eftime beaucoup, & qui mefont bien voir que le commerce que j'ai commencé avec vous m'apportera de grandes riches fes. Vous êtes la fource de celles que je prise davantage, & vous m'en devez faire part non feulement par liberalité, mais encore par charité, puis que je fuis pauvre & aban

donné dans ma folitude. Je ne ferai point groffir le nombre des fuffrages pour Monfeur l'Evêque d'Ypres, car je n'ai pas affez de fuffifance ni de reputation pour les rendre plus confiderables. Mais il me doit importer fort peu quel compte on fera de mon approbation pourvû que je rende à la verité le témoignage que je lui dois. Ceux qui ont l'efprit du monde combattent les maximes de faint Auguftin qui n'a fuivi que celles de l'Evangile qui lui font diametralement opposées. Ceux qui raifonnent felon le fens d Adam & de la vieille creature, trouvent des pierres d'achopement dans une doctrine qui détruit la vieilleffe de l'homme pecheur pour établir la nouvelle creation, & former en terre ce nouvel ordre de perfonnes qui ne vivent plus ni felon elles, ni par elles, ni en elles ni pour elles. Il feroit toutefois à fouhaitter que cette queftion ne s'échaufât pas. Car j'ai peur qu'il ne forre du haut de ces nuës plus de foudres que d'éclairs & que beaucoup en difputant de la grace ne la perdent & ne préjudicient à l'opinion par la maniere de la défendre. L'humilité eft la premiere & prefque l'unique difpofition neceffaire pour entendre ces propofitions qui épouvantent tant de perfonnes. Car qui croit n'êrre rien conçoit aisément que rien ne lui eft dû, & qu'il ne peut rien. Mais cette humilité n'eft pas moins neceffaire aux Maîtres

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qu'aux écoliers, pour éviter les aigreurs & les tranfports où nous jette le zele trop ardent de la verité quand nous en faifons nôtre affaire propre & particuliere, & & que l'Avocat fe rend partie interreffée. Mais c'est affez vous détourner de vos études. Je vous prie de m'aimer toûjours & de croire que je fuis, &c.

A Graffe ce 1. Mai 1642.

LET TRE

CXVIII.

A Monfieur de Thomaffin Préfident au Par lement de Provence. Confolation fur la mort de fon frere.

MONSIEUR,

J'ai trop de connoiffance de la force de votre efprit pour entreprendre de vous confoler fur la mort de Monfieur vôtre Frere. La nature vous rend fans doute cette perte fenfible en laquelle la France fe trouve intereffée auffi-bien que vous; puifqu'elle perd en lui une vertu extraordinaire, & une fuffifance pour la paix & pour la guerre, dont elle a peu de pareilles: mais la grace chrétienne vous affermit fans doute, & fçachant qu'il étoit plus à Dieu qu'à vous, je me perfuade que vous acquiefcés volontiers à l'or

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