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qui les leur ôte, ils le loüent & le beniffent en ces occafions. Car quelque petit que foit cet ufage, il ne peut jamais étre tel, que l'efprit de l'Evangile l'ordonne, & fur tout à ceux qui en leur Ordination ont pris le Seigneur pour leur lot, & pour leur heritage. Ils ne doivent pas renoncer aux fentimens, & bien moins aux devoirs de la nature. Mais le peché a corrompu cette nature, en toutes les loix, & le cœur humain ne fera jamais gueri de cette corruption, que par la mort. Quand donc la conduite de la Providence nous ôte des fujets d'attachement, qui paroiffent legitimes, elle nous fait fans doute une grace, dont nous fommes obligez de la remercier; il ne faut fans doute aimer que Jefus-Chrift. Mais que l'on eft heureux, quand on n'a plus autre chofe en la terre à aimer que JesusChrift! Je vous laiffe à fes pieds, & je vous prie de vous y fouvenir de moi, qui fuis en lui.

LETTRE CLI.

A Monfeigneur le Chancelier. Remerciement du Privilege qu'il lui avoit accordé.

Mo

ONSEIGNEUR,

Le Privilege que vous avez eu la bonté de m'accorder pour les Ouvrages qui ont de

ja été imprimez, & pour ceux que je compoferai à l'avenir, eft une Approbation bien glorieufe de mes travaux paffez, & tout enfemble une puiffante exhortation à travailler. La Providence m'a placé dans un Diocéfe de fi petite étendue, que les fonctions de ma charge me laiffent beaucoup de tems pour mes études. J'effaïe qu'elles foient utiles à l'Eglife, pour qui mon amour s'aug. mente tous les jours. Ne craignez donc pas, Monfeigneur, que j'abufe du Sceau, je le confidererai comme une chofe facrée, puis qu'il porte l'image du Roi, & comme-une marque de vôtre eftime & de vôtre affection, qui me font deux chofes extrêmement précieufes. Vous pourriez bien vous tromper en la premiere, mais j'ofe dire que vous me devez la feconde, fi c'est la meriter, que d'honorer vôtre vertu, comme je fais, d'avoir pour vous tous les refpects imaginables, de prendre part en tout ce qui vous touche, de vous fouhaiter toute la profperité dont vous êtes digne, de prier Dieu continuellement qu'il vous conferve encore long-tems à la France, que vous fervez fi glorieufement, & d'être avec une ardeur.

&c.

H

LETTRE CLII.

A Monfieur l'Abbé de Thomaffin. Lettre de faint Auguftin à Boniface admirablement belle. Compofition du Traité de morale.

MONSI

ONSIEUR,

Je ne vous estime pas feul dans le lieu où vous avez paffé quinze jours, puifque Vous y étiez avec faint Auguftin. Ileft vrai que l'Epître à Boniface eft admirablement belle, & qu'elle contient beaucoup de preceptes dont les grands de nôtre fiecle ne font plus capables. Il y a toujours eu de la malignité dans la grandeur & de l'oppofition à l'efprit de l'Evangile, mais maintenant il y en a plus que jamais, & il femble que comme le monde va à fa fin,celui qui eft dans l'élevation fait tous les efforts pour dominer avec plus de tyrannie, & pour étouffer les maximes du Chriftianifme & le regne de Jefus Christ, voïant qu'il s'approche. Que nous ferons heureux, mon cher Monfieur, fi nous nous trouvons du nombre des enfans de ce Roïaume qui y feront reçûs! Et non pas de ceux dont il eft dit, Filii regni ejiciuntur foras. J'ai veu la Lettre de Monfeur l'Abbé Fioc, les doutes qu'il forme font fort raifonables, & je croi que la veri

table difficulté, eft qu'il ne voudroit pas païer ma Bibliothéque ce qu'elle vaut, mais l'avoir pour rien; je n'ai point voulu marchander avec lui, & je lui ay dit tout d'un coup le dernier mot; ce n'eft pas que s'il vouloit faire quelque avance raifonnable, je ne rabatiffe auffi quelque chofe : mais à mon avis nous ne ferons rien. Je fuis tout

vous.

Depuis ma Lettre écrite, j'ai reçû vôtre dernière avec l'Hiftoire du Comte de Guiche, je vous renvoïe celle de Dona Olimpia, mais je vous demande le Livre de la Reftitution des Grands,qui me fervira beaucoup dans l'Ouvrage de la Morale, auquel je travaille maintenant. Priez Dieu s'il vous plaît qu'il me donne affez de force pour l'achever, car c'eft un grand deffein, & trés-laborieux pour un homme de mon âge.

Ce s. Mars 1667.

LET TRE CLIII.

A Monfieur l'Abbé de Thomaffin; commenť les Evêques doivent complimenter les Grands fur leur élevation aux dignitez.`

MONSIEUR,

Vous devez avoir reçû les deux Lettres

par lesquelles je vous mandois que j'ai le Livre de la Reftitution des Grands: puifque vous voulez avoir la bonté de remettre ma Lettre à M. le C. de Vendôme, je vous l'envoïe & je vous remercie de ce bon office, que vous me voulez rendre; mon compliment eft affez extraordinaire, & il eft plus Epifcopal que d'un bon Courtifan,aussi ne veux-je pas l'être, & je fuis trop vieux pour apprendre cette mauvaise langue, on ne la parle qu'en la Ville de Babylone dont les Chrétiens ne doivent pas être Citoïens, & où des chofes paroiffent bien grandes & bien élevées qui font trés-petites aux yeux des habitans de Jerufalem. Tâchons d'être de ce nombre, mon cher Monfieur, puifqu'il n'y a que Jerufalem qui foit la vie éternelle, & que la pompe de Babylone fera bien-tôt détruite. Je fuis tout à vous, & de tout mon

cœur.

Antoine Ev. de Vence.

A Vence ce 127 Fain. 1671.

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AMonfeigneur le Coadjuteur(l Abbé Thomaffin fon Neven) il lui recommande de faire faire fon Sacre fans pompe.

MONSEIGNEUR,

Je ne vous écrivis point la femaine paffée

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