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parce que je me trouvois un peu mal ; auffi.. bien n'avois - je rien à vous mander non plus qu'à cette heure. Il faudra que je fois bien incommodé, fi je ne me trouve à vôtre Sacre, & je ferois trés-mortifié qu'un autre vous donnât la Benediction. Il faudra faire cette Ceremonie non pas felon le fentiment du monde, & de Meffieurs vos Parens, qui voudront peut-être de la Pompe & de la magnificence, mais felon l'efprit Ecclefiaftique, qui demande l'humilité, & le repos en cette occafion. Pour vos ornemens il ne faut pas non plus affecter de les faire fort riches il fuffit qu'ils foient propres ; nous ne fom mes pas en une Ville de magnificence, & il vaut mieux que les pauvres fe fentent de vôtre charité, que l'Eglife & l'Autel materiel. Je prie Dieu qu'il vous beniffe, & je fuis tout à vous.

Vous recevrez peut-être par cet ordinaire, une Lettre & des Vers d'un nommé Roi; c'eft un garçon fimple, & qui n'eft pas trop fage, non plus que bon Poëte, fon pere l'entretient ici depuis feize-ans loin de fa Maison comme un imbecille. Vous pouvez donc le taiter avec un galimatias comme tel.

A Vence ce 9. Octobre 1671.

LETTRE CLV.

A Monseigneur le Coadjuteur. Un Evêque en fe faifant Sacrer doit étouffer toutes les confiderations de parenté.

MONSEIGNEUR,

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Je vois bien que vous ne pouvez être à Aix avant la Touffaints; Meffieurs vos Parens & vos amis auront fans doute une grande confolation d'affifter à vôtre Sacre; mais ce me femble, ce n'eft pas une raifon affez forte pour vous empêcher de vous faire Sacrer à Paris. C'eft une action fi impor

tante qu'elle ne se peut faire avec trop de recueillement, & à Aix vous ne pouvez éviter un grand embarras, & une grande diffipation; il faudroit que le tems fût bien mauvais pour m'empêcher de me mettre en chemin. Dans vôtre Sacre vous quitterez le nom de vôtre Famille pour prendre celui de vôtre Epouse. Cela vous doit apprendre à étouffer toutes les confiderations de la parenté, qui fongent plutôt à la vanité qu'à vôtre confolation; je dirai à Meffieurs du Chapitre ce que vous me mandez de l'affaire des Beneficiers, elle eft affurement trés-importante, & il faut bien prendre garde; car de tous côtez, je vois des inconveniens

que nos Meffieurs, ou ne prevoïent pas, ou dont ils ne fe foucient gueres.

J'ai acheté le Sol pour le Bâtiment des Peres de la Doctrine Chrétienne, il eft au plus bel endroit de Vence, il ne refte maintenant que de l'argent pour commencer. Il ne nous faudroit qu'un peu des roigrues de Verfailles. Mais il faut fe mettre à la conduite de la Providence ; Que dedit velle, dabit, & perficere. Adieu, mon trés-cher, je fuis tout à vous; pricz Dieu pour moi.

A Vence le 23. Octobre 1671.

LETTRE CLVI.

A Monfeigneur le Coadjuteur. D'une Requête à prefenter au Roi pour avoir des Com. miffaires pour la reforme des Chanoines de fa Cathédrale.

MONSE

ONSEIGNEUR,

Je vous envoie une Requête qui eft de grande importance, & que je vous prie de confiderer attentivement, pour juger s'il la faut prefenter, ou la fuprimer. Si le Roi la vouloit repondre favorablement, ce feroit une grande Piece, pour rétablir toutes chofes dans nôtre Eglife. Il faudroit demander pour Commiffaires Monfieur le Cardinal

Grimaldi, Monfieur l'Evêque de Marseille, Meffieurs d'André Confeillers au Parlement, & Monfieur le Président Galifet. La chose eft un peu extraordinaire; mais elle eft dans la justice, & dans l'ordre, & je veux efperer que le Roi qui a de fi bonnes intentions pour l'Eglife n'en fera point de difficulté ; nos Chanoines ne feront jamais rien qui vaille, que par l'authorité Souveraine : & à quoi peut-elle être mieux emploïée, qu'à la reforme de tant d'abus dans une Eglife Cathédrale ? Ce ne vous feroit pas une petite gloire d'avoir travaillé à ce retabliffement, mais ce vous feroit un grand sujet de merite devant Dieu, & une extrême confolation pour moi qui fuis tout à vous & qui me recommande à vos Prieres.

Je vous prie de fçavoir de Monfieur de Sainte Beuve fi la Sorbonne n'a point fait quelque Décret, contre les trois Contrats que le Pere Bauny à inferez dans la Somme, ou s'il n'y a point quelque Livre particulier qui les condamne.

Antoine Ev. de Vence,

A Vence le 17. Septembre 1671.

LETTRE

CLVII.

A Monfieur de Lionne ; fur la mort de sop pere Secretaire d'Eftat.

MONSIEUR,

La nouvelle de la mort de Monfieur votre pere ma mis en état d'avoir befoin de confolation pour moi-même,bien loin de me laiffer affez de liberté d'efprit pour vous en donner quelqu'une. Le Roi a perdu en lui un trés-grand Minifte, & un ferviteur trésutile par fa grande capacité, & fon intelli gence dans les affaires : mais les amis, au nombre defquels il me faifoit la grace de me compter,ont perdu un homme dont l'amitié étoit pour eux auffi agreable & glorieufe qu'utile; ma furprise à été grande & j'ai apris fa mort, auffi-tôt que la maladie; je:

lui ai rendu tout incontinent les devoirs que nous pouvons rendre à ceux que nous honorons, & que nous aimons, c'eftà dire, que j'ai offert à Dieu pour le repos de fon ame le facrifice de l'Autel, il nous demande ce fecours plutôt que nos regrets, & que nos larmes, qui ne font bonnes que pour foulager un peu nôtre douleur. Je n'ai garde de condamner les vôtres, la nature veut que vous en répandiez, & ce feroit être bar

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