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G. J. de joüir de ce Benefice, en demeuVossius. rant en Hollande. Ce Canonicat rapportoit à Voffius cent livres fterling par an, ce qui fuffifoit pour dédommager des pertes que les Gomariftes lui avoient caufées.

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La ville d'Amfterdam voulant en 1630. ériger une Academie, ou comme on l'appelle, une Ecole illuftre, jetta les yeux fur Voffius pour en être comme la pierre fondamentale. La ville de Leyde fe plaignit avec grand bruit de cette éreotion, qui bleffoit le privilege de fon Academie, laquelle lui avoit été accordée par préference aux autres Villes de Hollande, pour avoir foûtenu en 1574. un long fiege contre les Espagnols, & s'y oppofa le plus qu'elle put, tant pour cette raifon, que parce qu'on vouloit lui enlever Voffius. Mais la ville d'Amfterdam l'emporta enfin, & Voffius y alla en 1633. fuivant Valere André, prendre poffeffion d'une chaire de Profeffeur en Hiftoire.

Il est mort en cette Ville au commencement de l'an 1649. âgé de 72. ans. Ceux qui reculent sa mort à

l'année fuivante 1650. fe trompent G. J. sûrement; car parmi fes Lettres on Vossius. en trouve une de Samuel des Marets, Profeffeur en Theologie à Groningue, datée du 5. Avril 1649. & adreffée à la veuve de Voffius, pour la confoler de la mort de fon mari. On en a une nouvelle preuve dans une Lettre de Gui Patin à Charles Spon, datée du 14. Mai 1649. où il lui annonce fa mort.

Antoine Thyfus a fait fon Epitaphe, qui merite d'être rapportée

ici.

Hoc tumulo plorat pietas & candida

virtus,

Et luctu Pallas faxea diriguit. Invida mors ridet, ridet quoque Voffius illam,

Dum calamo mortem vincit & in-
genio.

On trouve fon caractere fort bien exprimé dans le parallele que les Journalistes de Trevoux (a) font entre lui & fon fils, & qui doit pour cette raifon avoir fa place

ici.

» Rien de plus oppofé que les [«] Janvier 1713. p. 178.

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LYD!

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» ment;

G. J. » caracteres du pere & du fils; rien Vossius. » de plus different que leurs efprits. » Dans le pere le jugement domi» noit, l'imagination dominoit dans » le fils; le pere travailloit lente»ment, le fils travailloit facilele pere fe défioit des con»jectures les mieux établies, le » fils n'aimoit que les conjectures >hardies; le pere formoit fes opi»nions fur ce qu'il lifoit, le fils » prenoit une opinion, & lifoit en» fuite; le pere s'attachoit à péné»trer la pensée des Auteurs qu'il » citoit, à ne leur rien impofer, & » les regardoit comme fes maîtres, le fils s'appliquoit à donner fes » propres pensées aux Auteurs qu'il n citoit, il ne fe picquoit pas d'une » fidelité exacte en les citant, il les » regardoit comme des efclaves » qu'il avoit droit de faire parler à »fon gré; le pere cherchoit à inf»truire, le fils à faire du bruit ; » la verité étoit le charme du pere, » la nouveauté étoit le charme du » fils. Dans le pere on admire une nérudition vafte, mais arrangée » avec tant d'ordre, exprimée avec

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tant de clarté, que tout s'entend, G. J. tout fe retient; on admire dans le VOSSIUS. fils un tour ébloüiffant, des pen» fées fingulieres, une vivacité qui »se foûtient toujours & qui plaît » toujours, même dans la plus mau» vaise cause. Le pere a fait de bons » Livres, le fils a fait des Livres cu»rieux. Leurs coeurs ont été auffi

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» differens que leurs efprits. Le pere,
» homme de probité, reglé dans fes
» mœurs, né par malheur dans la
»fecte Calvinifte, a eu toujours la
>> Religion en vûë dans fes études, il
» s'eft détrompé de beaucoup d'er-
»reurs, & il a approché de la foi,
autant que la raifon feule peut en
approcher. Le fils, libertin de
>> cœur & d'efprit, a regardé la
» Religion comme la matiere de
» fes triomphes, il ne l'a étudiée
» que pour en chercher le foible
» aveugle qui ne voyoit pas que la
gloire de la Religion eft de n'être
attaquée que par des efprits fu-
»perficiels. L'obfcenité de fes Re-
» marques fur Catulle, imprimées fur
» la fin de fa vie, a découvert un
autre principe de fon impieté.

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G. J.

Ajoûtons à ceci que Voffius n'é

VOSSIUS. toit parvenu à un fi haut degré de capacité & de fcience, que par une application affidue à l'étude. Avare de fon tems, il fçavoit mettre à profit les heures même de fes repas, & enlevoit à fon fommeil tout ce qu'il n'étoit pas indispensablement obligé de lui accorder. Quand fes amis venoient le voir, il ne leur donnoit jamais qu'un quart-d'heure, & l'on raconte (a) que Chriftophe Schrader, qui fçavoit fa coutume, l'ayant un jour vifité, & fe levant après le quart-d'heure pour s'en aller, Voffius le retint encore un autre quart-d'heure, après lequel il prit fon fablier, qu'il avoit toujours devant lui pour ne point fe tromper fur cet article, & le lui montrant, lui dit : Voyez combien je vous ai donné de tems.

Catalogue de fes Ouvrages.

Gerardi Joannis Voffii Opera in fex tomos divifa. Amftelodami, in - fol. 1695-1701.» Les Ouvrages de Vof»fius ne font pas du nombre de

(a) Paravicini fingul. de Eruditis a P. 182,

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