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partir, lorfque ce Prince, qui avoit G. TEM-
changé de deffein, lui témoigna PLE.
qu'il fouhaitoit que ce voyage fut
remis à la fin des feances du Parle
ment. Retenu ainfi en Angleterre,
il fut deputé au Parlement par l'U
niverfité de Cambrige. Il s'y oppofa
à ceux qui propofoient un Bill d'ex-
clufion pour le Duc d'York, affu¬
rant que fes travaux tendroient tou-
jours à unir la Famille Royale, &
qu'il ne fe joindroit jamais à ceux
qui voudroient la divifer.

Ce Parlement ayant été rompu,
le Chevalier Temple, qui parla de
cette rupture un peu trop hardi-
ment, s'attira quelques chagrins
qui le dégoûterent tellement des af
faires publiques, qu'il refufa les
offres de l'Univerfité, qui l'avoit
encore choisi pour le Parlement fui-
vant, que le Roi convoqua peu
après à Oxford. Il ne lui demeuroit
plus que le nom de Confeiller Pri-
vé; mais il ne lui demeura pas long-
tems: car le Duc d'Tork étant re-
venu à la Cour, dont il s'étoit éloi-
gné pendant quelque tems, & les
Confeils ayant été changez, le Roi

G. TEM-le fit effacer avec quelques autres de la lifte des Confeillers Privez.

PLE.

Depuis ce tems-là, il fe tint à Shene jufqu'en 1686. fans aller jamais à la Ville ni à la Cour, fe contentant feulement d'aller faluer le Roi, quand il paffoit dans fon voifinage.

Ayant enfuite acheté un petit Château appellé Moor-Park près de Farnham dans le Comté de Surrey, il prit tant de goût pour ce lieu, dont la fituation étoit charmante qu'il réfolut d'y aller paffer le refte de fes jours dans la tranquillité & le repos. Il s'y rendit au mois de Novembre 1686. & y demeura deux åns jufqu'au tems de la révolution, qui mit le Prince d'Orange fur le Thrône d'Angleterre ; car Moor-Park devenant alors un fejour peù sûr, parce qu'il étoit fur la route des deux armées, il retourna à sa maifon de Shene, qu'il avoit donnée à fon fils unique, qui s'étoit -marié avec Mademoiselle de Rambouillet, riche heritiere, & fille unique de M. du Pleffis, Proteftant François.

Après l'arrivée du Prince d'o- G. TEMrange à Windfor, il l'alla faluer PLE. avec fon fils. On le follicita alors d'accepter la Charge de Secretaire d'Etat, mais rien ne put ébranler la réfolution qu'il avoit formée de ne plus prendre de part aux affaires publiques, & pour n'être plus expofé aux follicitations qu'on lui pourroit faire, il fe hâta de fe retirer à Moor-Park vers la fin de l'année 1689. & s'y donna tout-àfait aux foins & aux amusemens de la campagne.

Il perdit fa femme en 1694. & vêcut encore après quatre années, fouffrant beaucoup de la goute, qui jointe à fon âge & à l'affoibliffement de fes efprits, l'emporta en 1698. au mois de Janvier en fa foixante-dixiéme année. Il fut enterré fans cérémonie dans l'Abbaye de Weftminster,auprès de fa femme & de Diane fa fille, ainfi qu'il l'avoit ordonné par fon teftament, où il marquoit de plus, qu'après fa mort & celle de la foeur Giflard, on placeroit contre la muraille voifine de leur fepulture une grande piece

G. TEM-de marbre noir avec cette infcrip

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Sibi fuifque chariffimis
Dianæ Temple dilectissima filia,
Dorothea Ofborn conjunctiffima
conjugi,

Et Martha Giffard optima forori
Hoc qualecumque monumentum
Poni curavit

Gulielmus Temple Baronettus. Ce monument fut placé felon fes intentions, après la mort de Madame Giffard en 1722.

C'étoit un homme d'une humeur vive & enjoüée, qui fçavoit mieux que perfonne animer & égayer la converfation par d'heureufes faillies. Mais la violence de fes paffions le rendoient extrêmement inégal. C'étoit fouvent une fuite des vapeurs cruelles qui l'attaquoient, foit dans les changemens foudains du tems, foit quand les affaires, dont il étoit chargé, prenoient tout à coup un mauvais tour, & qu'il voyoit renverfer fes deffeins..

Son amour pour la liberté lui faifoit hair la fervitude des Cours; c'eft pour cela qu'il n'a jamais voulu

d'autres emplois que celui de Mi- G. TEMniftre public.

Il avoit été amant paffionné. II fut enfuite mari tendre, pere careffant & indulgent, bon maître, & le meilleur ami du monde.

Quand il haïffoit les gens, c'étoit jufqu'au point de ne pouvoir les rencontrer fans fe troubler, ni parler avec eux fans chagrin. Difpofé à s'échauffer, lorfqu'il étoit obligé de difputer contre un homme, ou de fe plaindre de quelqu'un, il haïffoit les difputes & évitoit les plaintes. Ces dernieres, difoit-il peuvent fervir quelquefois entre amans, mais jamais entre amis.

Il faifoit toujours rouler la converfation fur des sujets agréables & divertiffans, principalement à table, dont il difoit que la mauvaise humeur ne devoit approcher. Il avoit l'art d'entretenir toutes fortes. de perfonnes, depuis les Princes jufqu'aux moindres domeftiques, & jufqu'aux enfans mêmes, dont il aimoit extrêmement le babil innocent. Il fçavoit tirer du plaifir de tout ce qui pouvoit en procurer,

PLE.

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