N. SAN chez lui, & de s'entretenir avec lui fur les ferences. Tous les grands Seigneurs le vifitoient de même, & prenoient de lui des leçons.

SON.

Lorfque le Roi Louis XIII. alla à Abbeville pendant le fiege des Villes de l'Artois en 1638. on choifit la maifon de M. Sanfon pour ce Prince; & comme l'on vou. loit défaire le cabinet de ce Geogra phe pour aggrandir l'appartement du Roi, le Roi ne le voulut pas, & s'en fit donner la clef. Il eut même la bonté, d'appeller M. Sanfon dans le Confeil d'Etat, pour le confulter fur les difficultez qui fe prefenterent, & où fes lumieres devinrent fort utiles. Mais ce grand homme n'a jamais voulu prendre la qualité de Confeiller d'Etat que le Roi lui avoit accordé par fon Bre vet, pour ne point diminuer, difoit-il, l'amour de l'étude dans fes enfans.

Son titre de Geographe Ordinaire du Roi, qui portoit auffi une penfion de deux mille livres, ayant été examiné & enregîtré à la Chambre des Comptes, cette Compagnie

fi exacte & fidélicate, qui connoif- N. SANfoit le merite du fieur Sanfon, neson, put s'empêcher d'applaudir à la gratification du Roi, & d'ajoûter que cette penfion même étoit trop modique.

Deux années de maladie ayant entierement extenué M. Sanfon, il mourut le 7. Juillet 1667. dans la foixante-feptiéme année de fon âge & la quarante-huitiéme année de fon mariage avec Damoifelle EliLabeth le Moitier. Il laiffa d'elle cinq enfans vivans, deux fils & trois filles. Les deux fils ont été Guillaume Sanfon & Adrien Sanfon, tous deux Geographes ordinaires du Roi. Les filles étoient Marie Sanfon, qui fut mariée avec M. Denis Guerin, Docteur Regent en Medecine de la Faculté de Paris; Françoise Sanfon, qui a été l'époufe de Pierre Moulart Sieur de Vifé-Marets, de qui eft né Pierre Moulart Sanfon, Geographe ordinaire du Roi; & Elizabeth Sanfon, qui eft morte fille.

Nicolas Sanfon fut inhumé dans la Chapelle baffe de faint Sulpice, où fon époufe, qui mourut trois ans

SON

N. SAN- après lui, fut auffi enterrée. Il fut regretté de tout le monde fçavant, dont il étoit eftimé & chéri. Son air gai & fon humeur fociable le faifoient aimer de tous ceux qui avoient occafion de le connoître perfonnellement ; fon merite, fa probité & fes vertus vraiment chrétiennes le faifoient même refpecter. Il fut vifité pendant fa vie de tout ce qu'il y avoit de grands Seigneurs à la Cour & de quantité de Princes Etrangers, & ceux-ci pendant fa maladie, demandoient à le voir feulement dans fon lit, difant, que s'ils retournoient dans leur Pays fans l'avoir vû, on les renvoyeroit.

Ses Ouvrages ont toujours été reçus du Public avec une approbation univerfelle. Ils fe font répandus par toute l'Europe, où ils font encore generalement eftimez. Le nom de ce celebre Geographe ne mourra jamais. On l'a toujours regardé comme le reftaurateur de la Geographie, & de fçavans hommes n'ont point fait difficulté de l'appeller communément dans leurs

Ecrits, le Prince des Geographes, N. SANfacile Princeps Geographorum fue ata- SON. tis. En effet, qu'étoit la Geographie avant lui? Elle n'avoit été traitée jufqu'à lui, dit l'un de fes fucceffeurs, (a) que fort confufément & fort imparfaitement. Ortelius avoit commencé à faire revivre la curiofité, & Mercator à lui don ner une fuite & la réduire en corps: Cluverius avoit eu deffein d'en don ner une Methode. Mais Nicolas Sanfon a été le premier qui l'ait mife par ordre, & qui l'ait rendue fi aifée & fi facile par fa belle Methode réduite en Tables, & par la nette diftinction des Etats obfervée dans fes Cartes, qu'elle eft prefentement à la portée de tout le monde. C'est enfin lui qui l'a portée à la perfec tion qui lui manquoit, & où elle eft enfin parvenue.

On a fi bien fenti la beauté & la perfection de fes Ouvrages, que dès qu'ils ont paru, on s'eft empreffé de toutes parts de les copier & de

(a) Introd. à la Geographie. Pref.

Amfterd. 1708.

SON.

N. SAN- les répandre le plus qu'il a été poffible; & non feulement de fon vivant, mais auffi depuis fa mort; & c'est ce qu'on fait encore de tous ceux que fes fils ont donnez depuis le decès de leur pere. Quelques-uns même jaloux de fa gloire, voulurent s'approprier differens de fes Ouvrages, en y retranchant fon nom & y fubftituant le leur; mais la fraude fut bientôt reconnue. D'autres y firent des changemens affez confiderables pour les degui fer; mais ces changemens, qui n'étoient pas heureux, furent apperçus & relevez. Tout cela ne peut fervir qu'à montrer en quelle eftime étoient fes Ouvrages.

C'eft auffi fous ce celebre Geogra phe que fe font formez les plus habiles que nous ayons vûs depuis lui, & qui tous ont été fes éleves, comme ont été fes fils & petits-fils, le fieur Duval, qui étoit fon neveu, le fieur Delifle le pere, & autres. Et Les Ouvrages ont été le fond fur lequel tous les autres ont travaillé.

Cet expofé fincere & hiftorique peut fervir de réponse fimple &