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A. C. arrivé à Ancone, qu'on l'arrêta priZALUSKI.fonnier; mais fa prifon ne dura que peu de tems, & on lui permit defe: rendre à Rome. Pendant fa détention, les chofes avoient bien changé de face en Pologne. Il fut relâché, & retourna l'année fuivante: 1707. triomphant dans fa Patrie.

La Cour étoit alors en Saxe. Za-luski y alla, felon toutes les apparences, pour tâcher d'obtenir la décharge des taxes qui avoient été impofées fur fon Evêché. On voulût lui perfuader de réfigner les Sceaux, & on lui offrit pour équivalent l'Archevêché de Gnefne & l'Am-baffade de Rome. Mais il tint ferme contre toutes les follicitations, & il -aima mieux fe voir ôter l'adminif tration de fa Charge & la donner à Jablonovuski, Woywode de Ruffie, que d'y renoncer de fon bon gré. Ce fut alors qu'il prit le parti de fe retirer dans fon Diocefe. Ilay refta jufqu'au retour du Roi Au gufte, qui le rétablit dans l'exer cice de fa Charge. Mais il n'en jouit pas long-tems; car la mort le furprit dans fon Diocefe le premier

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Mai 1711. Il étoit alors dans fa foixante-uniéme année.

On a de lui deux Ouvrages.

Le premier eft en Polonois, &. contient les Difcours qu'il avoit prononcé dans les Dietes & en d'autres occafions.

2. Epiftorico-familiares à morte Ludovica Regina & abdicatione Regis Johannis Cafimiri ufque ad noftra tempora continentes. Brunsberga 1709. 1711. in fol. 3. vol. Ces Lettres font très-curieufes, &.on y trouve une infinité de faits très-intereffansfur l'Hiftoire de la Pologne.

V. la Bibliotheque Germanique·
p. 167...

tome 18.

PIERRE RAMUS.

PIERR

A. C. ZALUSKI.

IERRE Ramus ou de la Ra- P. RAmée, naquit l'an 1515. dans un MUS. Village de Vermandois en Picardie, nommé Cuth. Son aycul, qui étoit d'une bonne famille du Pays de Liege, s'étoit retiré dans ces quar tiers-là, après avoir perdu tous fes biens, lorfque fa Patrie fut réduite

P. RA- en cendre par Charles Duc de Bour

MUS.

gogne. Le trifte état où il fe vit alors, l'obligea à gagner fa vie le refte de fes jours, à faire & à vendre du charbon. Il laiffa un fils, qui gagna la fienne à labourer, & qui fut le pere de celui dont il s'agit ici.

Pierre Ramus ne fut gueres plus heureux que fon pere & fon ayeul, car fa vie à été une alternative perpetuelle d'élevation & d'abaiffement, & il a été en toutes manieres le jouet de la fortune.

A peine étoit-il hors du berceau, qu'il fut attaqué deux fois de la pefte. A l'âge de huit ans l'envie d'apprendre le fit venir à Paris,mais la mifere l'ayant obligé d'en fortir, il у revint le plutôt qu'il put; & n'y trouvant point les moyens d'y fubfifter, il en partit une feconde fois, La mauvaife réuffite de ces deux voyages ne le découragerent pas cependant; fa paffion pour l'étude lui en fit entreprendre un troifiéme, qui fut plus heureux.

Il fut d'abord entretenu pendant quelques mois par un de fes oncles;

mais ce fecours lui ayant manqué, P. R il fut contraint d'être valet au Col- MUS, lege de Navarre. Le fervice qu'il rendoit à fon maître, ne l'empêchoit pas de s'appliquer à l'étude, car il y employoit une partie de la nuit, & y fit par ce moyen des progrez confiderables en peu de

tems.

Il n'y a aucune vraifemblance à ce qu'on lit dans le premier Scali gerana qu'il vêcut jufqu'à l'âge de dix-neuf ans fans fçavoir lire, qu'il avoit l'efprit hebêté, pefant & ftupide, & qu'il avoit trente ans lors qu'il écrivit contre Ariftote. Ce der nier fait eft inconteftablement faux.; car fon Livre contre Ariftote fut condamné après mille conteftations. le 10. Mai 1043. Or il n'avoit encore que vingt-huit ans.

Aprés fes études d'Humanitez & de Rhetorique, il fit fon cours de Philofophie, qui dura felon l'ufage de fon tems trois ans & demi. La Thefe qu'il foûtint pour fe faire recevoir Maître-ès-Arts, révolta bien du monde; il s'y propofa de foûtenir cette propofition, que Tout

P. RA ce qu' Ariftote avoit dit étoit faux.

MUS.

Tous les Profeffeurs, qui ne connoiffoient d'autre Philofophe qu'Ariftote, & qui croyoient qu'on ne pouvoit fans crime aller contre son autorité, prirent feu, & vinrent attaquer la These avec toute la force que leur habileté pouvoit leur fournir. Mais le Répondant repouffa pendant un jour entier leurs attaqués avec tant de fubtilité & d'adreffe, que tout Paris en fut dans l'étonnement.

Ce fuccès enhardit Ramus, & lui fit naître l'envie d'examiner plus à fond la doctrine d'Ariftote & de la combattre vigoureufement; il fe borna cependant à la Logique, à laquelle il rapporta toutes les lectu& même les Leçons d'Eloquence, qu'il commença alors à faire à la jeuneffe.

res,

Les deux premiers Livres qu'il publia fur cette matiere, cauferent: de grands troubles dans l'Univerfité de Paris. On le cita devant les Juges Criminels, comme un homme qui vouloit renverfer la Religion & les Sciences. Le Parlement voyant le

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