Imágenes de páginas
PDF
EPUB

B. DE ≫ obligé d'aller vifiter un pofte le SPINOSA. " jour que Spinofa devoit arriver, » & que le terme de fon paffe-port » expira avant que ce Prince fût » retourné à Utrecht, deforte qu'il » ne le vit point. « Mais il fe retracta dans l'édition fuivante, où il dit que s'étant informé plus » exactement de cette affaire, il » avoit appris que le Prince de

Condé fut de retour à Utrecht avant » que Spinofa en partît, & qu'il eft » très-vrai qu'il confera avec cet » Auteur. La vie de Spinofa écrite par Colerus, lui fit quelque tems après reprendre fon premier fentiment, comme il paroît par une de fes Lettres (Tome 3. p. 1081. de l'édition de M. Des-Maizeaux.) Colerus dit dans cet Ouvrage que l'Hôte & l'Hôteffe de Spinofa » l'avoient » affuré qu'à fon retour d'Utrecht, » il leur avoit dit pofitivement qu'il » n'avoit pû voir le Prince de Condé, » qui en étoit parti quelques jours » avant qu'il y arrivât. Bayle crut devoir déferer à une autorité fi pofitive, qui cependant n'eft pas tout-à-fait concluante, car il fe

peut bien faire que Spinofa, pour B. DE ôter tout fujet de foupçon & de SPINOSA. crainte à fon Hôte, ait jugé à pro

pos

de lui cacher la verité. M. Def Maizeaux, , pour éclaircir ce fait, a confulté M. Morelli, qui avoit connu Spinofa, & qui lui a fait cette réponse.

[ocr errors]

J'ai connu très- particuliere»ment M. Spinofa. Il m'a dit plus » d'une fois qu'étant à Utrecht avec» M. le Prince de Condé, ce Prince » après s'être entretenu avec lui, » lui fit de grandes inftances pour » l'engager de le fuivre à Paris, & » d'y refter auprès de fa perfonne; » ajoûtant qu'outre fa protection » fur laquelle il pouvoit compter, » il у auroit logement, bouche à » Cour & mille écus de penfion : à

"

[ocr errors]

quoi Spinofa répondit, qu'il fup» plioit fon Alteffe de confiderer » que tout fon pouvoir ne feroit » pas capable de le foûtenir [ contre » le zele de quelques-uns] d'autant » plus que fon nom étoit déja fort » décrié par le Traité Theologique s » Politique, & qu'il n'y auroit point de sûreté pour lui, ni de fatis

B. DE

» faction pour fon Alteffe.... Mais SPINOSA." qu'il étoit prêt d'accompagner » fon Alteffe dans les armées, pour » le délaffer, s'il en étoit capable, » de fes travaux guerriers. M. le » Prince goûta ces raisons & le re

» mercia.

» J'ai aussi confulté, ajoûte M. » Des-Maizeaux, M. Buissiere, cele»bre Chirurgien de Londres, qui » étoit alors à Utrecht en qualité » de Chirurgien de l'Hopital de » l'Armée : il m'a affuré qu'il avoit » vu plufieurs fois Spinofa entrer » dans l'appartement de M. le Prin» ce de Condé. Ainfi il n'y a plus » lieu de douter que ce Prince ne »fe foit effectivement entretenu » avec ce Philofophe. (Not. fur la Lettre 282. de Bayle.)

Le voyage de Spinofa à Utrecht penfa lui faire des affaires. On le foupçonna d'intelligence avec les ennemis de l'Etat, & fon Hôte voulut le faire fortir de chez lui dans la crainte de voir piller fa maison, mais il le raffura, & cette affaire n'eut point de fuite.

La même année 1673. l'Electeur
Palatin

Palatin Charles Louis ayant entendu B. DE parler avantageufement de fa capa- SPINOSA, cité, & ayant vû fon Ouvrage fur la Philofophie de Defcartes imprimé en 1663. mais ignorant le venin qu'il cachoit dans fon fein, voulut l'attirer à Heidelberg, pour y enfeigner la Philofophie, & donna ordre au Docteur Fabricius, Profefleur en Theologie, & l'un de fes Confeillers, de lui en faire la propofi

tion.

Fabricius lui écrivit donc le 16. Fevrier de cette année, & lui offrit au nom de fon Prince une chaire de Philofophie, avec une liberté trèsétendue de taifonner fuivant fes principes, comme it le jugeroit à propos, Philofophandi libertatem habebis ampliffimam. Mais à cette offre il joignit une condition, qui n'accommoda point Spinofa; ce fut qu'il n'abuferoit point de cette liberté au préjudice de la Religion établie par les Loix; quâ te ad publicè ftabilitam Religionem conturbandam non abufurum credit.

Spinofa vit bien l'impoffibilité où il étoit de raisonner fuivant fes prinTome XIII.

D

gagea

B. DE cipes, & de ne rien avancer en mê SPINOSA.me tems qui fût contraire à la Religion établie, & ce fut ce qui l'enà refuser le pofte qu'on lui offroit. Sa Lettre à Fabricius eft du 30. Mars 1673. Il lui mande que l'inftruction de la jeunesse feroit un obftacle à fes propres études, & que jamais il n'avoit eu la pensée d'embraffer une femblable profeffion. Mais ce n'étoit là qu'un prétexte, & il fait affez connoître la veritable raifon de fon refus, en ajoûtant: De plus, je fais reflexion, que vous ne me marquez point dans quelles bornes doit être renfermée cette liberté, pour ne pas choquer la Religion établie.

Ce qu'on trouve dans le Menagiana, to. 3. p. 30. fur le compte de Spinofa, n'eft qu'une fuite de fauffetez. On y fait parler ainsi M. Menage. » J'ai oui dire que Spinofa étoit >> mort de peur qu'il avoit eu d'être » mis à la Baftille. Il étoit venu en » France, attiré par deux perfon»nes de qualité, qui avoient envie » de le voir. M. de Pompone en fut » averti; & comme c'étoit un Mi>niftre fort zelé pour la Religion,

« AnteriorContinuar »