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»il ne jugea pas à propos de fouf- B. de »frir Spinofa en France, où il étoit SPINOSA » capable de faire bien du defordre, » & pour l'en empêcher, il réfolut » de le faire mettre à la Baftille. » Spinofa, qui en eut avis, fe fauva » en habit de Cordelier, mais je ne » garantis pas cette derniere cir» conftance. Ce qui eft certain, eft » que bien des perfonnes qui l'ont » vû, m'ont affuré qu'il étoit petit, " jaunâtre,qu'il avoit quelque chofe » de noir dans la phyfionomie, & » qu'il portoit fur fon vifage un ca»ractere de reprobation.

Ce dernier article eft vrai, fuivant Bayle, qui affure avoir entendu dire la même chofe à des perfonnes qui l'avoient vû. Pour ce qui eft de fon voyage en France, & des circonftances dont on l'a accompagné, il n'eft rien de plus faux. Il n'y a jamais mis le pied, quoique des perfonnes de diftinction ayent voulu l'y attirer. Sa mort ne doit donc pas être attribuée à la crainte d'être mis à la Baftille.

Il étoit d'une conftitution trèsfoible, mal fain, maigre, & attaqué

B. De de phtifie depuis plus de vingt ans, SPINOSA.Ce qui l'obligeoit à vivre de regime & à être extrêmement fobre. Ce

pendant on croyoit qu'il vivroit encore du tems dans cet état, lorfque fon Hôte & fa femme revenant du Sermon le 21. Mai 1677. le trouverent mort. Colerus le fait mourir à la page 164. le 23. Fevrier, & à la page 181. le 21. Cette derniere date eft la veritable, & s'accorde avec celle de l'Auteur de la Préface des Œuvres Pofthumes de Spinofa. La premiere eft sûrement fauffe, puifque le 23. n'étoit pas un Dimanche, comme Colerus le dit, mais un Mardi. Il étoit alors dans fa quarante-cinquième année.

Tout le monde convient que c'étoit un homme d'un bon commerce, affable, honnête, officieux, parfaitement défintereffé, & fort reglé dans fes moeurs. Mais fi l'on n'a que du bien à dire de fa conduite, on ne peut dire que du mal de fa doctrine, qui n'eft qu'un tiffu d'abfurditez & d'impietez, fans liaison & fans ordre.

Catalogue de fes Ouvrages. B. DE 1. Renati Defcartes Principiorum SPINOSA. Philofophia pars prima & fecunda more Geometrico demonftrata, per Benedictum de Spinofa Amftelodamenfem. Accefferunt ejufdem Cogitata Metaphyfica, in quibus difficiliores, que tam in parte Metaphyfices generali, quam fpeciali occurrunt, quæftiones breviter explicantur. Amftelodami 1663. in -4°• Spinofa paroît dans cet Ouvrage auffi orthodoxe fur la Nature de Dieu, que l'étoit Defcartes ; ce qui pourroit faire croire qu'il n'étoit pas encore dans les fentimens im. pies dont il a rempli fes autres Ouvrages. Mais il eft bon de fçavoir qu'il n'y parle point felon fa pensée; comme on l'apprend par la Préface, qui eft d'un de fes difciples, nommé Louis Meyer, Medecin d'Amfterdam, dont on a deux autres Ou vrages dans les mêmes principes que les fiens intitulez, l'un: Lucii Antiftii Conftantis de Jure Ecclefiafticorum liber fingularis, quo docetur quodcumque divini humanique Juris Ecclefiafticis tribuitur, vel ipfi fibi tribuunt, boc aut falfo impieque ipfi tri

B. DE bui, aut non aliunde quam à fuis, hoc SPINOSA. eft, ejus Reipublica five Civitatis Prodiis, in qua funt conftituti, accepiffe. Eleutheropoli 1655. in-8°. L'autre : Philofophia Sacre Scriptura Interpres ; Exercitatio paradoxa, in qua veram Philofophiam infallibilem S. Litteras interpretandi normam effe demonftratur. Eleutheropoli 1666. in-4o. Je ne cite ici ces deux Ouvrages, que parce que quelques Auteurs les ont attribuez à Spinofa, mais mal-à-propos, puifque tous ceux qui ont écrit fa vie n'en difent pas le moindre mot; au lieu que Colerus & plufieurs autres les donnent à Meyer.

2. Tractatus Theologico-Politicus continens Differtationes aliquot, quibus oftenditur libertatem Philofophandi non tantum falva pietate & Reipublica pace poffe concedi; fed candem nifi cum pace Reipublica, ipfaque pietate tolli non poffe. Hamburgi 1670. in-4°. Quoique le titre de ce Livre porte qu'il a été imprimé à Hambourg, il eft sûr qu'il l'a été à Amfterdam. On en a une traduction Françoife, faite par le Sieur de S. Glain, Angevin, Capitaine au fervice des

Etats de Hollande, qui a enfuite B. DE travaillé à la Gazette d'Amsterdam. SPINOSA. Il avoit été Calvinifte,mais dès qu'il eût connu Spinofa, il devint un de fes difciples & de fes plus grands admirateurs. Sa traduction parut à Amfterdam en 1678. in-12. Il l'intitula d'abord La Clef du Sanctuairez mais ce titre ayant fait beaucoup de bruit, fur tout dans les Pays Catholiques, on jugea à propos, pour faciliter le debit du Livre, d'ôter ce premier titre, & d'y fubftituer celui de Traité des Cérémonies

fuperftitieufes des Juifstant anciens que modernes. La même raison y fit encore ôter dans la fuite celui-là,pour l'intituler Reflexions curieufes d'un efprit defintereffé, fur les matieres les plus importantes au falut tant public que particulier. Ces trois titres differens ont fait croire à quelques perfonnes qu'il y avoit eu trois éditions differentes de cette traduction, mais il n'y en a eu qu'une, dont on a feulement changé la premiere feuille. Il est beaucoup plus rare de la trouver fous le premier titre, que fous les deux autres. On voit à la

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