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LOUIS ALAMANNI.

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OUIS Alamanni naquit à Flo- L. Alarence le 28. Octobre 1495. de MANNI. Pierre Alamanni & de Genievre Pa

ganelli, tous deux de familles nobles.

Il fit fes études dans fa Patrie. Quelques-uns prétendent qu'il y eut pour maître Jacques Diacceto; mais il eft probable qu'ils fe trompent, puifqu'ils étoient à peu près du même âge, & que Benoît Varchi dit dans la vie de François Cattani de Diacceto, qu'il eut pour difciples Louis Alamanni, Zenobe Buondelmonte, Jacques Diacceto, Antoine Bruccioli, &c. Ainfi ils ont pris un Diaccetto pour l'autre : car il eft à remarquer qu'il y avoit en même tems à Florence trois Sçavans de ce nom, deux nommez François, & l'autre Jacques. Les deux François étoient diftinguez par les furnoms de Pavonazzo (le violet) & de Nero (le noir) qui étoient les couleurs des habits qu'ils avoient cou

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L. ALA-tume de porter, & le premier eft MANNI. celui dont Varchi a écrit la vie. Pour ce qui eft de Jacques, qui étoit beaucoup plus jeune qu'eux, on le diftinguoit par le nom de Diaccetino. Quelques Auteurs leur ont donné le nom de Ghiaccetto, au lieu de Diaccetto; mais cette difference ne doit pas furprendre, parce que les Florentins prononcent de même ces deux mots.

L'amitié qu'Alamanni contracta avec Buondelmonte & avec Diaccetino, lui fut dans la fuite funefte, & l'obligea à s'exiler de fa Patrie. Son pere avoit été fort attaché à la Maifon de Medicis, & lui-même étoit aimé du Cardinal Jules de Medicis qui gouvernoit alors la Republique de Florence; mais une injure qu'il prétendit en avoir reçûë, l'aliéna entierement de lui, & lui fit naître des defirs de vengeance. Il avoit été trouvé la nuit avec des armes, contre la défenfe du Cardinal, avoit été obligé de fubir la peine portée par fon Ordonnance, dont il croyoit être exemt. Ne pouvant digerer cet affront, il fe lia avec

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Buondelmonte & Diaccettino, qui L. ALAétoient auffi mécontens du Cardi- MANNI, nal, & ils formerent ensemble une conjuration fous le prétexte fpecieux du bien public, & dans le deffein de s'acquerir par fa mort le titre de liberateur de la Patrie.

La mort du Pape Leon X. arrivée le 2. Decembre 1521. leur parut une occafion favorable pour executer leur complot, dans lequel ils trouverent le moyen de faire entrer plufieurs perfonnes, entr'autres un coufin d'Alamanni, nommé comme lui, (a) Nicolas Martelli & Antoine Bruccioli.

Mais leurs deffeins furent bientôt découverts; Jacques Diaccetino ayant été mis en prifon fur quelques indices vers le 22. Mai 1522. Bruccioli fortit auffi-tôt de Florence, &. alla avertir Alamanni, qui étoit alors à la campagne. Celui-ci voyant bien qu'il n'y avoit point de tems

(a) Il n'étoit pas frere de notre Auteur, comme le difent les Auteurs de la Bibliotheque Italique, tome 1. p. 263. mais fils de Thomas, fon coufin germain, fratel cugino, dit le Journal de Venise.

MANNI.

L. ALA-à perdre, fongea d'abord à fe mettre en sûreté, & fe retira dans le Duché d'Urbin. Sa fuite fut fi précipitée, qu'il ne fongea point à avertir fon coufin, qui étoit en garnifon à Arezzo, de ce qui fe paffoit. Cet oubli fut la caufe de fa perte, car il fut arrêté peu de tems après & conduit à Florence, où il eut la tête tranchée avec Diacettino le 7. Juin fuivant. Quant à notre Auteur & à Buondelmonte, qui s'étoit auffi évadé, ils furent profcrits, & leur tête fut mife à prix. (a)

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Ils fe retirerent tous les deux par differentes routes à Venife, où le Senateur Charles Cappello les reçut dans fon Palais. Mais ils ne demeu rerent pas long-tems en cette Ville, car le Cardinal Jules de Medicis ayant été l'année suivante 1523. élû Pape, fous le nom de Clement VII. ils ne s'y crurent pas en sûreté, & formerent le deffein de fe retirer en France.

(a) Les mêmes Journalistes de la Bibliot. Italique ont mal traduit ces paroles du Journal de Venife, è pofto taglia di cinquecento fiorini d'oro per uno, par celles-ci, ils furent mis à l'amende de soo. florins d'or.

En paffant à Brescia, ils furent L. ALAarrêtez & mis en prifon, on ne fçait MANNI. pour quel fujer, peut-être à la follicitation du Pape. Mais Charles Cappello l'ayant appris, travailla fi efficacement pour eux, qu'ils furent mis en liberté. Ce fervice fut caufe que Cappello ayant été envoyé quelques années après en ambaffade à Florence sy fut traité avec beaucoup de diftinction par les Seigneurs Florentins.

Alamanni fuyant la puiffance & l'indignation du Pape, demeura fuc-, ceffivement en differens endroits, tantôt en France, tantôt à Gennes attendant toujours un changement qui pût le rendre à fa Patrie.

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Ce changement arriva en 1527.. Car l'armée de l'Empereur Charles V. ayant alors pris d'affaut la ville de Rome, & le Pape s'étant retiré dans le Château S. Ange, où il étoit comme prifonnier, les Florentins qui tenoient le parti du peuple, reprirent courage, chafferent les Medicis & rappellerent les bannis entr'autres Alamanni & Buondelmonte.

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