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L. ALA- Cependant les progrez de l'EmMANNI. pereur firent appréhender à Nicolas Capponi, qu'ils avoient élû Gonfalonier, quelque nouvelle difgrace, & cette appréhenfion le portoit à s'accommoder avec ce Prince. Plufieurs étoient de fon avis, & dans le Confeil qui fe tint pour déliberer fur ce fujet, Alamanni fit un long difcours pour l'appuyer. Mais le credit de ceux qui étoient d'un avis contraire l'emporta, & Alamanni commença à devenir fufpect au parti du peuple; ce qui l'engagea à paroître rarement à Florence, & à aller paffer la meilleure partie du tems à Gennes.

La Republique de Florence ayant en 1528. levé des troupes, Alamanni fut élu Commiffaire General, & il accepta cet emploi, dont on lui envoya la Patente à Gennes, où il étoit alors.

Lorfqu'il vit les affaires des François entierement perdues en Italie, il fit de nouvelles tentatives pour engager les Florentins à fe détacher de leur parti & à fe joindre à celui de l'Empereur, mais toutes fes dé

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marches furent auffi inutiles que la L. ALA-
premiere fois, & ne fervirent qu'à MANNI.
le rendre odieux au peuple, ce qui
le fit réfoudre à fe retirer pour tou-
jours de Florence.

Cependant lorsque la treve eût
été concluë entre Charles-Quint &
François I. les Florentins envoyerent
des Ambaffadeurs à l'Empereur,
pour faire leur paix; mais ce Prince
ne voulut point les recevoir, qu'ils
ne promiffent de rendre la puissance
fouveraine aux Medicis. Sur leur
refus l'armée de l'Empereur & les
troupes du Pape s'emparerent de la
meilleure partie de la Tofcane, &
mirent le fiege devant Florence.

Dans cette extrêmité ils eurent recours à François I. mais ne le trouvant pas difpofé à les fecourir, ils s'adrefferent à ceux de leurs Citoyens, qui étoient refugiez dans les Pays Etrangers. Alamanni, qui aimoit veritablement fa Patrie, oubliant tous les fujets de plainte qu'il pouvoit avoir contre elle, fit fi bien, qu'il ramaffa de côté & d'autre quinze ou vingt mille écus, comme le rapporte Nardi, ou même

MANNI. porta

L. ALA- quarante mille, felon Segni, & les porta de Lyon, où il s'étoit retiré, à Gennes, d'où il les fit paffer à Pife.

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Benoît Varchi, qui dans fon Hif toire manufcrite de Florence rapporte cet évenement au mois de Mars & d'Avril de l'an 1530. le raconte autrement que Nardi & Segni. Il dit qu'Alamanni s'étoit lui-même tranfporté à Florence, de Gennes où il avoit toujours demeuré, après avoir été faire un tour à Barcelone ; & qu'il avoit trouvé moyen par fes follicitations de tirer du Roi de France vingt-deux mille écus, dont il avoit envoyé une partie à Pife, & dont il avoit porté une autre à Florence.

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Quoiqu'il en foit de ce fait, qui n'a rien de fort intereffant, il eft sûr que ces fecours ne furent que d'une utilité mediocre pour les Florentins, puifqu'ils furent obligez de fe rendre le 10. Août de cette année.

La forme du Gouvernement fut auffi-tôt changée, & Alexandre de Medicis fe mit en poffeffion de l'au

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torité souveraine. Les principaux L. ALA-
Chefs du parti populaire furent mis MANNI,
à mort, d'autres furent bannis en
differens endroits, & du nombre
de ces derniers fut Louis Alamanni,
qui fut exilé en Provence, comme
il paroît par la lifte que Varchi en
donne. Mais n'ayant pas obfervé
fon ban, il fut cité & declaré re-
belle en 1532.

Se voyant par là hors d'efperance
de revoir jamais fa Patrie, il vint
s'établir en France, où fon merite
lui fit trouver un Protecteur dans
la perfonne de François I. & où fon
talent pour la Poëfie lui donna les
moyens de fe faire un nouveau pa-
trimoine. Ce Prince, qui l'aimoit,
lui fit beaucoup de bien, l'employa
en differentes affaires importantes,
& l'honora du Collier de l'Ordre de
S. Michel.

Henri, Duc d'Orleans, qui monta enfuite fur le trône, ayant épousé en 1533. Catherine de Medicis, cette Princeffe le prit à fon fervice, en qualité de Maître-d'Hôtel.

La mort de Clement VII. arrivée, l'an 1534. & celle du Duc Alexandre

L. ALA-de Medicis, qui fut tué en 1537. MANNI. firent efperer aux Florentins de pouvoir rétablir le Gouvernement popúlaire. Ils prirent les armes dans ce deffein, & Alamanni ne manqua pas de les y animer par fes lettres. Il est même à préfumer qu'il fit un voyage à Florence, pour les y exhorter plus efficacement, comme il paroît par un des Sonnets, où il marque expreffement que fix ans après s'être retiré en France, il avoit paffé en Italie, d'où il étoit revenu peu de tems après en ce Royaume.

Il fit un autre voyage en Italie avec fes deux fils Nicolas & Batifte vers la fin de l'an 1539. car on a dans un Manufcrit de Florence fix Lettres de lui écrites de Rome; la premiere le 18. Novembre de cette année,& les deux dernieres au mois de Decembre fuivant. Deux Lettres d'Annibal Caro nous apprennent qu'il demeura en cette Ville tout le mois de Janvier de l'an 1540.

Il alla enfuite à Ferrare & à Padoue, d'où il paffa à Mantoue pour revenir en France; une de fes Let

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