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Il paffa après cela à la Theologie, G. J. qu'il apprit fous Adrien Junius, qui Vossius. lui enfeigna auffi en même tems la Langue Hebraique, fous Luc Trelcatius & François Gomarus. Son pere lui avoit laiffé une Bibliotheque fort bien fournie d'anciens Theologiens & de Livres Ecclefiaftiques, & cela lui donna occafion de s'appliquer à" la lecture des Peres & de l'Hiftoire Ecclefiaftique, dans lefquelles il acquit des connoiffances fort éten. duës.

A la fin de l'an 1599. Elius Conrad Vorftius, qui avoit fuccedé l'année d'auparavant à Pierre du Moulin dans la chaire de Physique, ayant été fait Profeffeur en Medecine les Curateurs de l'Academie fongerent à donner sa place à Voffius. Mais Adrien Marcel, Directeur du College de Dordrecht, vint à mourir dans ces entrefaites, & Voffius fut auffi-tôt, malgré fa grande jeuneffe, choifi pour lui fucceder.

Il fe maria le 12. Fevrier 1602. & époufa Elizabeth Corput fille d'un Miniftre de Dordrecht, qu'il perdit le 6. Fevrier 1607. après en avoir

G. J. eu trois enfans. 11 fe remaria fix Vossius. mois après, c'eft-à-dire le 18. Août, de la même année à Elizabeth, fille de François Junius, dont il a eu fept enfans,cinq fils & deux filles. Cette fécondité à fait dire plaisamment à Grotius, qu'il étoit fort douteux fi Voffius faifoit mieux des livres ou des enfans; fcriberet ne accuratius, an gigneret felicius? Il eut le chagrin de les voir mourir tous avant lui, excepté Ifaac Voffius, dont je parlerai dans l'article suivant.

L'an 1614. & le fuivant les Comtes de Bentheim firent des tentatives pour l'attirer à Steinfurt, en lui of frant une chaire de Theologie dans l'Academie de cette Ville. Mais les Curateurs de celle de Leyde l'ayant dans le même tems choifi pour être Directeur du College Theologique, que les Etats de Hollande avoient établi depuis peu dans cette Ville; il accepta ce dernier emploi préferablement au premier, quoique les difficultez qu'il s'y figuroit, à cause des difputes violentes qui regnoient alors fur la prédeftination & la grace, l'épouvantaffent; & il l'a rem

pli pendant plus de quatre ans.

G. J. Il y avoit déja environ vingt ans Vossius. qu'il étoit occupé à gouverner la jeuneffe tant à Dordrecht qu'à Leyde, & non pas feulement à Dordrecht, comme le dit Valere André, lorfque les Curateurs de l'Academie de Leyde jugerent à propos de lui donner un pofte plus gracieux & plus conforme à fon goût, en le faisant Profeffeur en Eloquence & en Chronologie dans leur Academie.

Quoiqu'il eût tâché de ne prendre aucune part aux difputes du tems, il s'y trouva cependant engagé comme malgré lui; il s'étoit rendu fufpect aux Gomariftes, qui étoient tout-puiffans depuis le Synode de Dordrecht tenu en 1612. parce qu'il favorifoit ouvertement la tolerance des Remontrans, &que dans fon Hiftoire du Pelagianifme il avoit prétendu que les fentimens de S. Auguftin fur la Prédestination & la Grace n'étoient pas les plus anciens, & que ceux des Remontrans étoient differens de ceux des SemiPelagiens. Cependant il ne s'étoit point feparé des affemblées des

G. J. Contre-Remontrans, quoiqu'il n'ap◄ Vossius. prouvât pas leurs dogmes ni leur conduite. Mais ces ménagemens n'empêcherent point qu'unSynodedeTergou affemblé en 1620. ne le fufpendit de la Communion. Une année après il s'en tint un autre à Rotterdam, qui ordonna qu'il y feroit reçû, pourvû qu'il promît de ne rien faire ni rien écrire contre le Synode de Dordrecht; on vouloit fur tout lui faire retracter fon Hiftoire Pelagienne, ou avouer qu'il y avoit commis des fautes.

Il eut de la peine à s'engager à garder le filence, mais pour l'y forcer, on l'empêcha d'enfeigner en public & en particulier; ce qui lui caufa une fi grande perte, qu'il marque dans une de fes Lettres qu'elle alloit à plus de fix mille francs,monnoye de Hollande. Com me il étoit chargé d'une groffe famille, il fe détermina enfin en 1624. à promettre le filence qu'on exigeoit de lui, & s'engagea même à expliquer dans quelque Ouvrage fes fentimens, fur le deffein qu'il avoit eu dans fon Hiftoire Pelagienne.

Il executa cette derniere pro- G. J. meffe en 1627. en publiant fon Li- Vossius. vre des Hiftoriens Latins. Il y rejette le fentiment des Semi-Pelagiens, & dit qu'il fuit celui de S. Auguftin & de S. Profper, qu'il croit que la foi & la perfeverance font des effets de la Prédestination, qu'il n'a jamais prétendu que les Peres des quatre premiers fiecles fuffent oppofez à S. Auguftin, mais feulement les autres que que ce Pere a plus dit n'avoient fait, fans avancer rien qui fût contraire à leur Doctrine. Il paroît que Voffius n'a parlé ainfi que pour contenter les Gomariftes, & pour ne point perdre fon emploi, puifqu'on voit fes lettres qu'il n'étoit pas plus alors dans les fenti mens de S. Auguftin, qu'il l'étoit

auparavant.

par

Ce qui lui avoit fait des affaires en Hollande, lui fit honneur en Angleterre,où fon Histoire Plagienne fut très-bien reçuë. Guillaume Laud, Archevêque de Cantorlery, l'eftimoit infiniment, & procura à Vof fius un Canonicat de Cantorbery avec permiffion du Roi Charles I. Tome XIII.

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