Imágenes de páginas
PDF
EPUB

te, tant qu'ils demeurérent ferrés en forme de Phalange, il ne fut pas aité de les entamer. Mais dès qu'ils furent dénués du fecours de l'aile gauche, qui avoit pris la fuite, par le mouvement qu'ils firent, pour oppofer leurs piques aux ennemis, qui venoient les prendre en flanc, ils fe mirent eux-mêmes en défordre, puis tournérent le dos, & enfin , Jettant leurs armes s'enfuirent avec beaucoup de précipitation jufqu'à Bargylies, où Dinocrates fe retira lui-même.

,

[ocr errors]

Ceux d'Alabande, 27 ans après cet événement, envoyérent, à Rome, une ambaffade. Quand les députés eurent été introduits au Sénat, ils représentérent qu'ils avoient bâti & dédié un temple à la ville de Rome, & inftitué, en l'honneur de cette Déeffe des jeux annuels & perpétuels; que de plus ils avoient apporté, avec eux une couronne d'or pefant cinquante livres, pour en faire une offrande au grand Jupiter, & la placer dans fon temple, appellé le Capitole, fi le Sénat vouloit bien le permettre, & trois cens boucliers de cavalier, qu'ils délivreroient à ceux qu'on leur défigneroit.

[ocr errors]

Certains prétendent qu'il y a eu, dans la Carie, deux Villes portant le même nom, & fondées, l'une par Alabandus, fils de Car, l'autre par Alabandus, fils d'Evhippus. Mais, comment accorder ce fentiment avec les écrits des Anciens, dans lesquels on ne découvre pas le moindre veftige de ces deux Alabandes? Il feroit inutile d'objecter ici un

paffage d'Hérodote, où il eft dit que le roi de Perfe fit préfent à Butares, d'Alabande, ville confidérable de Phrygie. L'Alabande de cet Auteur doit être la même que celle dont nous parlons, quoique la fituation en paroiffe d'abord différente. La raison en est que les confins de la Phrygie & de la Carie ayant changé en différens tems Alabande pouvoit être, au fiécle d'Hérodote, du département de la première. Il pourroit fe faire encore que, dans le texte de cet Hiftoiren, les copiftes euflent fubftitué le nom de la Phrygie à celui de la Carie. M. l'abbé Sevin ne feroit pas éloigné de le penfer. Hérodote, ainfi qu'on vient de le remarquer, met Alabande au nombre des grandes Villes; defcription qui ne fçauroit guere tomber que fur l'Alabande de Carie, également célebre les richeffes & par le par luxe de fes habitans. Or, l'opulence & les plaifirs font rarement le partage des Villes médiocres.

Il refteroit maintenant à examiner auquel des deux Alabandus, l'Alabande, dont il s'agit devoit fon origine. La difficulté fera bientôt levée, fi l'on s'en rapporte au fçavant Holfténius qui affure qu'Alabandus fils d'Évhippus, n'exista jamais.

[ocr errors]

On prétend qu'Alabande fe nomme actuellement Éblébanda, dans la Natolie, qui fait partie de la Turquie d'Afie.

[ocr errors]

ALABANDIENS, Alabandenfes, A' 'Card sis peuples ainsi appellés d'Alabande, leur ville. Voyez Alabande.

[ocr errors]

ALABANDUS, Alabandus. (a) Les habitans d'Alabande, ville de Carie, honoroient, d'un culte particulier, cet Alabandus, leur fondateur; & c'étoit la première de leurs divinités. Sa mere s'appelloit Callirhoé; & ce ne fut qu'après qu'il eut remporté le prix de la course , qu'on le nomma Alabandus. Car comme le dit Étienne de Byzance, les Cariens appelloient un cheval Ala, & la victoire Bafida. Cicéron, qui nous apprend le refpect que les Alabandiens avoient pour ce dieu, ajoûte que Stratonicus, fatigué des louanges que les Cariens donnoient fans ceffe à leur fondateur, au mépris d'Hercule, qu'ils ne vouloient pas reconnoître

leur

[blocks in formation]

ALABARCHIE, Alabarchia, (b) A'rabapxía efpèce de magiftrature parmi les Juifs d'Alexandrie. Celui qui en étoit revêtu, s'appelloit Alabarque. C'étoit le chef de ce peuple. Il y en a qui croyent que ce nom lui fut donné, par raillerie, par les Gentils, qui haïffoient & méprifoient les Juifs. D'autres dérivent Alabarque d'Alaba, qui fignifie de l'encre à écrire; en forte qu'Alabarque fignifieroit, proprement, le chef de l'écriture des péages, des impôts que l'on tiroit fur les animaux,qui fortoient du païs. Fullérus le dérive de l'Hébreu ou du

(a) Cicer. de Natur. Deor. L. III. c. 39, 50. Myth. par M. l'Abb. Pan. Tom. V. pag. 307.

Syriaque, Halap & Arcin, comme qui diroit l'intendant ou le délégué du Souverain. Car, dans les lieux où les Juifs étoient en grand nombre, ils avoient, fur eux un chef de leur nation, ou un autre auquel ils s'adreffoient particulièrement dans leurs affaires, fans aucune dépendance du préfident ou du gouverneur, envoyé par le Souverain, pour gouverner les autres fujets. Mais cette dernière étymologie ne contente pas plus que les autres qu'on a rapportées.

Il eft certain que la dignité, d'Alabarque étoit commune dans l'Égypte, comme on le voit par Juvenal; & que les empereurs Valens, Gratien & Théodofe, parlent de la douane ou des impôts, nommés Alabarchie, dans Î'Égypte. Il y a apparence qu'originairement le nom d'Alabarque fignifioit celui, qui avoit la douane du fel; & qu'enfuite on le donna, par une espèce de mépris, au chef, ou au gouverneur des Juifs d'Alexandrie. Alexandre, frere de Philon, fut Alabarque des Juifs de cette ville. En ce fens,l'étymologie d'Alabarque viendra du Grec ἅλς, ἁλος, le fel, & ἀχων, le chef; ce qui paroît fort vraisemblable.

ALABON, Alabon, A'xabar, (c) fleuve de Sicile, qui, felon Diodore, se déchargeoit dans la mer au travers d'une piscine creusée par Dédale de Mégaride.

(b) Jofeph. de Antiq. Judaïc. p. 673, 693. Crév. Hift. des Emp. T. II. p. 59 (c) Diod, Sicul. pag. 193.

ALAGONIE, Alagonia, (a) Anayoría, ville du Péloponnèfe, qui appartenoit aux Eleutherolacons. Cette ville, fituée à envi-, ron trente ftades de Gérénie, n'étoit pas confidérable. Il n'y avoit rien à y voir qu'un temple de Bacchus › & un temple de Diane.

ALAINS, Alani, A'rabro, (b) peuples, Scythes d'origine, felon l'opinion commune. Ils habitérent, premièrement, les montagnes, fituées au nord de la Sarmatie Afiatique. C'eft de-là que leur vint le nom d'Alin,qui,en langueTartare,fignifie montagne. C'étoit un peuple Nomade, ainfi que les autres Tartares. Environ 40 ans avant J. C. ils furent obligés de céder les contrées du Nord à une colonie de Huns révoltés, qui s'étoient féparés du corps de la nation, & de fe retirer vers les Palus-Méotides. Ils s'étoient depuis long-tems rendus formidables. Tous les peuples Barbares, jufqu'aux fources du Gange, furent foumis aux Alains, & prirent leur nom. Procope les appelle une nation Gothique. Les Chinois les confondent avec les Huns. En effet, par l'étendue de leurs conquêtes ils approchoient fort près des fources de l'Irtis; & les diverfes hordes, qui fe détachoient, de tems en tems, de la nation des Huns, fe portant toujours du côté de l'Occident, il devoit fe former un mêlange des

(a) Pauf. pag. 204, 215.

[ocr errors]

(6) Ptolem. L. III. c. 5. Plin. L. IV. c. 12, Hift. du Bas Emp. par M. Le Beau. Tom. IV. pag, 385, 386. & Suiv.

deux peuples. Cependant la figure des Alains annonçoit une autre origine. Ils étoient connus des Romains dès le tems de Pompée. On les vit plufieurs fois fous les premiers Empereurs franchir les défilés du Caucase, & faire des irruptions dans la Médie, dans l'Arménie, dans la Cappadoce, d'où Arrien les chaffa, fous le regne d'Adrien. Du tems de Gordien, ils pénétrérent jusques dans la Macédoine; & ce Prince éprouvá leur valeur dans les campagnes de Philippes.

Les Alains étoient de haute ftature & d'une belle phyfionomie. Ils avoient les cheveux blonds, le regard plus fier que farouche. Quoique légèrement armés & fort agiles, ils étoient toujours à cheval, & tenoient à deshonneur de marcher à pied. Leur façon de vivre tenoit beaucoup de celle des Huns; mais ils étoient moins fauvages. Errans par troupes dans les déferts de la Tartarie ils ne connoiffoient d'autre habitation que leurs cha-t riots, couverts d'écorces d'arbres. Ils s'arrêtoient dans les lieux où ils trouvoient des pâturages pour leurs troupeaux. Rangeant leurs chariots en cercle, ils formoient une vafte enceinte ; c'étoit-là leur ville. Ils la tranfportoient ailleurs, quand les pâturages étoient confumés. Toujours les armes à la main, ils faifoient leur occupation de la chaffe, & leur divertisse

Mém. de l'Acad. des Infcrip. & Bell. Lett. Tom. VII, pag. 307. & fuiv. Tom, XVIII. pag. 59.*

ment de la guerre. Ils y apportoient plus d'intelligence & de difcipline que les autres Barbares. Mourir dans une bataille, c'étoit le fort le plus digne d'envie. On méprifoit, comme des lâches, & on chargeoit d'opprobres ceux qui mouroient de vieilleffe ou de maladie. L'action la plus glorieufe étoit de tuer un ennemi. Ils lui enlevoient la peau avec la tête, & en faifoient une houffe pour leurs chevaux. Ils adoroient le dieu Mars, qu'ils repréfentoient par une épée plantée en terre. Ils prétendoient connoître l'avenir par le moyen de certaines baguet tes enchantées. Tous étoient nobles; ils n'avoient aucune idée de l'esclavage. Leurs chefs portoient le nom de Juges. On déféroit cet honneur aux guerriers les plus expérimentés.

Les Huns établis dans le païs des Baskirs, preffés eux-mêmes par de nouvelles peuplades, qui venoient inonder la Tartarie occidentale, defcendirent vers le midi, traverférent le Volga, & vinrent attaquer les Alains. Après plufieurs batailles, ceux-ci furent forcés d'abandonner le païs. Les uns s'enfoncérent dans les montagnes de la Circaffie, où leur poftérité fubfifte encore aujourd'hui. Une partie paffa le Tanaïs ; & quelques-uns s'arrêtérent fur le bord occidental de ce fleuve. D'autres, après avoir erré quel que-tems, fe fixérent aux environs du Danube. Ils partirent delà, lorfqu'ils fe jettérent dans les Gaules avec les Sueves & les Vandales. La plus grande partie

[ocr errors]

des Alains paffa dans l'Espagne avec ces peuples; mais il en refta quelques-uns dans les Gaules & l'on en trouvoit vers Mayence, à Valence & fur les bords de la Loire.

En effet, Attila, fuivant Jordanès, formant le projet d'aller attaquer les Wifigots, comptoit fubjuguer, en paffant, les Alains, qui s'étoient établis au de-là de la Loire. Aëtius fe fervit auffi de ces Alains, pour punir la révolte des Armoriques, peuples qui habitoient dans les Gaules, fur les bords de l'Océan, principalement dans le païs nommé, préfentement, Bretagne. Il envoya, contre eux, Éocharic, roi des Alains. Déjà ce Prince étoit en marche, lorfque S. Germain, évêque d'Auxerre, arrêta fes coups, & lui fit promettre de ne point agir, jusqu'à ce qu'il eût reçu de nouveaux ordres. Le Prélat vola à Ravenne, où il obtint, de Valentinien III, le pardon des Armoriques. Mais ce peuple, leger & inconftant, s'étant révolté de nouveau, fut livré à Éocharic, qui mit tout leur païs à feu & à fang.

Jordanès, il est vrai, donne à Éocharic, le titre de roi des Allemans; mais Héribert, qui a raconté le même fait, le nomme Récharius, & dit qu'il étoit Prince des Alains. Le P. Sirmon, dans fes notes fur Sidonius, cité à la marge de Surius, remarque qu'il faut reftituer Alanorum ; & c'est ainfi qu'a lu M. de Valois. Il dit que les Alains, dans cette expédition, reftérent dans ce païs, & fe mêlérent avec les Armoriques, &

« AnteriorContinuar »