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ne peut repouffer la violence que par la violence: il fe trompe. Si fa na ture eft dégradée, fi parce qu'il a défobéi une première fois, les animaux ont ceffé de lui obéir; il conServe néanmoins, pour se défendre de leur rage, des moyens fimples qui tiennent encore à fa fupériorité originelle; & l'éclat, la gravité, la douceur de fa voix, réunis ou féparés, peuvent fuffire. Il ne feroit pas difficile d'accumuler des preuves. Il ne feroit peut-être pas plus difficile de montrer que les faits même pris de la Fable ne font pas fi fabuleux; mais j'excéderois les bornes d'un Avertiffement. A l'égard des caufes phyfiques, je m'en rapporterai aux Cartéfiens, aux Newtoniens, fi on le veut, aux Electrifeurs, affez content d'avoir expofé des raifons plaufibles pour imprimer.

Il Je trouve aux Notes marginales de la page 22. un passage Grec, tiré du Traité d'Ariftote de la génération des animaux, auquel je n'ai pû me

difpenfer de joindre au moins une Traduction Latine, par la raison que ce texte conftate quatre chofes importantes, qui doivent être connues de tout le monde : la premiére, que ce Philofophe ne doutoit pas de l'exiftence des Hyénes mâles & femelles, puifqu'il affure qu'on en a vû, qu'elles ne font pas rares en certains lieux, & que la différence des fexes s'apperçoit facilement : la feconde, que les unes & les autres ont auprès de la partie naturelle, fous la queue, une marque qui a trompé des obfervateurs peu exacts, mais qui, felon moi, peut fervir à diftinguer l'Hyéne des animaux avec lesquels elle quelque reffemblance: la troifiéme, qu'on prend beaucoup moins d'Hyenes femelles que d'Hyénes mâles: la quatrième enfin, qu' Ariftote traite d'erreur groffiére l'opinion de ceux qui s'imaginent que l'Hyéne a les deux fexes, chacun capable alternativement d'année en année de tous les effets qui lui font propres.

DISSERTATION

DISSERTATION

SUR

1

L'HY ENE.

U

NE Hyéne dans le Lyonnois & les Provinces voi fines eft un phénomène fans doute; & ce qui porte ce caracte re a par foi-même, fur notre temps & fur nos recherches,un droit acquis & bien décidé. Ici fe réuniffent trois interêts, tous plus propres les uns que les autres à piquer une curiofité raifonnable.Il s'agit d'un évenement qui fe pafle fous nos yeux, ou du moins à nos portes : l'évenement eft dans la claffe des fingularités les plus extraordinaires : &, ces deux motifs mis à part, la nature a réuni

A

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tant de merveilles dans le fujet que j'entreprens de traiter ; les Auteurs en ont parlé fi divertement; leurs récits font naître un fi grand nombre de questions dignes de l'examen le plus réfléchi, que je ne crois point trop donner au préjugé fi naturel à tout Ecrivain en faveur de la matiére qui l'occupe, en affurant que celle-ci merite à tous égards d'être difcutée.

Depuis dix-huit mois, on parle d'une bête féroce, qui a paru en différens cantons de ces Provinces. Les membres déchirés d'un cadavre trouvé à trois lieues de Lyon ont appuyé la créance du Peuple, & fait balancer les efprits les plus incredules. On croit pouvoir tracer les routes qu'a fuivi l'Animal.

Du Lyonnois il a paffé, dit-on, dans le Dauphiné, où l'autorité publique a ordonné une chafle générale en plufieurs Contrées. De-là il est réntré dans cette Province : & on affure l'avoir vû non loin dẹ

Théfé, de Moiré, de Fronnac, de Saint-Bel, de l'Arbrefle; tous pays, comme on fçait, montagneux, en partie couverts de bois, & coupés par des vallons caverneux, entre lefquels coule la riviére d'Azergues.

L'activité des habitans a été partout également courageufe: mais le fuccès n'a pas répondu à leurs efforts; & quinze Paroiffes, tout à la fois en armes, n'ont réuffi qu'à pur ger leur territoire de ce monftre ef frayant, qu'on dit être revenu du voisinage de Roanne, vers SaintBel & Saint-Germain fur l'Arbrefle; & s'être jetté de-là dans les bois de Savigni. Ici la pifte s'eft perdue pour quelque temps; mais on n'eut que trop tôt le malheur de la retrouver. L'Animal reparut fucceffivement dáns prefque tous les endroits que j'ai nommés;& par-tout de nouveaux ravages marquerent fes traces. On a compté jufqu'à dix - fept jeunes hommes, ou jeunes enfans atta→

GICAN HIRRANIES

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