Imágenes de páginas
PDF
EPUB

pourtant donné bien des éloges cette rapfodie: car que ne loue-t'on pas ? Mais fi l'on peut pardonner à des Compilateurs, tels que Cœlius Rhodiginus, entre les autres, d'avoir montre peu de critique, en jugeant d'Elien, on a de la peine à comprendre comment le judicieux & Içavant Auteur des Descriptions Anatomiques, données fous le nom

de l'Académie des Sciences de Paris, a pû mettre Elien à côté d'Ariftote & de Pline;& qualifier, fans diftinction,du nom d'ouvrages magnifiques, les productions fi différentes entr'elles de ces trois Philofophes. Les grands hommes font véritablement dégradés par les louanges les plus pompeufes, dès qu'on les leur fait partager avec des Ecrivains mé¬ diocres.

Quoi qu'il en foit, Elien est de ceux qui admettent la mutation

* Claude Perrant, dans la préface du T., 3. 1. partie des Mémoires de l'Académie Royale des Sciences.

[ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

alternative de fexe dans les Hyénes: & fi l'on en croit Piérius Valerius, nous devons déférer au témoignage d'Elien, plutôt qu'à celui d'Ariftote, qui a embraffé un fentiment contraire. Demandez-vous pourquoi? C'eft, vous dira Piérius, qu'Elien eft poftérieur à Ariftote de plufieurs fiécles. Si cette raifon eft valable, elle peut être, en toute occafion, d'une grande resfource aux détracteurs de l'antiquité la plus refpectable.

Mais il n'eft pas à craindre que l'opinion d'Elien balance, dans l'efprit de Gens de Lettres, l'autorité d'Ariftote. Quoique les formes fubftantielles inventées par les frivoles Commentateurs de ce grand Philofophe, lui aient fait perdre de fa réputation; fon Hiftoire des Animaux eft encore, de l'aveu de tous les Sçavans, un des plus beaux & des meilleurs ouvrages, que nous ayons fur cette matiére. Et pour ne parler que de la vérité des récits, point

effentiel par-tout, & principalement dans des détails d'obfervations phyfiques, il fuffit de fçavoir qu'Ariftote, grace aux libéralités de fon difciple Alexandre, apprenoit à connoître par fes propres yeux' tous où prefque tous les animaux, dont il traçoit l'hiftoire.

Les Auteurs d'un Journal nouveau, * & deja fort accrédité, fouhaitoient, il y a peu de mois, une traduction Françoise de la République de ce Philofophe. Elle feroit connoître à la Nation un corps.complet d'une politique très faine. Puiffe auffi quelque bonne plume nous donner en notre langue l'Hiftoire dont je parle. Nous n'aurions peutêtre rien de mieux en François, fur la connoiffance des animaux.

Or, fur la mutation de sexe dans l'Hyéne, Ariftote, après un détail exact & modefte, tel que le fujet en queftion le demandoit, découvre la

* Le Journal étranger.

fource de l'erreur qu'il refute, & il ajoûte qu'elle est le fruit de la précipitation de quelques prétendus Obfervateurs. (a)

Au refte l'Hyéne n'est pas le feul animal à qui l'on ait cru les deux fexes. Un certain Herodore d'Héraclée en difoit autant du Trochus: mais avec une particularité non moins extraordinaire qu'Aristote (4)

(a) Alo tots in Tagóde Jeægkor, raúl itroinσε τα δόξαν.

(6) Voici fon texte : Φασὶ ταὶ μὶ ὑαίναν πολλοί, τὸν 5 Τρόχον Ηρόδωρος ο Ηρακλεώτης δύο αιδοία ἔχειν, άρρενος και θήλεος· καὶ τὸν μου πρόχον αυτὸν ὀχεύεις τὰ ἢ ἑαίναν ὀχεύειν, κι οχεύεσθαι παρ' όλος πλα γὰρ ἡ καίνα ἔχεσα αἰδοῖον . . . ἀλλ' ἔχεσιν αἱ Καινο ὑπὸ τὸν κέρκον, ὁμοίαν γραμμώ τῳ το θήλεος ἀιδοίῳ. ἔχεσιν μὺ ἦν κι ἄρρενες, κι αἱ θηλεία το Toislov onμetov. De Gener, anim. l. 3. c. 6.

Voici la Traduction telle que la donne Theodore Gaza, Tom. 2. pag. 65. de l'Edition des Œuvres d'Ariftote Gréque Latine, in-folio 4. vol. Paris, 1624.

De Trocho & Hyand fulic magnoque errore narratur; Hyænam enim complures aiunt : Trochum verò Herodorus Heracleota fcribit duplex genitale habere, maris ac fæmina: & Trockum feipfum inire; Hyenam inire & iniri annis alternis, fed vifa eft Hyana mas, & altera femina.

exprime fort bien dans fa langue, & que je craindrois de mal exprimer dans la mienne.

[ocr errors]

Le médecin Belon, à qui il con venoit mieux qu'à moi de ne pas redouter la description que je fupprime ici, après en avoir épuisé les détails, compare l'Hyéne à la Ci vette. Il décrit celle-ci avec le même foin; & les deux descriptions le trouvant à peu-près semblables, il en infere que la Civette n'eft autre que l'Hyéne dont parle Ariftote. En conféquence le nouvel Anato÷ mifte donne à la Civette le nom de Hyæna veterum; & c'est encore aujourd'hui fous ce nom Latin que nos modernes Phyficiens defignent la Civette autrement appellée Zibe

fui difcrimine genitalis. Locis enim nonnullis penuria hujus confpectus non eft. Verum Hyena. cam mares quam feminæ, habent fub cauda lineam quandam fimilem genitali feminino. Quæ quidem nota, quamvis communis fit, tamen in maribus potiùs cernitur, quia mares quàm femina magis capiuntur.

« AnteriorContinuar »