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refte que l'extrême penchant des Auteurs à fe fuivre comme à la trace, qui ait pû rendre fi commun le prétendu témoignage de Pline fur les pierres précieufes trouvéesdans les yeux de l'Hyéne. J'ofe affurer qu'on s'appuie ici fort gratuitement d'une autorité fi refpectable: & quoi qu'en dife Perraut (a), j'ai de la peine à croire que la dureté extraordinaire des yeux d'une Civerdont on avoit fait la diffection anatomique en présence de MM. de l'Académie Royale des Sciences, ait donné lieu à ces Sçavans de fe reffouvenir de ce que Pline dit des yeux de l'Hyéne, fçavoir,, qu'on en tire des pierres précieuses. qu'on appelle Hyænia." Comment ces Meffieurs fe feroient-ils fouvenus d'avoir lû dans Pline ce que Pline n'écrivit jamais ? (b)

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(a) T. 3. 1. P. des Mem. de l'Acad. R. des Sciences.

(b) Depuis que cette Differtation eft faite, je me fuis avifé de chercher ce texte dans un MS.

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On a fouvent accufé ce Naturaliste célèbre d'avoir confondu pêle-mêle & fans difcernement, de bonnes observations avec des contes populaires. L'ignorance porta ce jugement. Les lumiéres de notre fiécle en ont beaucoup adouci la févérité. Tous les jours de nouvelles découvertes juftifient,pour l'honneur de cet Ecrivain, des récits que leur fingularité avoit fait taxer de chimères. D'ailleurs fon texte altéré en plus d'un endroit, les commentaires arbitraires qu'on y a ajoûtés, les fauffes interprétations qu'on y a données; en falloit

de Pline d'environ 400 ans, & dans une édition magnifique fur vèlin, de l'an 1472. à Venise. Ce MS. & cette édition, confervés l'un & l'autre dans la bibliothéque du grand Collége de Lyon, portent uniformément Hyania in vafe tabido inveniri dicuntur. Le Texte ainfi rectifié ne préfente plus rien d'embarraffant, & il fait évauouir l'abfurdité de la pierre précieufe des yeux de l'Hyéne. Le P. Hardouin fe flatoit d'avoir eu communication de toutes les variantes du MS. de Lyon. N'eft-il pas vrai-femblable que, fi celle ci lui avoit été connue, il l'eût fair entrer dans fon édition 2

il davantage, pour charger de mille erreurs l'Ecrivain le plus véridique? Non que Pline n'ait pû être, & n'ait été trompé quelquefois par des récits menfongers mais j'ofe dire qu'on le trouvera plus exact & plus vrai, à mesure qu'on le lira avec plus de connoiffances & plus de réflexion.

Qui voudroit affurer, par exem ple, que l'expérience, fi nous pou vions la faire, ne nous découvriroit pas dans l'Hyéne toutes les propriétés médicales, que cet Auteur lui attribue ? Quoi qu'il en foit, on ne peut que lui fçavoir gré d'avoir recueilli avec tant de foin tout ce qu'on en avoit écrit, & tout ce qu'on en difoit de fon temps. C'eft

un détail immenfe dont le Dictionnaire de Médecine nous donne l'extrait en ces mots. (Art. Hyenia.

Pline dit que la chair de l'Hyéne prife en aliment, & fpécia»lement fon foie, eft merveilleux contre la morfure du Chien en

ragé; que fi l'on frotte la mor»fure avec fa graiffe, & que l'on » étende fa peau fur le malade, il » en fera foulagé fur le champ." Le Dictionnaire appuie ceci du témoignage d'un Médecin plus ancien que Pline, & dont les ouvrages n'ont été imprimés que dans le dernier fiècle. » Scribonius Largus

rapporte qu'ayant été informé » qu'un vieux Barbare, qui avoit » été jetté dans l'île de Créte par » une tempête, dans laquelle fon » vaiffeau avoit échoué, & qui y » étoit entretenu aux dépens de

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l'Etat, guériffoit tous ceux qui » avoient été mordus par des Chiens » enragés, quoiqu'ils fuffent atta» qués d'hydrophobie, qu'ils hurlaffent, & qu'ils euffent des convulfions, feulement en leur atta» chant quelque chofe au bras gau» che; il eut la curiofité de fçavoir » ce que ce pouvoit être, & de » s'adreffer pour cet effet à Zopire, » Médecin de Gordium, qui avoit

été choifi pour Député par les Etats de l'île, & qu'il eut l'avan»tage de recevoir chez lui: il me , dit franchement, ajoûte Scribo»nius, pour reconnoître la poli»teffe avec laquelle je l'avois reçu, » que ce fecret confiftoit en un mor» ceau de peau d'Hyéne envelopé » dans de l'étoffe. Je n'ai jamais eu » occafion d'effayer cette recette, » & fouhaite ne l'avoir jamais: ce

pendant je me fais pourvu fur le » champ d'une peau d'Hyéne, dont

je puffe faire ufage au be55 foin. Sur ce récit de Scribonius, » Aëtius confeille d'avoir toujours » une peau d'Hyéne; afin que fi quelqu'un avoit le malheur d'être mordu par un Chien enragé, on 5 la lui attachât fur le champ au»tour du corps, par la raifon, dic Aëtius, qu'elle a la vertu de prévenir l'hydrophobie, & même de calmer ce terrible symptome ren ceux qui en font attaqués.“ Je fufpendrai ici la citations, qui

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