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AVERTISSEMENT

C

DE L'EDITEUR.

Ette Differtation eft le tribu.. Academique annuel, payé er 1755. à une Société Littéraire, qui en a fans doute enrichi fes archives. J'avois paffé l'Automne dans la Pro vince & près de la Ville capitale, o elle a fon Siége. Les ravages, que continuoit de faire aux environs la bête féroce, dont il s'agit, me firen. defirer la lecture de l'Ouvrage : mais la copie, que l'on m'a confiée, me fut remife fi tard, que j'ai été obligé de l'emporter; & c'eft cette copie que je livre à l'Impreffion, fans craindre ni les plaintes de l'Auteur, ni celles de fon Académie. Mrs les Auteurs entendent aifément raifon fur ces fortes de larcins, qui ne font au fond que

de vrais tours d'amis. Pour l'Aca

démie, de quoi fe plaindroit-elle, puifque je n'enfreins en rien fes fages réglemens? Voici d'ailleurs mes mo

que

tifs. Je ne publie pas feulement ce morceau d'Hiftoire naturelle, , parce eje le crois bon, & qu'il met fous nos yeux d'une manière aussi fçavante que curieufe, tout ce qu'on peut dire Jur l'Hyéne; je le publie, parce que je le crois d'une utilité certaine & préfente; avantage, qui ne fe rencontre pas ordinairement dans les Brochures très-multipliées, dont gémiffent nos Preffes. La bête exifte. J'ai été témoin des triftes effets de fa fureur. Eft-ce une Hyéne? N'est-ce qu'un Loup-cervier ou un Loup ordinaire? L'ignorance & la frayeur des perfonnes qui en ont été fimplement attaquées, ne leur ont pas permis de nous l'apprendre. Cependant, comme il n'y a point d'impoffibilité abfolue que ce foit une Hyéne, & cet Ecrit

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* Extrait d'une Lettre écrite de Lyon le 17. Mai 1756. L'Hyéne réelle ou prétendue repa>> roît dans nos cantons; & Mercredi dernier, >> 12. de ce mois, elle attaqua un berger auprès » de Savigny. Le pauvre malheureux fut mordu à la gorge, & ne dut fon falut qu'au fecours » que lui donnerent des paffans, furvenus au >> moment de ce trifte combat.

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*

offrant un moyen fingulier, mais fûr, felon de graves Auteurs, pour Pattirer & s'en faifir, ou la percer de coups; je me fais un devoir de rendre ce moyen public, & de venir par-là au Jecours des contrées qu'infefte ce terrible animal. J'ajoûterai, qu'indépendamment du bien qui réjultera de fa deftruction, PHyéne renferme en foi les propriétés les plus efficaces pour le foulagement ou la gué rifon d'une infinité de maux qui affligent la nature humaine. Notre Dif Jertateur a foin d'entrer à cet égard dans les moindres détails. **

Quelle apparence, ne manquerat-on pas de dire, qu'une bête, dont la force & la finesse égalent la férocité, après être échapée aux battues publiques & à mille piéges, puiffe céder tout-à-coup au fon des inftrumens ou des voix? Je n'entreprendrai point de prouver cette poffibilité par le raisonnement & par * Voyez pag. 37. & 38.

** Voyez pag. 56. 57. & suiv.

les caufes de plus habiles s'y trou→ veroient embarrassés. Qu'en coûterat'il au refte de tenter ce moyen? Je ne dis pas fur la foi d'autrui, je dis fur la foi d'une expérience toute commune. Ne voyons-nous pas nos animaux domestiques, attentifs & fenfibles aux charmes d'une belle voix, d'un inftrument bien touché, fouvent à proportion de ce qu'ils font moins apprivoifes &d'un naturel plus farouches le Chat, par exemple, plus fenfible infiniment que le Chien? Si mon obfervation eft vraie, pourquoi les animaux, qui habitent les antres & les bois, ayant les mêmes facultés, n'éprouveroient ils pas les mêmes fenfations, & d'autant plus fortes, que les fons qui frapent leurs organes, Jont pour eux plus nouveaux & plus imprévus? Ne bornons donc pas T'empire Juprême de l'harmonie, ou plutôt des paffions, qui fe jouent du fort & du putant, & font triompher le foible. Errant fans ceffe dans fes confeils, l'homme s'imagine qu'il

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