2.° Qu'ils perdent cette fupériorité dans l'âge fuivant, & que les mâles au- deffus de 14 ans, font inférieurs en nombre aux femelles d'environ. 3.° Que dans l'état de mariage les hommes font encore moins nombreux par rapport aux femmes, & que dans ce période de la vie humaine, les femmes font fupérieures aux hommes d'environ. 4.a Enfin, que les mâles en général font inférieures aux femelles d'environ. Mais ces proportions ne font pas les mêmes dans les trois Généralités d'Auvergne, de Lyon & de Rouen, elles diffèrent. même beaucoup entre elles à cet égard: d'où peuvent donc provenir ces différences? On croit pouvoir les attribuer aux différences de pofition, de culture, d'industrie & de commerce qui exiftent entre ces trois Généralités. La Généralité d'Auvergne eft prefque fans commerce & fans industrie; son terrain eft en vignoble, terres de labour, prairies, pâturages & herbages; c'est la Généralité où il y a un plus grand nombre d'hommes. La Généralité de Lyon est un pays de vignobles & terres de labour, où il y a de l'industric, une grande ville de manufactures & de commerce, & trois grandes rivières navigables; les hommes y font moins nombreux qu'en Auvergne, mais plus que dans la Généralité de Rouen. Dans la Généralité de Rouen le terrain eft en terre de labour & herbage, très-peu de vignobles, il y a une grande industrie, des manufactures & un commerce floriffant. La Seine, qui la traverse, y donne lieu à une grande navigation, & le commerce maritime occupe un grand nombre de fes habitans; d'ailleurs la Généralité de Rouen eft à portée de Paris, cette proximité en fait fortir un grand nombre de jeunes gens qui vont dans la capitale paffer une partie de leur vie dans l'état de domefticité ; défavantage dont l'éloignement de Paris met à l'abri la Généralité de Lyon. Par rapport à la province d'Auvergne, on sçait qu'une partie de ses habitans en fort tous les ans, mais le plus grand nombre y revient. Il résulte des obfervations précédentes qu'où il y a le plus d'industrie, de commerce & de navigation, plus le nombre des mâles eft inférieur à celui des femelles. On peut donc attribuer la diminution du nombre des mâles principalement au commerce, à l'industrie & à la navigation. On n'a point fait mention des eccléfiastiques, non plus que des domestiques des deux fexes. Ces deux claffes de citoyens font trop peu nombreuses pour mériter d'entrer dans ces obfervations: on dira feulement que, dans ces trois provinces, la proportion moyenne des eccléfiaftiques mâles aux eccléfiaftiques femelles, eft comme . . . . Pour 91 eccléfiaftiques mâles, il y a 45 eccléfiaftiques femelles ; & la proportion moyenne entre les domestiques mâles & les domestiques femelles, comme.. 67 à 69 On doit ajouter que le dénombrement des domestiques ne concernant que les petites Villes & Paroiffes de la campagne, la proportion ci-deffus ne décide rien pour les grandes villes. Depuis ces obfervations, on a trouvé dans le Dictionnaire de M. l'Abbé Expilly, T. III, page 876 & fuivantes, les naissances d'un grand nombre de Paroiffes de différentes provinces du Royaume, diftinguées par mâles & femelles. Ces recherches font affez étendues pour donner la proportion qui exifte entre les naiffances mâles & les naiffances femelles. On va rapporter le résultat des recherches de M. l'Abbé Expilly, & on y joindra le nombre des naiffances de la ville de Paris, en distinguant les mâles & femelles. Il y a eu à Paris depuis 1752 jufques & compris 1761.. Dans la Franche-Comté, depuis 1753 jusques & compris 1762 . Dans 476 Paroiffes de la province & Intendance de Bourgogne, depuis 1752 jufques & compris 1763.. Dans 492 Paroiffes de l'Intendance d'Alençon en Normandie, depuis 1752 jusques & compris 1763 Dans 504 Paroiffes de l'Intendance de Provence, & dans les villes de Marseille, Toulon & Aix, depuis. 1762 jusques & compris 1763... Dans 370 Paroiffes des Diocèfes de Dax, de Lombès & de Rieux, du Département & Intendance d'Auch & Pau, de puis 1752 jusques & compris 1763 .. 42992 39963 Dans la Principauté de Dombes, depuis 1752 jufques & compris 1763... 6988 6654 541235. 511834. Les naiffances mâles font aux naiffances femelles comme 18 1/2 1 17 1, en forte qu'il naît 221 mâles contre 209 femelles. Cependant comme les mâles de 14 & au-deffous ne font fupérieurs aux femelles du même âge que dans la proportion de 30 à 293 il en résulte que depuis la naiffance jufques à 14 ans, il périt plus de mâles que de femelles dans le rapport de 191 à 180, DES FAMILLES E NOMBREUSES. Le Roi Louis XIV, dans la vue d'encourager ses sujets au mariage, & pour les confoler du grand nombre d'enfans, fit une Loi en 1666, par laquelle il accorda aux pères de dix enfans vivans, l'exemption d'impofition, & de plus aux pères de douze enfans vivans une penfion. Cette Loi n'eft plus en vigueur, & il y a lieu de croire qu'elle n'a pas diminué le nombre des célibataires, ni augmenté le nombre des enfans. En effet, le mariage dépend de la volonté des hommes & de leur caractère; & leur goût à cet égard ne pourra jamais être subordonné à la volonté du Législateur : la fécondité des mariages dépend des causes abfolument indépendantes de la volonté même de ceux qui peuvent feuls y contribuer, & eft par cette raison au-deffus de toutes les loix humaines. Les hommes font portés naturellement à fe perpétuer, c'est le vœu de la nature. Ceux qui préfèrent le célibat à l'état du mariage font en très-petit nombre ; & il est vraisemblable que les célibataires ne font pas plus nombreux aujourd'hui qu'ils l'étoient autrefois. On a cherché à connoître dans les Généralités d'Auvergne, de Lyon & de Rouen, le nombre des familles compofées de fix enfans & plus; cette recherche a été faite fur les dénom bremens d'habitans comptés tête par tête, & dont on a fair mention précédemment. On a compté dans la province d'Auvergne fur 3 209 familles, celles compofées de fix enfans & au-deffus, & il s'en est trouvé 149 compofées de 1010 enfans : Le nombre 149 auquel montent les familles de fix enfans & au-deffus, fait le 21 des 3209 familles, fur lesquelles elles ont été prifes. On |