faite en Arc de Triomphe. L'Amphithéatre où devoient fe placer le Souverain, les Dames, & les perfonnes préposées pour juger du mérite des Chevaliers, étoit décoré avec autant d'art que de fomptuolité.. 9 Le lendemain de l'arrivée des Troupes, le Duc monta à cheval pour fe rendre au Champ des Tournois: il étoit accompagné des Seigneurs de Beaufremont, de Vienne, de Fajel & de Vergi, qui s'étoient déclarez les Tenans. Ha gues leur difoit qu'il ne prévoïoit pas quels feroient les Affaillans lorfqu'on découvrit dans la Plai ne, quatre petites Troupes qui marchoient fur la même ligne, vers le Champ des Tournois. Le Soleil qui, ce jour-là, n'étoit offulqué d'aucun nuage, faifoit briller un acier rehauffé d'or, qui annonçoit que les Chefs de ces Quadrilles étoient des gens de grande confidération. Ah! s'écria le Duc à fes illuftres Bourguignons, je voisť paroître des Rivaux dignes de vous combattre. Préparez-vous à fou tenir la gloire que vous avez acquife en pareilles occafions. Comme on n'avoit point vû les, Seigneurs François au lever du Duc, & qu'ils ne paroiffoient point actuellement autour de lui, on ne fut pas embarraffé à deviner quels étoient les quatre Chevaliers qui marchoient, la Lance haute, à cinq ou fix pas de leurs petites Troupes: ils s'avançoient lentement, & tout fe trouva préparé pour les recevoir, lorfqu'ils fe prélenterent à la porte du Champ. Ils virent au-deffus de cette porte les Ecuffons de Beaufremont de Vienne, de Fajel & de Vergi; & dans le milieu ce Cartel en gros caractéres d'or: › Nous Chevaliers, à qui de gentes Dames, Navrent les cœurs par moults traits porteflammes, Qui guerroions, comme faifoient jadis gance, < Ouvrons le Champ, à quiconque envieux Après qu'un Hérault eut déclaré au Duc & aux Chevaliers Tenans, que des Etrangers armez de toutes Piéces, demandoient à être introduits dans le Champ, & qu'on l'eut permis, la porte leur en fut ouverte. Alors les Quadrilles des Seigneurs Bourguignons, les Chets à leurs têtes, pafferent devant le Duc de Bourgogne & toute la Cour, qu'ils faluerent de la Lance, la vifiere du Cafque hauffée. Les quatre Quadrilles des Etran Les moins nombreuses que les autres, mais auffi brillantes, & peut-être mises d'un goût plus fin & plus recherché, firent la même cérémonie, à cette différence près, que leurs Chefs avoient la vifiere baiffée. Chacun fut ensuite prendre fon pofte. Le Comte de Rethel eut à com. battre le Baron de Beaufremont'; le Sire de Couci, le Châtelain de Fajel; onque envieux oms glorieux, par Lance = de vaillance. t eut déclavaliers Te rs armezde oient à être p, & qu'on leur en fut adrilles des s, les Chefs devant le • toute la de la Lane haussée. des Etranes que les lantes, & ic plus fin t la même ence près, la vifiere aite pren ut à com. remont; celain de Fajel ; Fajel; le Grand Sénéchal des Barres, le Noble de Vienne; & le Maréchal du Mez, le Preux de Vergi. On donna le fignal. Auflitôt les quatre Affaillans & les quatre Tenans, partirent au fon des Trompettes & autres Inftrumens de Guerre. Ils fe chocquerent fi rudement dans le milieu de la Lice, que les Lances volerent en éclats. Ils en prirent de nouvelles des mains de leurs Ecuïers; mais elles eurent le même fort. Dans l'inftant que chaque Parti prenoit une demi volte pour mettre l'épée à la main & le charger de nouveau, le Hérault leur cria, de la part du Duc, de n'aller pas plus avant, & de venir recevoir les ordres. Its obéirent. Les Affaillans parurent en fa présence, en relevant, avec une inclination respectueule, la vifiere de leurs Casques. Le Duc de Bourgogne leur donna des loüanges très-flateules, mais congûës en termes bien ménagez, pour ne pas blefler la délicateffe des Tenans, à peu près dignes des mêmes Eloges; après quoi Hugues, adreffant A7 à tous la parole, leur dit: Que les fuites de ces Combats, où il n'entroit aucune animofité, devenoient quelquefois trop fâcheufes; que les Dames étoient encore effraïées du péril qu'ils avoient couru; qu'il falloit les raffurer & les divertir par des Jeux moins dangereux & & plus agréables. L'on commença donc les exercices du Carousel Si dans les Tournois les Seigneurs. François n'avoient pas eu un avantage fenfible fur les Seigneurs Bourguignons, dont la force & la fermeté avoient égalé la leur ; dans le Caroufel, les François parurent avoir plus d'adreffe & de graces: fur tour le Sire de Couci y brilla, & remporta le prix de la course de Bagues, du Javelot, & du jeu de Cannes. A cette journée de spectacle, en fucceda une de repos. Le Duc de Bourgogne ordonna enfuite que les Troupes fortiroient du Camp tousles deux jours. C'étoit un coup d'œil digne de la curiofité des Etrangers, que de voir ces Compagnies d'Ordonnance, fe percer, & |