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a foeur, la défendit long-tems. Il oppofa à mon pere la maniere dont elle recevoit les foins de Guebriant, & le deffein où elle paroifloit être de recompenfer farelpectueufe tendreffe. Il eft vrai que Madame de Rofoi, depuis quelque tems, n'alloit que très-rarement à la Cour, & qu'invifible chez elle à tout le monde, elle ne voioit que Guebriant. Après une longue con verfation, le Vicomte convaincu, dit à mon pere: Il faut,, fa here! fans paroître fçavoir le motif odieux des retardemens de ma foeur, la contraindre à confentir au retour du Comte votre fils: il faut qu'inceffamment, elle le rende poffeffeur d'un bien, qui felon les loix de l'honneur, lui appartient. Hélas.! le Vicomte n'exécuta que trop bien ce projet. Illui parla, & d'un ton fi ferme, qu'elle lui promit enfin de m'écrire, pour m'annoncer mon bonheur, & pour me rappeller. Elle lui demanda feulement deux jours, en l'affurant qu'en la préfence, elle exécuteroit la parole qu'elle lui donnoit. Le Vicomte

V

dit à mon pere ce qu'il avoit obtenu de Madame de Rofoi. Ce court délai ne leur parut point fufpect: il fut cependant trop long, ce fatal délai, & vous allez l'apprendre.

Le jour que Madame de Roloi devoit m'écrire, mon pere me dépêcha un Courier: il m'ordonnoit de partir fur le champ, & de me rendre auprès de lui; il n'y avoit rien de plus dans fa lettre. Cette briéveté m'allarma; je n'ofai jamais me flatter que ce rappel précipité, & dont on me taifoit le fujet, m'annonçât quelque chofe d'heureux. J'arrive, j'entre. Mon pere, en m'embraffant tendrement, me couvrit le vifage de larmes, en me difant,après avoir étéun moment fans pouvoir parler: Ah! mon fils , quelle nouvelle ai-je à vous apprendre? Mon pere! m'écriaije avec un effroi mortel, qu'avezvous à me dire? Mon fils, repritil en me ferrant toujours dans fes bras, armez-vous de toute votre fermeté, vous en avez befoin: il n'eft plus d'Alix pour vous!Qu'en

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entends-je, dis-je en reculant Jufte Ciel! Alix feroit-elle morte! Oui, mon fils, me repliqua mon pere elle eft morte pour vous mais hélas! l'infortunée vivra pour un autre ! Alix eft enlevée..... Alix eft enlevée, repris-je! Hé: quel eft fon infolent Raviffeur ! Nommez-le moi. Robert de Dammartin vient de vous la ravir, repartit mon pere. Alix eft morte pour vous mon fils ce rapt a rendu pour jamais cette refpectable fille, indigne de Roger. Hélas! on nous l'enleve à tous deux! on nous porte également un coup mortel! Mais, mon fils,par pitié pour un pere qui vous aime uniquement, aïez plus de force que moi: foïez affez grand pour foutenir ce coup fatal: n'augmentez pas ma douleur: foïez touché du trifte état où je fuis. Mon pere me voïant renverfé dans un fauteuil les yeux égarez, me prit tendrement les mains, & me dit: Mon fils, mon cher Roger, respectez ma vieilleffe; que les tendres fentimens de la nature modérent un défefpoir, qui Tome I. K

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me mettroit au Tombeau fi vous vous y abandonniez! Mon pere eut le tems de parler autant qu'il voulut; ma douleur & ma rage ne me laiffoient pas la liberté de l'interrompre. Après avoir long-tems gardé un morne filence, je m'écriai: Alix eft enlevée Robert m'arrache un bien fi précieux ! Hé bien! arrachons lui la vie, ou qu'il me délivre de celle que je déteste fans Alix. Où eft-il? Oùa-t'il conduit cette infortunée victime de fa violence? Courons le chercher. Que je la vange! Que je meure, où qu'il périffe! Mon pere voïoit, avec une fenfible affliction cruel état où j'étois ; mais il ne chercha plus à calmer mes transports. Il me laiffa gémir, m'emporter, jurer la perte de Robert, & former mille projets extravagans, fans s'y oppofer: il voulut attendre que je fufle en état de l'écouter; enfin, je tombai dans l'accablement où il me défiroit. Je lui demandai alors d'une voix baffe & étouffée, comment Mademoiselle de Rofoi avoit été enlevée:

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levée après m'avoir inftruit de tout ce qui s'étoit paffé depuis le jour de fon arrivée, comme je vous l'ai raconté, voici ce qu'il. m'apprit.

Le jour qui préceda celui où Madame de Rofoi devoit vous écrire, me dit mon pere, elle alla chez la Reine Mere: elle y resta jufqu'à minuit. En fe retirant avec fa fille, elle fut arrêtée par dix ou douze hommes armez. Alix effraiée, fe jetta dans les bras de la mere, d'où ces perfides l'arracherent & disparurent dans le mo

ment.

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On fçut d'abord, par la démar che de Renaud que Robert de. Dammartin étoit le Raviffeur de la. malheureuse Alix. Renaud vint fe jetter aux pieds du Roi pour le juftifier, & le fupplier de ne pas le croire complice du crime de fon frere il affirma même avec ferment qu'il n'avoit eu aucune connoiffance de fa téméraire entreprise.

Le Roi, qui veut qu'on refpecte les Loix, touché de votre malheur,

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