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C. S. pourroit trouver les moyens de ft CURION. fauver. Les fers dont il étoit chargé y étoient un obftacle, & il fallut le lever. Comme fes pieds s'enfloient confiderablement, il pria fes gardes de lui en laiffer un libre, afin qu'ils puffent fe défenfler l'un après l'autre. L'ayant obtenu il fe forma une fauffe jambe, qu'il garnit de bas & de fouliers, & lorfqu'on vint pour lui tranfporter les fers d'un pied à un autre, il eut l'adreffe de les faire mettre à cette fauffe jambe. Se trouvant par-là entierement libre, il attendit Ja nuit que fes gardes fuffent endormis profondément. Il ouvrit alors la porte de la chambre & fauta par une fenêtre affez baffe dans la rue. Ses gardes s'étant apperçus le lendemain de fon évafion, publierent partout qu'elle s'étoit faite par magie; mais Curion découvrit la verité dans un Dialogue qu'il publia fous le titre de Probus

Il ne fut plus alors question de fonger à la fucceffion paternelle, mais de s'écarter de ces lieux où il ne fai foit pas bon pour lui. Le plus für étoit de fortir entierement de l'Italie,

mais il y étoit trop attaché, pour fe C. S: déterminer fi facilement à le faire. II CURION. fe propofa d'abord d'y chercher an lieu de retraite, on il pût vivre inconnu; il crut l'avoir trouvé à Salo dans le Duché de Milan, & il s'y rendit avec fa femme & fes enfans.

Quelques Seigneurs de Milan & de Pavie, qui paffoient l'Eté dans leurs maifons de campagne, le déterrerent bien-tôt dans ce lieu, &c. l'engagerent comme malgré lui à aller à Pavie,& à y profeffer les BellesLettres.

Dès qu'on fçut qu'il étoit dans cet te Ville, les Inquifiteurs eurent ordre de fe faifir de lui, mais ils furent trois ans entiers fans en pouvoir venir à bout, parce qu'il demeuroit chez un des plus qualifiés du Pays où l'on ne pouvoit l'arrêter, & que fes Ecoliers venoient en foule le prendre pour le conduire à fon Ecole, & le reconduifoient de même..

Enfin le Pape ayant ordonné fous peine d'excommunication au Sénat de Pavie de l'arrêter, on lui facilita les moyens de fortir de la Ville, & il fe retira à Venife. Comme le féjour

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C. 8. de cette Ville ne lui parut pas affez CURION. fûr, il paffa à Ferrare, où il vit la Ducheffe Renée de France, qui lui confeilla de s'en aller à Lucques.

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Il fut effectivement bien reçû dans cette Ville & on lui donna une Chaire de Profeffeur; mais il n'y avoit pas un an qu'il y étoit, lorsqu'il vint de la part du Pape des ordres au

Sénat de le faire arrêter. Le Sénat ne jugea pas cependant à propos d'en ufer fi feverement, & fe contenta de lui faire dire de fe retirer.

Curion vit bien alors qu'il lui falloit fortir pour toûjours de l'Italie. Ainfi ayant pris des Lettres de recommandation de la Ducheffe de Ferrare, il fe rendit en Suiffe, où il fut fait Principal du College de Laufanne.

Il avoit laiffé fa femme & fes enfans à Lucques, parce qu'il étoit incertain du lieu où il fe retireroit ; mais ayant trouvé une demeure fixe, il jugea à propos de les aller chercher. Il fe rendit pour cela à Pessa; lieu voifin de Lucques, où il n'ofoit pas aller ; pendant qu'il les y attendoit, il vit durant fon dîner entrer

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C. S.

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dans fa chambre le Barigel, qui lui déclara qu'il l'arrêtoit de la part du CURION. Pape. Curion voyant qu'il n'y avoit pas moyen de s'évader, fe leva de table, & alla à lui avec fon couteau qu'il tenoit alors à la main. Le Barigel crut qu'il s'approchoit pour fe défendre, & en eut une telle peur, qu'il tomba évanoui. Curion profita de cette circonftance, defcendit auffitôt, & paffant au milieu des Sbirres qui étoient poftés fur l'efcalier fans en être reconnu, monta à cheval & s'enfuit. Il rejoignit ailleurs fa femme & fes enfans, qu'il emmena avec lui à Lausanne.

Après quatre années de féjour en cette Ville, il passa en 1547. à Basle, où on lui donna une Chaire de Profeffeur en Eloquence & en BellesLettres, qu'il remplit avec beaucoup de réputation pendant ving-deux ans, c'eft-à-dire jufqu'à fa mort. Il s'étoit fait recevoir auparavant Maître èsArts, pour le conformer aux Reglemens de l'Univerfité de cette Ville qui permettent feulement à ceux qui y ont quelque dégré, d'y être Profeffeurs.

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C. S.

Plufieurs Souverains firent en dif

CURION. ferentes occafions des tentatives pour attirer Curion dans leurs Etats; mais il étoit trop attaché à l'Univerfité de Basle pour accepter les offres les plus avantageufes qu'ils lui firent faire ; & rien ne put jamais ébranler la réfolution qu'il avoit faite de finir fes jours dans cette Ville.

Il y mourut le 24 Novembre 1569. dans fa 67e. année.

De treize enfans, qu'il eut de fa femme Marguerite Blanche Ifaci, fept feulement parvinrent à un âge mûr quatre fils & trois filles, dont je dirai quelque chofe plus bas.

Catalogue de fes Ouvrages.

1. Nucis Encomium. Il fit ce petit Ouvrage dans fa premiere jeuneffe. Je ne fçai quand il a paru, non-plus que le fuivant.

2. Probus, Dialogus; j'ai marqué ci-deffus l'occafion qui lui fit compofer ce Dialogue.

3. C.Sec. Curionis Opufcula. Bafilea 1544. in-8°. Les Opufcules contenus dans ce Volume font les fuivans.

Araneus, five de Providentia Dei.
Libellus de Immortalitate animorum.

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