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funt fanctorum Reliquie.

C. S: Enfin voyant approcher un jour où CURION.

l'on devoit porter ces Reliques en proceffion, il crut ne devoir pas s'expofer au peril qu'il couroit par la découverte de leur vol, & s'enfuit vers Milan, d'où il paffa à Rome, & en plufieurs autres Villes d'Italie.

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Après avoir fatisfait fa curiofité, il retourna à Milan, où il demeura plufieurs années, occupé d'abord à s'inftruire, & enfuite à inftruire les autres; & il s'y acquit l'eftime & l'amitié de plufieurs perfonnes de confideration. Il s'y fit furtout beaucoup d'honneur dans une pefte violente qui attaqua cette Ville rage avec lequel il s'expofa au danger pour affifter les malades, & par charité avec laquelle il répandit fur les pauvres les liberalités qu'on lui faifoit.

, par

le cou

la

La réputation qu'il acquit par-là lui procura en 1530. un mariage avantageux, & on lui fit époufer une jeune Demoiselle Noble nommée Marguerite Blanche Ifaci,.

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Après avoir fait cet établiffement, il fongea à fe retirer en quelque Vil

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C. S.le d'Italie, dont le féjour fût plus CURION. tranquille, qu'il ne l'étoit à Milan, & choifit Cafal Ville Capitale du Montferrat. Il y demeura quelques années, au bout defquelles fes amis le folliciterent de retourner dans fa patrie, où fa préfence étoit neceffaire, parceque tous fes freres étoient morts. qu'il lui revenoit par-là une groffe fucceffion, & que la feule fœur qui lui reftât s'étoit emparée de tout.

Il alla donc faire un tour dans fon

pays,
où fa fœur & fon mari le re-
çurent fort bien, croyant qu'il n'y
étoit venu que pour voir fes amis, &
fans aucun deffein de leur faire ren-
dre compte. Mais lorsqu'il commen-
ça à entamer cette matiere, ils chan-
gerent entierement de conduite à
fon égard. Sa four lui fit d'abord
entendre qu'il n'étoit pas en fûreté à
Moncallier, & qu'on pouvoit lui fai-
re des affaires, par rapport à la Reli-
gion ; & le détermina par-là à fe reti-
rer dans un lieu du voifinage nommé
Ramoni, qui appartenoit à un Claude
de Savoye. Ce qu'il fit d'autant plus.
volontiers, qu'il croyoit pouvoir y
arranger fes affaires avec fa fœur fans

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C. S.

aucun peril, & retourner à Moncal

lier, quand les bruits qui s'étoient CURION. répandus fur fon fujet feroient diffipés.

Au refte , pour n'être point enrement oifif en ce lieu, il fe char gea de l'inftruction de quelques jeunes gens de la premiere Nobleffe du pays, & acquit auffi l'amitié de leurs parens.

Un jour qu'il étoit dans un Villa ge voifin, avec quelques perfonnes de confideration, il y entendit precher un Jacobin, qui y étoit venu de Turin pour cela. Ce Moine s'emporta violemment contre les Lutheriens, & fans s'embaraffer s'il n'alloit pas au-delà de la verité,en vint jufqu'à dire que Luther n'étoit bien reçû en Allemagne, que parce que fous prétexte de la liberté Chrétienne, il permettoit à fes fectateurs de s'abandonner à toutes fortes de defordres: qu'outre cela il nioit que Jefus-Chrift fût Dieu, & fût né d'une Vierge.

Lorfque le Sermon fut fini, Curion choqué des difcours du Jacobin } demanda au Curé permiffion de dire quelque chofe; lorfqu'il l'eut obte

C. S.nu, Vous avez, mon Pere, dit-il au CURION. Moine, attribué à Luther de terribles chofes ; mais en quel endroit les dit-il ? pouvez-vous me marquer le Livre où il ait enfeigné une telle doctrine ? Celui-ci lui répondit qu'il ne pouvoit le lui marquer fur l'heure; mais qu'il n'avoit qu'à venir avec lui à Turin, & qu'il les lui feroit voir, avec d'autres encore plus mauvaises. Et moi, dit Curion, je m'en vais vous faire voir le Livre & l'endroit, où bien loin de dire ce que vous lui attribués, il enfeigne précifément le contraire. Là-deffus il tira de fa poche le Commentaire de Luther fur l'Epître aux Galates, & lut devant le peuple quelques endroits qui contredifoient les difcours du Moine.

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Cette lecture fouleva alors tout le monde contre cet ignorant, qui s'étoit mêlé de parler de ce qu'il ne fçavoit pas, & caufa une émeute parmi la populace, qui s'étant jettée fur lui le chargea de coups, & l'auroit affommé, fans le Curé, qui lui facilita les moyens de fe fauver à Turin.

Il n'y fut pas plûtôt arrivé, qu'il porta fes plaintes à l'Inquifiteur, &

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l'Evêque. Celui-ci envoya fur le C. S champ arrêter Curion, & on com- CURION. [ mença à lui faire fon procès. On rappella l'enlevement des Reliques de l'Abbaye de S. Benigne, & le deffein qu'il avoit eu de fe retirer en Allemagne, & il fembloit que rien ne pouvoit le fouftraire aux peines les plus rigoureufes. Cependant l'Evêque fçachant que les principaux de la Ville étoient portés pour lui voulut point fe rendre refponfable de l'évenement, & alla à Rome dans le deffein d'en parler au Pape, afin de ne paroître agir en tout cela par fes ordres.

ne

que

Pendant fon abfence, celui qu'il avoit chargé de la garde de Curion voulant le mettre plus fûrement, & dans un lieu qui fût ignoré de tout le monde, le fit tranfporter de nuit dans une maifon particuliere, où il fut enfermé dans une chambre avec les fers aux pieds, & gardé à vûë.

Le lendemain Curion reconnut qu'il avoit demeuré dans fon enfance, dans la même maison, & dans la la même chambre où il étoit; & cette circonstance lui fit efperer qu'il

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