propofition. Encore un pas, & la démonftration eft complete.

3°. On ne peut démontrer aucune contradiction qu'autant qu'on peut démontrer une claire oppofition entre des idées claires & diftin&tes :

Mais on n'a pas des dogmes & des myfières de la Foi d'idées claires & diftinétes:

Donc on ne peut démontrer aucune contradiction dans les dogmes & les myftères de la Foi.

La premiére propofition de ce troifième raifonnement n'eft que la définition de la contradiction; définition avouée de tout le monde. La feconde propofition eft la même qui a fait la conclufion du premier raifonnement; & cette feconde propofition montre que la conclufion eft contenue dans la premiére propofition. Donc la conféquence eft infaillible; & il s'enfuit néceffairement qu'on ne peut pas démontrer de contradiction dans les dogmes & les mystères qui font au-deffus de la Raifon, tels que les dogmes & les mystères de la Foi, & qu'il eft même contradictoire qu'on puiffe y en démontrer, à ne confulter les idées tranfcendantes propres de ces que dogmes & de ces mystères.

Je fçais que ce principe de Saurin ne lui eft pas particulier, & que de tous les tems il a été employé pour le fond par les Théologiens, pour écarter les reproches de contradiction qu'on pré

tendoit trouver dans les idées des mystères. Aufsi je ne l'expofe comme étant propre de Saurin que parce que j'aurai occafion de l'employer contre lui-même, & contre tous les autres Proteftans qui veulent montrer des contradictions dans les myftères Euchariftiques; mais je ne dois pas diffimuler, ni même traiter légèrement les difficultés qu'on propose contre la vérité de ce principe.

Cette fuite de raifonnemens n'eft, dit-on, qu'une fuite de fophifmes; car, quelque élevés au-deffus de la Raifon que foient les mystères de la Foi, il fuffit que les termes destinés à les énoncer préfentent quelque idée, pour qu'on puiffe démontrer de la contradiction dans ces idées, s'il s'y en trouve véritablement. Or, de notre aveu, les termes deftinés à énoncer les mystères de la Fof, préfentent quelque idée; donc on y peut démontrer de la contradiction, s'il s'y en trouve véritablement. Mais, continue le Déifte, ces contradictions font fenfibles & palpables. Je réponds que la tranfcendance des idées que préfentent les termes deftinés à énoncer les myftères de la Foi, ne permet pas d'en rien affurer, ni d'en rien nier, en conféquence des feules lumières de la Raison; & que la feule autorité de Dieu qui parle & fe révèle, peut fixer à cet égard le jugement de l'homme d'où il s'enfuit qu'il eft

er

impoffible d'y démontrer de la contradiction;

car, qu'est-ce que démontrer une contradiction

qui ne se manifeste pas d'abord par la feule pénétration des termes? C'eft par l'analyse & le développement des idées, prouver, en allant toujours de conféquence en conféquence, qu'on ne peut affurer ou nier une propofition, fans être enfin réduit à admettre le oui & le non, par rapport au même objet & aux mêmes égards. Mais cette analyfe & ce développement d'idées fuppofent des idées claires & complettes, au moins quant à l'effence & la nature de l'objet qu'on veut analyser. Or, les objets de la Foi ne préfentent pas, quant à leur nature, des idées claires & complettes; car autrement ils ne seroient pas au-deffus de la Raifon. Donc il eft impoffible d'en faire l'analyse, & conféquemment de démontrer par cette analyse la contradic

tion.

,

J'avoue que quelque tranfcendantes que foient les idées de la Foi, fi l'on joignoit aux mêmes idées & aux mêmes égards l'affirmation & la négation on pourroit en démontrer la contradiction, ou plutôt elle fe démontreroit d'elle-même; mais cette démonftration ne tomberoit que fur l'évidence de l'affirmation & de la négation réu

Voyez Jaquatriè

égards, & non fur les idées que j'appelle tranf cendantes.

Dans les chofes naturelles, & qui font du reffort de la Raifon humaine, quand on y apperçoit de la contradiction, ce peut être à deux titres; ou à raifon de l'évidence de l'affirmation & de la négation réunies par rapport aux mêmes termes & aux mêmes égards, foit qu'on ait une idée claire & complette de ces termes, foit qu'on n'en ait pas une idée claire & complette; ou en conféquence des idées claires & complettes des termes confidérés intrinféquement, & dont, par une fuite d'illation, on fait voir la contradiction.

Mais dans les chofes élevées au-deffus de la me Pro- Raifon, tels que les mystères de la Foi, comme pofition.

il n'y a entr'elles & les chofes naturelles que de la relation, plutôt que de la proportion, ainfi que nous le dirons dans la fuite, la contradiction ne peut être démontrée par les idées claires & complettes des termes propres à énoncer les myftères, mais feulement par l'évidence de l'affirmation & de la négation réunies par rapport au même objet & aux mêmes égards. Or, les Incrédules ne peuvent pas fe flatter, comme nous le verrons bientôt, de démontrer dans les mystères aucune contradiction par l'évidence de l'affirma

tion & de la négation réunies par rapport au même objet & aux mêmes égards; mais la propofition de Saurin prife dans le fens naturel, qui eft le feul dans lequel je l'adopte, ne regarde que l'impoffibilité de démontrer de la contradiction dans les mystères, à ne confidérer que les idées attachées aux termes destinés à énoncer les mêmes mystères.

la troisiè

me Pro

Au refte, cette propofition revient affez, & peut fe réduire à celle de faint Bernard, que je développerai ailleurs, lorfqu'il dit : « Qu'y a-t-il voyez » de plus contre la Raison, que de vouloir s'éle»ver par la Raifon au-deffus de la Raison même » position. Quid enim magis contra Rationem, quàm Ratione Rationem conari tranfcendere? Mais voila ce qui arrive aux Incrédules, lorfque, raifonnant fur le fond des mystères, ils entreprennent de démontrer de la contradiction par les feules idées de l'intimité des objets mystérieux.

Mais, reprend-on, les idées que la Foi nons donne des mystères font fuffifantés pour nous mettre en état d'en faire voir la convenance avec la Raifon; donc ces mêmes idées doivent être fuffifantes pour nous mettre en état d'en faire voir la contradiction

tablement.

s'il s'y en trouve véri

Je replique qu'en fait de mystères de la Foi,