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909.

AN. après le ferment qu'il avoit fait, de ne jamais monter fur le faint fiege; & l'acteur, c'eft àdire, le défenfeur en convient; mais il foutient que cette ordination n'a pas laiffé d'être valable, à caufe de l'utilité de l'églife qui doit être préférée au ferment d'un particulier. Or l'utilité publique y étoit, en ce qu'il ne fe trouvoit perfonne fi digne de remplir le faint fiege. Il fait P119 ainfi l'éloge de Formofe. Il a donné pendant toute fa vie un tel exemple de gravité, qu'il n'a jamais bu de vin, ni mangé de chair, & qu'il a gardé la virginité, ayant vécu jufqu'à quatre-vingts ans. Il a converti les Bulgares, foutenant fa prédication par la fainteté de sa vie. C'eft ce qui m'a paru de plus remarquable dans les écrits d'Auxilius.

XXIV.

Trofé.

En France, Hervé, archevêque de Rheims, fut Concile de confulté par Viton, archevêque de Rouen, comment il en devoit ufer avec les païens convertis, qui après le baptême étoient retournés à leurs fuperftitions; & avec ceux qui n'avoient Flod. iv. pas encore été baptifés. C'étoit des Normands hift. c. 14. qui, pour s'établir en France, commençoient à fe faire chrétiens. Hervé envoya pour réponse to. 9. conc. un recueil de plufieurs autorités de S. Grégoire, P. 484. d'autres peres & de quelques hiftoires peu authentiques, divifé en vingt-trois articles.

to 9. conc. p. 520.

Hervé tint plufieurs conciles avec les évêques de fa province; mais nous n'avons les décrets que de celui qu'il tint à Troflé près de Soiffons, le vingt-fixieme de Juin 909. indiction douzieme. Ses fuffragants y affifterent, & on y voit les foufcriptions de douze prélats. Hervé, archevêque de Rheims, Viton ou Gui de Rouen, Raoul, évêque de Laon, Erluin de Beauvais, Robert de Noyon, Letolde de Châlons, Abbon de Soiffons, Etienne de Cambrai, Hubert de Meaux, Otfrid de Senlis, Etienne de Térouane

rolane & Oger d'Amiens. Les décrets de ce concile font diftribués en quinze chapitres : qui font plutôt de longues exhortations, que des canons & qui font voir le trifte état de

l'églife.

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AN. 909

p. 5230

Dès la préface on en parle ainfi : Les villes p. 523. A. font dépeuplées, les monafteres ruinés ou brûlés, les campagnes réduites en folitude. Enfuite: Comme les premiers hommes vivoient fans loi & fans crainte, abandonnés à leurs paffions, ainfi maintenant chacun fait ce qu'il lui plaît méprifant les loix divines & humaines, & les ordonnances des évêques les puiffants oppriment les foibles, tout eft plein de violences contre les pauvres, & de pillages de biens eccléfiaftiques. Et afin qu'on ne croie pas que nous nous épargnons, nous qui devons corriger les autres; nous portons le nom d'évêques, mais nous n'en rempliffons pas les devoirs. Nous négligeons la prédication nous voyons ceux dont nous fommes chargés abandonner Dieu, & croupir dans le vice, fans leur parler, & fans leur tendre la main ; & fi nous les voulons reprendre, ils difent, comme dans l'évangile, que 14 nous les chargeons de fardeaux infupportables, & n'y touchons pas du bout du doigt. Ainsi le troupeau du Seigneur périt par notre filence. Songeons quel pécheur s'ett jamais converti par nos difcours, qui a renoncé à la débauche, à l'avarice, à l'orgueil. Cependant nous rendrons compte inceffamment de cette négociation qui nous a été confiée, pour en apporter du profit.

,

Matth.

Dans la fuite on décrit ainfi la décadence des c. 6. monafteres. Les uns ont été ruinés ou brûlés par les païens, les autres dépouillés de leurs biens, & prefque réduits à rien: ceux dont il refte quelques veftiges ne gardent plus aucune Tome XL Bb

forme de vie réguliere. Les moines, les chanok AN. 909 nes, les religieufes n'ont plus de fupérieurs légitimes, par l'abus qui s'eft introduit de les foumettre à des étrangers; c'eft pourquoi ils tombent dans le déréglement des mœurs, partie par pauvreté, partie par mauvaise volonté. Ils oublient la fainteté de leur profeffion, pour s'appliquer à des affaires temporelles. Quelquesuns preffés par la néceffité, quittent les monafteres, & bon gré malgré, se mêlant avec les féculiers, vivent comme eux ; ils n'ont aucun mérite qui les diftingue du peuple, & la baffeffe de leurs occupations les rend méprisables. Nous voyens dans les monafterés confacrés à Dieu, des abbés laïques, avec leurs femmes, leurs enfants, leurs foldats & leurs chiens. Comment de tels abbés feront-ils obferver la regle qu'ils ne favent pas même lire? Cependant ils prétendent juger de la conduite des prêtres & des

moines.

Nous ordonnons donc que l'obfervance foit gardée dans les monafteres, fuivant la regle & les canons; que les abbés foient des religieux inftruits de la difcipline réguliere, & que les moines & les religieufes vivent dans la fobriété, la piété & la fimplicité; priant pour les rois, pour la paix du royaume & la tranquillité de l'églife, fans en troubler la jurifdiction, ni affecter les pompes du fiecle. Car on dit que quelques-uns portent des ornements, qui fervient indécents à de bons laïques: que non contents des biens communs, ils veulent en avoir en propre, & faire des gaiss fordides. Or afin de leur retrancher tout prétexte d'aller dehors & de commettre de tels abus, les abbés auront foin de leur fournir felon la regle tout le néceffaire pour la nourriture & le vêtement.

..5. Le concile s'étend enfuite fur le refpect dû

aux perfonnes eccléfiaftiques, les mépris & les outrages auxquels ils étoient alors expofés, & AN. 909, le pillage des biens confacrés à Dieu: puis il s. 4. ajoute: Il y en a qui fur ces biens facrés de- " G. mandent aux prêtres mêmes des cens & d'autres exactions, des préfents, des repas, de leur fournir des chevaux ou d'en engraiffer: quoiqu'ils ne doivent exiger pour ces biens que le fervice fpirituel. C'étoit fans doute les patrons, qui en nommant des curés, leur impofoient ces charges. Le concile déclare, que les biens des églifes, c'est-à-dire les dîmes les prémices & les oblations, font exempts de tous droits fifcaux & feigneuriaux; pour être administrés par les prêtres, fous les ordres des évêques, Nous ne prétendons pas toutefois, ajoute-t-il, que les évêques foient maîtres abfolus de ces biens, au préjudice des feigneurs; ils n'en ont que le gouvernement, & nous ordonnons à nos prêtres de rendre à ceux dans la feigneurie defquels font les églifes, le refpect convenable, fans arrogance ni contention. Ils doivent fans

Judice du miniftere fe rendre agréables à leurs feigneurs & à leurs paroiffiens, dont les oblations les font vivre, & leur rendre avec l'humilité convenable les fervices fpirituels, qu'ils devroient rendre gratuitement, quand même ils n'en recevroient aucun fecours temporel. On montre enfuite, que la dîme doit être payée de tous les biens, même du trafic & de l'induftrie.

Le concile condamne en général les rapines, & les pillages alors fi fréquents: puis le rapt & les mariages clandeftins: la débauche, non Cu lement dans les eccléfiaftiques, à qui il dol la fréquentation des femmes, mais enco tous les chrétiens. Il condamne les parju les vains jurements, prefque auffi fréquen,

An. 909. 6. 12.13.

les autres paroles les inimitiés, fource des meurtres, qui s'étendoient jusques fur les évêques. Là on renouvelle l'excommunication contre les meurtriers de l'oint du Seigneur, c'eft14. à dire, de l'archevêque Foulques. Le concile ajoute Cette mauvaife coutume s'eft introduite chez nous, qu'auffi tôt qu'un évêque est mort, les plus puiffants s'emparent, des biens de l'églife, comme s'ils avoient appartenu en propre à l'évêque : quoique même, en ce cas, ce fût contre toute raifon. C'eft pourquoi nous défendons à l'avenir ce facrilege, par l'autorité de Dieu & des Saints qui regnent avec lui.

6.15.

Et enfuite: Le faint fiege nous a fait savoir qu'en Orient regnent encore les erreurs & les blafphêmes d'un certain Photius, qui dit que le Saint-Efprit ne procede pas du Fils, mais feulement du Pere: c'eft pourquoi nous vous exhortons à étudier dans les peres & dans l'écriture de quoi détruire cette erreur qui veut renaître.

:

Ces décrets finiffent par une exhortation générale où les évêques difent: Il est arrivé par notre négligence, notre ignorance & celle de nos confreres, qu'il fe trouve dans l'église une multitude innombrable de perfonnes de tout fexe & de toutes conditions qui arrivent à la vieilleffe, fans être inftruits de la foi jufqu'à ignorer les paroles du fymbole & de l'oraifon dominicale. Quand il paroîtroit quelque chofe ils de bon dans leur vie, comment peuvent faire de bonnes œuvres fans le fondement de la foi ? Le reste eft un abrégé de la foi & une exhortation à fuir le vice & à pratiquer la vertu. En général on voit dans les décrets de ce concile beaucoup de fcience eccléfiaftique & de piété.

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