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faites en forte qu'une telle mefure vuidée vingt-cinq fois dans le matras, le rempliffe jufqu'à la hauteur de deux ou trois doigts au-deffus de la naillance du col; il faut pour cela être muni d'un certain nombre de ces chalumeaux un peu plus grands les uns que les autres, & les éprouver jusqu'à ce qu'on en trouve un qui convienne. Nouez un fil ciré fur le col du matras à l'endroit où finit la vingt-cinquieme mefure: ajoutez-en une vingt-fixieme, & marquez-la encore avec un pareil fil; après quoi vous ôterez cette derniere mefure d'eau, foit en inclinant le màtras, foit en la pompant avec un chalumeau.

Cela étant fait, tirez le matras hors de la glace, & après l'avoir effuyé par-dehors, tenez-le à cinq ou fix pouces de diftance, au - deffus d'un réchaud plein de charbons bien allumés, qui ne faffe ni flamme ni fumée, en l'élevant & l'abaiffant fréquemment, jufqu'à ce que le verre & l'eau aient acquis un degré de chaleur un peu fort; après quoi vous pourrez l'approcher plus près du feu fans crainte de caffer le vaiffeau :

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quand l'eau commencera à bouillir foyez attentif à éloigner le matras du feu, parce qu'une forte ébullition feroit fortir l'eau par le haut du col; mais quand cela fera tout prêt à arriver, vous ferez voir que l'eau dans cet état eft montée jufqu'au fecond fil; ce qui prouve que fon volume eft augmenté d'un : & fi vous laiffez enfuite bouillir cette eau librement, en y plongeant un petit thermometre gradué felon l'échelle de M. de Réaumur, vous ferez voir que la liqueur monte jufqu'à quatre-vingt degrés.

Quand on plonge un thermometre d'efprit-de-vin dans l'eau bouillante, il faut le faire avec précaution, & par plufieurs immerfions de peu de durée; car, comme cette liqueur bout à une moindre chaleur que l'eau, linftrument court rifque de fe caffer; il feroit plus sûr d'employer un thermometre de mercure, mais s'il fuit celui d'efprit-de-vin dans les degrés inférieurs, il le précede de cinq à fix degrés dans ceux d'en-haut, de forte que le terme de l'eau bouillante dans l'air libre, fe trouvé

quatre-vingt-cinq ou quatre-vingt-fix, ou même un peu plus.

Pour produire l'autre effet, c'eft-àdire, pour faire voir qu'il ne faut qu'une très-petite chaleur pour faire bouillir, de l'eau qui n'eft plus chargée du poids de l'atmosphere, joignez au récipient de la machine pneumatique un fiphon de verre A,PL. IV.Fig. 1,& à ce fiphon un matras B, de maniere que l'air ne puiffe point paffer par les jonctions. Cela peut fe faire avec des douilles de métal, comme C, D, qui s'attachent fur le verre avec du maftic, l'une ayant une vis & l'autre un écrou pour la recevoir, avec un anneau de cuir gras interpofé.

Mettez de l'eau dans le matras jufqu'aux deux tiers de fa capacité; appliquez le récipient à la machine pneumatique, & donnez cinq à fix coups de pifton pour raréfier l'air ; tandis que vous faites agir le pifton, que quelqu'un porte une caffetiere E pleine d'eau fort chaude fous le matras, & qu'il l'y faffe plonger à plufieur reprises, bientôt apres, l'eau bouillira fortement; & fi vous féparez le matras du fiphon, vous ferez voir

que cette eau verfée dans la main, n'eft qu'un peu plus tiéde.

Le fiphon dont il s'agit ici eft fait avec un tube de verre un peu épais & gros comme le doigt; on le plie à la lampe d'Emailleur, ou bien on fait rougir dans des charbons allumés l'endroit qu'il faut couder, comme je l'ai enfeigné Tome I, page 216. Quand on viffe ces pieces les unes aux autres, il faut les faifir par leurs viroles, fans cela on rifqueroit de les caffer ou de détacher le maftic. Pour donner plus de prife à la main, on fera bien de limer les viroles à pans par-dehors.

Troifieme Expérience.

XII.

LEÇON.

I Section.

La boîte cylindrique de métal, dont il eft parlé dans la préparation de cette expérience, eft ce qu'on appelle communément la marmite, ou le digefteur Pl.I. Fig. 3. de Papin: on peut faire cette machine dans différentes vues; on peut la deftiner à faire des expériences phyfiques, qui prouvent que l'eau peut s'échauffer de beaucoup au-delà du degré de chaleur qu'elle peut prendre quand elle eft dans un vaiffeau qui communique avec l'air libre; ou

bien on peut s'en fervir comme d'un moyen pour cuire ou amollir promptement quelque matiere végétale ou animale, pour tirer de ces matieres des fucs utiles, foit pour la nourriture des animaux, foit pour le fervice des arts: la premiere de ces deux deftinations exige que la machine foit capable d'une très-grande réfiftance; avec une grandeur médiocre, qui la rende maniable, il faut qu'elle foit très-épaiffe de métal, & fermée avec des précautions qui mettent hors de danger le Phyficien qui la met en œuvre & le Spectateur qui attend font effet. La feconde deftination, je veux dire l'ufage économique qu'on en voudroit faire, peut avoir lieu avec une machine de cette efpèce, dont le métal feroit moins épais, & qui feroit fermée avec moins de force, ayant moins d'effort à foutenir; elle auroit plus befoin d'une grande capacité, & on pourra la lui donner aux dépens de fon épaiffeur. Comme il ne s'agit ici que de Phyfique, je vais donner la conftruction d'un digefteur, avec lequel on pourra, fans danger, pouffer fort loin la chaleur de l'eau, & je ren

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