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Hou-han

ES prétentions de plufieurs Princes qui afpiroient au Thrône de la Tartarie, avoient oc- Après J. C. casionné la division de l'Empire des Huns. Le Lan 48. Tanjou Pou-nou, pour avoir voulu faire périr fe. Pé qui étoit de la famille Impériale, fut dépouillé d'une partie de fes Etats par ce Prince, qui avoit été informé affez à tems de ce qui fe tramoit contre lui, & affez heureux pour fe fauver. Pé étoit parvenu à raffembler auprès de lui huit Hordes des Huns qui demeuroient dans le Midi. Elles pouvoient former environ quarante ou cinquante mille fujets. Avec ces troupes il fut en état de réfifter aux dix mille hommes que le Tanjou

fic

Kam-mo.

envoyoit pour le combattre. On n'ofa l'attaquer, & ce Après J. C. premier fuccès augmenta le nombre de fes fujets, lui Hou-han- acquit une grande réputation dans la Tartarie, & détermina les chefs des huit Hordes à tenir une Affemblée générale, dans laquelle ils arrêterent que Pé feroit proclamé Tanjou, ce qui fut exécuté auffi-tôt, avec l'agrément & fous la protection de la Chine. Ce nouveau Monarque des Huns prit le titre de Hou-han-fie, & les Chinois le placerent à Moei-tfi du côté du Chanfy dans le Nord de l'Empire, pour y fervir de barriere contre les irruptions des Huns Septentrionaux & des Tartares Sien-pi. Çe Prince, dans le deffein d'affermir de plus en plus fon autorité, & de fe faire craindre davantage des Tin chou. Peuples du Nord, envoya des Ambaffadeurs à Kouamvou-ti qui regnoit alors dans la Chine, pour se déclarer folemnellement fon Vaffal. Cette marque extérieure de fa foumiffion n'en impofa pas aux plus fages d'entre les Miniftres Chinois. Ceux-ci n'envifageant que l'intérêt particulier de l'Empire qui avoit toujours été expofé aux infultes des Huns malgré les Traités, & prévoyant qu'il le feroit encore fi ces peuples devenoient puiffans, propoferent à l'Empereur de porter la guerre dans leur pays. Ils étoient d'autant mieux fondés à croire qu'elle feroit avantageufe aux Chinois , que les Huns par toutes les divifions précédentes, & plus encore par une famine qui achevoit de les ruiner, fe trouvoient confidérablement affoiblis. Mais l'Empereur préféra la paix à des fuccès incertains, & crut devoir laiffer ces Peuples fe détruire d'eux-mêmes. Il accorda fa protection au nouveau Tanjou, qui, fe fentant foutenu du côté du Midi, porta toutes fes forces dans le Nord. Les Huns n'eurent plus alors de plus grands ennemis qu'eux-mêmes. Ce ne fut plus la paffion extraordinaire qu'ils avoient de piller, mais une haine qui étouffant en eux tout autre motif, leur fit entreprendre une guerre dont la ruine entiere de l'Empire du Nord fut la fuite. Les Huns Septentrionaux furent détruits. Quelque tems après, ceux du Midi éprouverent le même fort, & la Chine se vit délivrée pour un tems de ces voir fins dangereux,

guer

L'an 49.

Hou-han

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Hou-han-fie envoya dix mille hommes dans les pays Septentrionaux. Cette armée y remporta une grande vic- Après J. C. toire fur le frere du Tanjou: la plupart des Peuples avec leurs chevaux & leurs beftiaux accoururent en foule vers le midi & fe foumirent à Hou-han-fie, pendant que leur Kam-mo. Prince étoit obligé de fe fauver plus avant dans le Nord Heou-hande la Tartarie. De fi grands fuccès firent craindre au chow、 Tanjou du Midi que les Chinois ne vouluffent prendre la deffense de ses ennemis ou ne s'allarmaffent de fa puiffance: il ne fe croyoit point encore affez appuyé du côté de la Chine, & il craignoit toujours que quelques foupçons de l'Empereur ne fiffent naître une nouvelle re. Pour fe délivrer de ces inquiétudes & s'attacher de plus en plus les Chinois: il prit le parti, en leur envoyant fes tributs, de faire demander qu'il fût permis à fon fils de se tranfporter à la Cour de la Chine pour y rendre hommage à l'Empereur, conformément aux anciens ufages. Cette L'an so flatterie fut cause que l'Empereur donna ordre auffi-tôt à plufieurs de fes Officiers de fe rendre auprès du Tanjou pour l'installer en cette qualité & établir fa Cour dans le pays d'Ou-yuen (a). Le Tanjou ne fut pas fatisfait de ce que les Chinois venoient lui donner un titre qu'il portoit fans eux. Cette cérémonie d'ailleurs exigeoit de fa part des marques de refpect & de foumiffion dont les Miniftres de l'Empereur étoient fort jaloux. Il auroit fouhaité pouvoir s'en difpenfer; mais il fallut obéir, aller ́ au-devant des Ambaffadeurs & recevoir les ordres de l'Empereur d'une maniére trop humiliante pour un Souverain. Le cérémonial étoit reglé pour ces fortes d'hom mages; & les Chinois qui étoient bien aifes de voir à leurs pieds les Monarques de la Tartarie, ne fe relâchoient en rien. Tout ce qu'il put obtenir fut que, pendant tout le tems que les Ambaffadeurs feroient à la Cour, il feroit difpenfé de les faluer. Il craignoit que ces Sujets, le regardant comme un homme vendu aux Chinois,

(a) Ou-yuen étoit alors un canton frué dans le territoire d'Yen gan-fou dang la Province de Chenfi,

Après J. C.
Hou-han-

fie.

Heou-hanchou.

Heou-ban-
chon.
Kam-mo.
Ven-bien-

tum-kao.

ne les méprifaffent & n'excitaffent de nouveaux troubles: il vint enfuite demeurer à Yun-tchong (a) dans le Chanfi d'où il envoya à l'Empereur des préfens qui confif

toient en chevaux & en chameaux.

Ce n'étoit pas fans fondement que le Tanjou appréhendoit que la guerre ne recommençât dans fes Etats. Un des principaux Officiers nommé Yue - kien frere du Tanjou du Nord, qui avoit été fait prifonnier dans la derniere action, ne cherchoit qu'une occafion favorable de porter les Peuples à la revolte. A la tête d'un parti confidérable dans lequel il avoit fait entrer cinq Chefs de Hordes méridionales avec tous leurs Sujets, il venoit de prendre les armes & commandoit une armée qui étoit d'environ trente mille hommes. Tous ces rebelles s'étoient retirés à trois cent li plus avant dans le Nord, où ils avoient donné à leur Chef le titre de Tanjou; mais cette revolte qui pouvoit avoir des fuites facheufes fut étouffée dès fon origine. La divifion fe mit parmi tous ces différens Chefs: ils fe détruifirent les uns & les autres ; le nouveau Tanjou fe tua lui-même, & ce qui resta de ce parti se sauva dans la Tartarie Septentrionale.

Čes troubles tenoient le Tanjou dans des allarmes continuelles du côté des Chinois. Il s'appercevoit que ces Peuples, qui avoient été expofés pendant fi longtems aux incurfions des Huns, n'ofoient encore se fier à lui & le regardoient comme un ennemi fecret à qui il ne manquoit qu'une occafion pour éclatter. Cette défiance réciproque des deux Nations pouvoit devenir un obstacle à l'établissement du Tanjou dans l'Empire du Midi, & relever le courage des Huns Septentrionaux. Il essaya de fe concilier de plus en plus les Chinois en leur envoyant fon fils. Ce fut pour lui une occafion d'obtenir de nouveaux préfens, qui confiftoient en habits, en chariots, en chevaux & en armes. L'Empereur y joignit un fceau que le Tanjou devoit porter comme une marque

de

(a) Yun-tchong eft le nom d'un canton du tems des Han, fitué dans le district de Ta-tong-fou dans la Province de Chanfi.

Hou-han

de fa foumiffion. Tous ces préfens étoient accompagnés d'une cinquantaine de Criminels que l'Empereur Kouam- Après J. C. vou-ti avoit tirés des prifons, & qu'il envoyoit avec un fie. Officier, fous prétexte de lui fervir de gardes: mais le vrai motif étoit d'obferver toutes fes démarches & d'en rendre compte aux Chinois. Peu de tems après l'Empereur lui envoya de nouveaux préfens, & il paroît que la tranquilité fut entiérement rétablie dans le Nord. Le Tanjou fit éclater fa joie & fa reconnoiffance envers l'Empereur dans les facrifices que les Huns avoient coutume d'offrir tous les ans aux Efprits du Ciel le cinquième jour de la premiere, de la cinquiéme & de la huitiéme Lune. Mettant en quelque façon l'Empereur au rang des Dieux protecteurs de fes Etats, il lui offrit un facrifice; il y eut dans cette Fête, où tous les Grands de la Nation étoient affemblés des courfes de chevaux. Il eut enfuite le bonheur de voir rentrer dans le devoir les fils des cinq chefs de Hordes qui s'étoient, retirés en Tartarie avec environ trois mille hommes. Le Tanjou du Nord que l'on avoit inftruit du deffein qu'ils avoient de paffer chez les Huns Méridionaux, les avoit fait poursuivre par un corps de Cavaliers, mais fes troupes furent prévenues par celles que Hou-han-fie avoit envoyées au fecours de ces Chefs. L'Empereur de la Chine donna au Tanjou la ville de Moei-tfi qui étoit fituée dans le pays de Sí-ho (a) dans le Chanfi avec quelques troupes pour garder. Il diftribua enfuite les principaux Chefs de la Nation en différents endroits; le premier campa dans la Province de Pe-ti (b), le fecond dans le pays d'Ortous (c), le troifiéme dans celui d'Ou-yuen (d), le quatriéme à Yuntchong (e), le cinquiéme à Tim-siam (ƒ), le sixiéme à

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(a) Si ho, canton qui avoit dans fon diftrict trente-fix villes. Il étoit fitué dans le pays de Fuen-tcheou du Chanfi.

(b) Canton des Han fitué dans le diftrict de King-yang-fou dans la Province de Chenfi.

(c) Au Nord de la Province du Chenfi.

Tome I.

le

(d) District de Yen-gan-fou dans le Chenfi.

(e) District de Ta-tum-fou dans le Chanfi.

(f) Canton du Chanfi qui comprenoit alors douze villes. Il eft fitué dans les environs de Ta- tum - fou dans le Chanfi.

R

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