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Avant J. C.
Me-té.

Ven bientum-kao.

Ce Prince, de même que fes ancêtres, portoit le titre de Tanjou ou Chen-ju, qui eft une abbréviation de Tremli-ko-to-tan-jou (a), c'eft-à-dire fils du Ciel dans la langue des Su-ki. Huns. Son nom de famille étoit Lien-ti-chi (6). Il avoit fous Han-chu. lui deux (c) principaux Officiers, l'un de la gauche & l'autre de la droite, c'eft-à-dire, l'un de l'Orient & l'autre de l'Occident, qui portoient le titre de Roi. Celui de la gauche demeuroit à Cham-kou, pays fitué dans le territoire de Pao-gan-tcheou,& fon Gouvernement s'étendoit du côté de l'Orient jufqu'à la Corée. L'autre demeuroit dans la Province de Cham, à préfent Yen-gan-fou dans le Chenfi, il commandoit à tous les peuples qui habitent vers l'Occident,du côté de Cha-tcheou & duTou-fan ou Tibet. Le Tanjou, car c'est ainsi que je l'appellerai dans la suite, résidoit quelquefois à Yun-tchong aujourd'hui Ta-tum-fou dans le Chanfi. On voit par-là que ces Huns poffédoient la partie

(4) Dans la Langue des Huns, Teengii fignifie le Ciel, & Ko-to-tan-ju fils leJon Ma-tuon-lin dans fon Ven-bien-tumKao. L'Hiftorien des Han donne une autre explication de ce terme: Tceng-li le Ciel, Koto, fils & Tan-jou grande & large figure; c'eft à-dire, la grande reffemblance du fils du Ciel. Teeng-li eft une altération du mot Tangri qui fignifie encore Dieu, dans la langue des Turcs de Conftantinople.

(b) Il y avoit chez les Huns après la famille de Lien-ti-chi ou Hiu-lien-ti-chi, ou Lan-ti-chi, qui étoit celle du Tanjou, trois autres principales, les plus nobles de toutes celles qui formoient la Nation. La premiére nommée Hou-yen chi, la feconde Lan-chi, & la troifiéme Su-po-chi. Le Tanjou s'allioit toujours dans la premiére & la troifiéme ; dans la fuite on a ajouté une quatriéme nommée Hicou-lin-chi. La famille Hou Hien-chi tenoit toujours la gauche ; c'est-à-dire, qu'elle avoit le pas fur les autres.

(c). Les differentes charges de l'Empire des Huns font,

I Le Hien-vam de la droite & celui de la gauche.

2°. Le Ko-li-vam de la droite & celui de la gauche.

3°. Le Ta-tciam de la droite & celui de la gauche.

4°. Le Ta-tou-goei de la droite & celui de la gauche.

s.Le Ta-tam-hou de la droite & celui de la gauche.

6°. Le Ko-tou-heou de la droite & celui de la gauche.

Par la droite ils entendent l'Occident & par la gauche l'Orient; ce côté étoit le plus noble comme il l'eft encore aujour d'hui chez les Turcs, & c'eft pour cela que celui qui devoit fucceder au Tanjou portoit toujours le titre de Hien-vam de la gauche,c'étoit comme le Vice Roi d'O

rient.

Tous ces grands Officiers excepté les Ko-tou-heou avoient dix mille hommes de Cavalerie fous leur commandement, leurs charges étoient héréditaires. Il y avoit enfuite des Officiers de mille hommes, de cent hommes & de dix hommes, divifion qui répond à celle qui fubfiftoit du tems de Genghif-khan qui avoit donné le commandement de ces troupes à des Chefs de Touman, ou de dix mille hommes,qui avoient fous eux des Chefs d'Hezare ou de mille hommes, ceux - ci des Chefs de Sede ou de cent & ces derniers des Chefs de Dehe ou de dix hommes.

D

Me té.

Septentrionale des Provinces de Chenfi, de Chanfi & de Avant J. C. Petcheli. Tout ce vafte Empire étoit gouverné par vingtquatre principaux Officiers qui commandoient chacun un corps de dix mille Cavaliers. Ils avoient fous leurs ordres des Chefs de mille hommes, de cent hommes& de,dix hommes; mais les deux plus grands Officiers de la Cour du des Tanju étoient le Hien-vam de la gauche & celui de la droite. Le premier étoit toujours regardé comme l'hé ritier préfomptif de la Couronne & le fucceffeur à l'Empire. Hien-vam en Chinois & Tou-chi dans la Langue des Huns Han-chou. fignifie Roi fage. Ces charges ou dignités étoient héréditaires dans les familles.

Sfu-ki.

Sfu ki.

A la premiere Lune de chaque année tous ces Officiers, grands & petits, tenoient une Affemblée générale à la Cour du Tanjou & y faifoient un facrifice folemnel à la cinquiéme Lune ils s'affembloient à Lumtching où ils facrifioient au Ciel, à la Terre, aux Efprits & aux Ancêtres. Il fe tenoit encore une grande Affemblée à Tai-lin dans l'Automne , parce qu'alors les chevaux étoient plus gras, & on y faifoit en même - tems le dénombrement des hommes & des troupeaux ; mais tous les jours le Tanjou fortoit de fon camp, le matin pour adorer le Soleil, & le foir la Lune. Sa tente étoit placée à gauche, comme le côté le plus honorable chez ces Peuples, & regardoit le couchant. Sa principale réfidence étoit en Tartarie à la montagne In-chan, fituée au Nord du Leaotong, où il avoit un très-grand nombre d'ouvriers qui fabriquoient des arcs & des fléches.

Ces anciens Huns dans leurs funérailles observoient certaines pratiques que nous voyons encore en ufage chez les Tartares. Leurs cercueils étoient ornés de chofes précieuses (a) comme d'or, d'argent & de bijoux, à proportion des richesses

(a) En plufieurs endroits de la grande Tartarie, vers les frontieres de la Siberie, on voit, dit l'Auteur des remarques fur l'Hiftoire Généalogique des Tatars, des petites colines fous lefquelles on trouve des fquelettes d'hommes accompagnées de fquelettes de chevaux&de plufieurs

fortes de petits vafes & joyaux d'or & d'argent. L'on y trouve même des fquelettes de femmes avec des bagues d'or aux doigts. On a cru en conféquence que la Tartarie avoit été habitée anciennement par des Peuples beaucoup plus civilifés & que ceux qui y font à présent

du mort; mais ils n'élevoient point de tombeaux. Un grand nombre de domeftiques & de concubines fuivoient le corps & le fervoient comme s'il étoit vivant. Plufieurs braves l'accompagnoient,& à la pleine Lune ils commençoient des combats qui n'étoient terminés qu'à fon déclin. On coupoit alors la tête de plufieurs prifonniers,& les braves recevoient pour recompenfe une mefure de vin fait de lait aigre.

Avant J. C.

Mc-té.

Après que le Tanjou eut foumis les Tartares Orientaux Sfu-ki. vers la Corée & le pays des Niuché, & ceux qui étoient à Ven-bienl'Occident de la Chine, il réduifit fous fa puiffance les tum-kao. peuples de Tim-lim, (a) de Li-kuen, de Sin-li & plufieurs autres qui font fitués au Nord de l'Empire des Huns vers les rivieres de Selinga, Obi & Angara dans la Siberie. Alors le refte des Grands qui avoient fuivi le parti de l'ancien Tanjou le reconnut pour Empereur, & ce Prince, devenu par-là plus puiffant, fongea à faire de nouvelles entreprises contre la Chine.

Cet Empire, après de grands troubles & de violentes agi- Kam-motations capables de le faire paffer fous une domination Ski étrangere, s'il eut été attaqué au - dehors, venoit d'être enfin foumis à une famille Chinoise qui avoit pris le nom de Han. Kao-ti, qui en étoit le fondateur, s'appliquoit à réparer tous les défordres caufés par les guerres civiles; il avoit confié la garde de la Province de Tai ou Ta-tumfou dans le Chanfi à Sin qui portoit le titre de Roi de Han, & qui demeuroit ordinairement dans la ville de Ma- yé. Ce fut par ce côté que les Huns entreprirent de pénétrer dans la Chine à la tête de trois cens mille hommes. Ils affiégerent d'abord Ma-ye. Sin qui n'étoit point en Kam-moétat de résister à des armées fi nombreuses, envoya deman- Lie-tai-kider du fecours à l'Empereur; mais on n'eut aucun égard à ses représentations, on le foupçonna même de s'entendre avec les Huns, & on lui en fit des reproches. Irrité de la

font des nouveaux venus; mais ce fentiment ne peut être admis: ces anciens & leurs defcendans ont toujours confervé ces ufages. Malgré la vie champêtre qu'ils menent, le commerce qu'ils avoient avec la Chine & les Peuples d'Occident

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L'an 201

(u.

Avant J.C. conduite de la Cour, Sin fit mourir ceux qui avoient été Mc-té. chargés de lui porter les ordres de l'Empereur, & remit enfuite entre les mains des Huns fa perfonne & la ville de Ma-ye. A la faveur de cette place,ceux-ci entrerent plus avant dans le Midi, vinrent attaquer Tai - yuen, & s'avancerent jufqu'à Tcin-yam ( a ).

Sfu-ki
Катто.

Lie-tai-ki

Su.

Kao-ti Empereur de la Chine, informé des fuccès que les Huns avoient remportés, fe mit lui-même à la tête de fes armées. Les Chinois battirent en plufieurs rencontres. le corps des Huns commandé par Sin, qui s'étoit avancé jufqu'à Tcin-yam, & ils auroient remporté de plus grands avantages, fi le froid & l'abondance des neiges, qui incommodoient beaucoup les foldats, n'euffent rallenti leur courage. Cependant l'Empereur de la Chine s'avançoit toujours dans le deffein d'attaquer le Tanjou, qui étoit campé dans une vallée près de Ta-tum-fou dans le Chanfi.. Pour être mieux inftruit de l'état & de la fituation des Huns, il avoit envoyé des efpions dans leur camp; mais la prudence du Tanjou les trompa. Me-té avoit fait retirer dans des lieux écartés tout ce qu'il avoit de meilleurs foldats, & n'avoit laiffé dans le camp que les malades avec de mauvais chevaux & peu de beftiaux; les efpions Chinois rapporterent à l'Empereur que les Huns ne pouvoient tenir long-tems, & qu'il n'étoit pas douteux que, fion les attaquoit, ils ne priffent auffi-tôt la fuite; cependant l'Empereur ne voulut point hazarder un combat qu'il n'eut reçu de nouvelles inftructions. Il chargea Lieou-kim de cette commiffion : celui-ci plus expérimenté, découvrît tout le ftatagême, & repréfenta à l'Empereur qu'entre deux peuples ennemis & prêts à fe livrer bataille, chacun s'attache à montrer fes forces & à faire voir fes plus braves foldats; que la conduite toute oppofée que tenoient les Huns n'étoit qu'un artifice pour engager les Chinois à venir les attaquer, qu'ils avoient caché dans des embufcades deux cens vingt mille hommes, prêts à fortir au premier signal; qu'ainfi on ne pouvoit fans imprudence aller hien dépendante de Ta-yuen-foudans le Chanfy.

(a) Cette ville dépendoit alors de Tai-yuen. C'est aujourd'hui Tai-yuen

Me-té

Te-tum-chi.

Han-ehou.

tum-kao.

en avant. L'Empereur, loin d'écouter cet avis, repro- Avant J C. cha à Lieou - kim de vouloir, par fes difcours, rallentir le courage de fes troupes, de fes troupes, le fit mettre aux fers, & marcha auffi-tôt avec fon armée vers Pim-tchim, ancienne ville détruite & qui étoit fituée à cinq li à l'Occident de Ta-tum-fou. Toute l'armée Chinoife étoit de trois cens vingt mille hommes; mais il n'y en avoit qu'une partie qui avoit accompagné l'Empereur ; le refte étoit en marche Sfu-ki. pour le fuivre, lorfque le Tanjou parut avec quatre cens Kammo. mille hommes (a). Il furprît l'armée Chinoife, la coupa, & Ven-hienaffiégea pendant fept jours l'Empereur qui s'étoit retiré dans une Fortereffe (b) près de Ta-tum-fou, où il ne pouvoit recevoir ni fecours ni vivres. La Cavalerie des Huns, divifée en quatre corps qui étoient diftingués par la couleur des chevaux (c), l'environnoit de tous les côtés. Kao-ti ne trouva d'autre parti, pour se tirer d'un fi mauvais pas, que d'engager la femme du Tanjou à prendre fa défense. Elle parla à Me-té & lui représenta que l'Empereur de la Chine avoit des reffources extraordinaires, que les Huns lui faifoient inutilement la guerre, puifque, quand ils parviendroient à s'emparer de fes Etats, ils ne pourroient jamais les conferver. Le Tanjou se rendit à ces raisons, & faifant reflexion d'ailleurs que Vam - hoam & Tchao-li, Ssu-ki. Généraux du Roi Sin, n'étoient pas venus au rendez-vous Lie-tai-kiavec leurs troupes, il appréhendoit qu'ils ne fuffent re- Su. tournés du côté des Chinois. Quoique ceci ne fut qu'un foupçon mal fondé, il ceffa d'être attentif à obferver & à bloquer les Chinois & leur laissa un côté de libre. Les Chinois en profiterent. A la faveur des brouillards ils alloient & venoient fans que les Huns paruffent s'en appercevoir. Le Général Tching-ping, avec les meilleurs Ar

(a) Le Sfu-ki met quarante mille hommes. L'hiftoire des Han dit trente mille hommes d'élite. Celle qui eft intitulée Lic-tai-ki-fu met quatre cens mille hom

mes.

(b) A fept Li de diftance de Ta-tumfou dans le Chanfy du côté de l'Orient, у a une montagne nommée Pe-teng fur

il

laquelle on a conftruit une fortereffe ou
l'Empereur Kao-ti s'étoit retiré.

(c) Les Cavaliers qui campoient à
l'Occident montoient des chevaux blancs,
ceux de l'Orient des chevaux pommelés
ceux du noid des chevaux noirs & ceux
du midi des chevaux isabeles.

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