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Avant J. C.

Me-té.

Peuples étoient devenus fes Sujets. Il finit par demander que, comme la paix étoit rétablie dans fes Provinces Occidentales, il lui fût permis de renouveller les anciens Traités avec les Chinois, afin de procurer du côté de l'Orient le repos aux troupes, la tranquilité aux vieillards & la fécurité dans toutes les familles des deux Empires. L'Empereur de la Chine n'étoit pas dans l'intention Su-ki de faire la paix; des intérêts d'Etat l'en détournoient; les Huns lui paroiffoient trop voifins de la Chine, & fon deffein étoit de les en éloigner d'avantage. Ceux-ci envoyerent de nouveau des Ambaffadeurs vers l'Empereur, en même-tems les Miniftres Chinois repréfenterent que le Tanjou, devenu plus puiffant depuis les grandes conquêtes que fes troupes avoient faites du côté de l'Occident, ne pouvoit plus être regardé comme un de ces petits Princes de Tartarie qu'il étoit aifé de foumettre; que d'ailleurs, dans la fuppofition qu'on pût fe rendre maître de fes Etats, tout le pays n'étoit qu'une terre ftérile & inhabitable pour les Chinois.; qu'ainfi,puifque tout le fang que l'on répandoit pour une conquête de cette espéce ne pouvoit produire à l'Empire aucun avantage, on ne devoit point, par entêtement & par caprice, recommencer une guerre, dans laquelle les Chinois, malgré les fuccès dont leurs entreprises pourroient être fuivies, n'avoient que des pertes réelles à attendre, foit en hommes, foit en argent. Entrainé par ce difcours l'Empereur fe décida pour la paix; il fit fçavoir fes intentions au Tanjou, combla même d'éloges ce Prince, en le félicitant fur fon empreffement à foulager les Peuples, & fur ce qu'il fuivoit. les traces de ces anciens Rois qui s'étoient rendus fi recommandables par leurs vertus. Ces fentimens, qui n'étoient dictés de part & d'autre que par l'intérêt, firent bien moins d'impreffion fur les Huns que les riches préfents dont les lettres furent accompagnées.

Le Tanjou fit publier de fon côté dans tous fes Etats le Traité de paix qu'il venoit de conclure avec la Chine, & ordonna qu'il fut obfervé. Cette paix fit beaucoup de plaifir aux Chinois qui en avoient befoin.

Avant J. C.
Me- té.

Duhalde

tome 2.

L'an 174.

Lao-cham. Sfu-ki.

Lie--tai-ki

Ju.

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(a). Depuis long-tems leurs frontieres étoient exposées aux fréquentes irruptions des Huns. Un grand nombre de Chinois avoient perdu la viedans les combats. L'Empereur publia à cette occafion un Manifeste dans lequel il fe plaignoit amerement de tous ces ravages, il s'accufoit d'en être l'auteur. » Si j'avois eu plus de fageffe & de vertu, dit-il, ils » ne feroient pas arrivés. Dans cette continuelle amertume, je n'ai ceffe de chercher les moyens de procurer une paix heureuse au-dedans & au dehors; j'ai envoyé fou» vent des Ambaffadeurs dans la Tartarie, & je fuis par» venu à infpirer au Tanjou mes véritables intentions, qui • tendent également au bien des deux Nations. Il les a comprises, il en a reconnu la droiture, & il veut contribuer de fon côté au bien commun. Nous oublions » de part & d'autre le paffé, & nous nous réuniffons pour » le bien de nos fujets. Etablir l'union dans fa famille, eft » un des premiers points des devoirs d'un Prince, c'eft » cette année que je puis dire enfin m'en être acquitté. Cette Déclaration ne paroît pas s'accorder avec l'averfion que ce Prince avoit marquée d'abord,& elle fembleroit être mieux placée dans la bouche du Tanjou. Quoiqu'il en foit, ce dernier ne jouit pas long-tems de la paix. A peine futelle publiée qu'il mourut, laiffant l'Empire de Tartarie à fon fils Ki-yo, qui prit le titre de Lao-cham Tanjou.

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Auffi-tôt que le nouveau Tanjou fut monté fur le Thrône, Kam-mo. L'Empereur de la Chine lui envoya une Princeffe de fa famille. Son deffein étoit que le Tanjou l'épousât, & la fit déclarer Impératrice de Tartarie. La jeune Princeffe eut beaucoup de répugnance à aller demeurer chez les Huns, mais il fallut obéir, & Tchong - hang - yue fut chargé de la conduire. Cette alliance paroiffoit devoir entretenir la paix entre les deux Nations, mais le perfide Miniftre qui en avoit été l'instrument, après s'être acquité de fa commiffion, abandonna le parti de l'Empereur de la Chine & s'attacha au Tanjou. Il lui donna des confeils

(a) Ce difcours eft rapporté dans le Recueil du Pere du Halde, le Texte se trouve dans un livre Chinois de la Bi

bliothèque du Roi, qui eft intitulé Kouven-yuen-kien.

qui tendoient à mettre la difcorde, & qui pouvoient de venir d'autant plus préjudiciables aux Chinois en parti- Avant J.C. culier, que le Miniftre étoit inftruit des deffeins de l'Em- Lao-cham. pereur & de la véritable fituation des affaires de la Chine. Tchog-hang-yue s'oppofoit de toutes fes forces au luxe Chinois qui commençoit à s'introduire parmi les Huns. Il en faifoit voir les conféquences dangereuses, & foutenoit que pour des peuples, qui font continuellement à chaffer dans les forêts ou à garder leurs troupeaux, les habits de peaux à caufe de leur durée étoient préférables à toutes les plus belles étoffes de foye qui fe fabriquent à la Chine; que le lait & les productions de la Tartarie fuffifoient pour la nourriture des Huns; que s'ils adoptoient une fois les mœurs des Chinois, ne pouvant plus fe paffer alors de leurs denrées, il ne défefpéroit pas de voir un jour les Huns foumis à la Chine. C'est ainsi qu'il ne ceffoit de représenter au Tanjou que fes fujets ne devoient point s'écarter des mœurs qui avoient toujours rendu leurs ancêtres invincibles. A ces confeils, il en joignoit d'autres qui tendoient à rendre le Tanjou plus abfolu. Il voulut qu'il eut un état éxact du nombre de fes fujets & de la quantité de leurs biens,afin que par-là il fut plus en état,lorfqu'il voudroit entreprendre quelque expédition contre la Chine, de lever de grandes armées. Devenu l'ennemi mortel des Chinois, il engageoit le Tanjou à traiter avec beaucoup de hauteur leurs Ambaffadeurs. En effet lorfque l'Empereur de la Chine écrivoit au Tanjou, il s'exprimoit ainfi: L'Empereur prie refpectueufement le Grand Tanjou des Huns, &c. la grandeur des tablettes étoit déterminée. Tchong-hangyue confeilla au Tanjou de fe fervir de tablettes beaucoup plus grandes,& de mettre en tête,Le Grand Tanjou des Huns, engendré du Ciel & de la Terre, établi par le Soleil & la Lune, prie refpectueusement l'Empereur de la Chine de &c. Dans toutes les occafions Tchong-hang-yue cherchoit à mortifier les Chinois qui étoient à la Cour du Tanjou, particulierement ceux qui étoient chargés des Ordres de l'Empereur de la Chine. Il s'efforçoit de mettre les Huns au - deffus des Chinois, Les Huns lui, difoit-on, méprifent les vieil

Avant J. C.
Lao cham.

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Lards. » Combien en trouve-t-on à la Chine, répondoit Tchong-hang-yue, qui, après de longs fervices,manquent des néceffiés de la vie. Si les Huns ne s'occupent que » de la guerre, c'eft pour le bien commun de la Nation ; les vieillards & ceux à qui la foibleffe ne permet pas d'y aller, ont abbondamment dequoi vivre, & on a foin de les défendre. Le pere & les enfans fe foutiennent mu» tuellement ; c'eft envain que l'on accufe les Huns d'avoir du mépris pour la vieilleffe. Quand les Chinois lui objectoient que chez les Huns les peres & les enfans demeurent & couchent ensemble fans aucune pudeur, qu'à la mort d'un pere un fils épouse sa belle - mere, & qu'à la mort d'un frere un autre frere fait de fa belle-four fa femme, Tchong-hang-yue donnoit toujours la préférence aux mœurs & au Gouvernement des Huns. Ceux-ci,

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5)

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difoit-il, ne vivent que de la chair des animaux, ne boi» vent que du lait, ne s'habillent que de peaux, ils conduisent leurs nombreux troupeaux dans les prairies & aux » bords des rivieres, ils changent de demeure felon les différentes faifons; s'ils manquent de vivres, ils mon>> tent à cheval & vont à la chaffe; fi l'abondance regne parmi eux, ils fe réjouiffent, nulle affaire ne les inquié»te. Ils méprifent le changement, & fi un fils époufe » fa belle-mere, un frere fa belle-foeur, c'eft pour empê» cher que les familles ne périffent. Malgré tous les trou»bles dont l'Empire des Huns a été agité jufqu'à présent, jamais on n'a vû ces peuples mettre fur le Thrône un Prince d'une autre famille & s'y foumettre. A la Chine » au contraire, on se massacre les uns les autres, & l'on se rend lâchement à celui qui peut ufurper l'Empire; c'eft ainfi que tout eft en confufion & que tous les » anciens ufages font détruits. On y bâtit des villes avec de fortes murailles pour la défenfe du peuple, & lorf que ce peuple eft attaqué, forcé par ces mêmes murailles, il ne peut plus fe défendre.

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Tels étoient les difcours du traitre Tchong-hang-yue; de-là résultoit un grand mépris pour les Chinois on les traitoit avec hauteur & l'Empereur Ven-ti paroiffoit n'y

Avant J. C.

point faire d'attention. Un Miniftre zélé nommé Kia-y ofa lui reprocher cette infenfibilité. Un Empereur, Lao-cham. dit-il, eft fans contredit la tête de l'Empire, il eft au- Duhalde » deffus du refte de la Nation. Les barbares de nos con- tome 2.

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» fins en font les extrêmités & les pieds, fi l'on peut s'exprimer ainfi. Aujourd'hui les Huns nous font mille infultes, & pour en éviter de plus fréquentes, nous leur » fourniffons chaque année de groffes fommes, foit en argent, foit en autres denrées. Les exiger ce feroit fai» re les Maîtres; mais auffi leur payer ce tribut, c'est être fujet. Les pieds font en haut & la tête en bas. Quel effroyable renversement ! pendant qu'on le fouffre, peut-on dire qu'il y ait dans l'Empire des Officiers vrai» ment zélés ; c'eft réellement la trifte & honteuse fitua» tion où il se trouve aujourd'hui, & perfonne ne s'ef‐ » force de l'en tirer. Il fouffre encore des douleurs violentes dans un de fes côtés, c'eft du Nord-oueft que je parle. Malgré les dépenfes qu'on y a faites pour y ❤entretenir de nombreufes troupes & des Officiers avec de gros appointemens, les Peuples y font toujours dans l'allarme. Tous ceux qui ont tant foit peu de force font » fans ceffe sentinelle; ils font occupés jour & nuit à fai»re des feux ou à donner des fignaux les troupes de » leur côté font obligées de dormir la cuiraffe fur le »dos & le cafque en tête. Ce font là des maux réels qui affligent votre Empire: un Medecin offre un reméde pour l'en guérir; on ne veut pas l'écouter, cela n'eftil pas capable de tirer les larmes des yeux ? Portant, » comme vous faites le glorieux titre d'Empereur, n'eft» ce pas une ignominie de vous rendre, en effet, com» me tributaire? fi vous continuez de fouffrir le dernier de » tous les opprobres, & fi vous laiffez invéterer les maux préfents, à quoi aboutira cette conduite? Parmi tous » ceux dont Votre Majefté prend les avis, il n'en est point qui ne convienne de la réalité des maux que je vous expofe. Mais s'agit-il d'y remédier, ils ne voyent pas, difent-ils, comment s'y prendre pour moi je fuis d'un # avis bien différent. Toute la Nation des Huns n'a pas

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