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Avant J. C.

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» tant de monde qu'une feule des grandes Villes de vo Lao-cham. » tre Empire. Or quelle honte n'eft-ce pas, pour ceux qui gouvernent, de ne pouvoir réfifter avec les forces d'un » fi vafte Etat, à une Puiffance fi limitée. Les maux que » nous fouffrons des Huns font fi peu irremediables, qu'» avec les feules forces d'un des Princes qui vous font foumis, pour peu qu'on fuivit mes confeils, bientôt ces Barbares feroient domptés. Faites - en l'épreuve, vous ferez dans peu maître du fort du Tanjou, & je ferai punir fi vous voulez le traitre Tchong-hang-yue qui » eft à la tête de fon Confeil. Souffrez que je le dife, fi les Huns font fi fiers c'eft votre maniere d'agir qui en » est la cause. Au lieu de courir fur ces Sauvages qui vous inquietent, vous vous amufez à donner la chaffe à des ani» maux, & pour un divertiffement frivole, vous negligez de penfer à de fi grands maux. Ce n'est ainsi pas que fe procurent le repos & la fureté. Il ne tiendroit qu'à vous, fi vous le vouliez bien, de rendre votre autorité re» doutable & de faire aimer votre vertu aux Contrées les plus éloignées, même au-delà des bornes de vos Etats, & cependant aujourd'hui à peine pouvez-vous » vous affurer d'être obéi à trente où quarante lieues de » votre Empire.

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On voit par ce difcours, avec quel mépris les Chinois parloient des Huns, & en même-tems combien ceux-ci caufoient de défordres dans l'Empire de la Chine. Ils ne ceffoient de ravager les frontieres, furtout le Nord de la Province de Chenfy, jufqu'aux environs de Lin-taofou. C'est à cette occafion que quelques Officiers représenterent à l'Empereur de la Chine, qu'on ne s'appliquoit point affez à l'étude de l'Art-Militaire, que la fubordination dans les troupes étoit négligée, que les Huns, qui L'an 169. demeuroient dans un pays raboteux, couvert de montagnes plein de lacs & inacceffible aux armées Chinoifes , pouvoient bien être vaincus en plufieurs rencontres; mais qu'ils ne pouvoient jamais être foumis entierement; les vents, les pluyes qui furvenoient, la faim, la foif dont les Chinois fe trouvoient accablés

Kam mo.
Lie-tai-ki-

Su.

dans

Lao-cham.

dans ces affreufes folitudes les empêchant de pouvoir Y fubfifter long-tems & de poursuivre trop loin les armées Avant J. C. des Huns; que fi l'Empereur étoit réfolu de dompter ce Peuple & de le foumettre à fon Empire, il n'y avoit pas d'autre moyen que d'applanir le pays & d'y faire des grands chemins pour rendre plus facile le paffage de la Cavalerie, de l'Infanterie Chinoise & des chariots. Une entreprise de cette efpéce étoit trop difficile pour être exécutée, & il n'en fut jamais queftion que dans les représentations que les Miniftres Chinois faifoient à leur Empereur. Les Huns, qui n'étoient pas intimidés par ces grands projets, ne laiffoient pas de continuer leurs courses; cent quarante mille hommes de cavalerie, commandés par le Tanjou, entrerent dans la Chine, prirent plufieurs Ssu-ki. places du district de Pim-leam-fou dans le Chenfy, brû- Kam-mo ferent un Palais de l'Empereur, firent un grand nombre L'an 166. de Prifonniers & un butin_encore plus confidérable. Ven-ti, qui étoit alors fur le Trône de la Chine, rassembla lui-même ses troupes pour se mettre à leur tête & marcher contre les Huns; mais il n'en arriva rien de

plus. Ce Prince, détourné par les inftances de l'Impératrice, donna le commandement de fon armée à un de fes Généraux qui marcha contre le Tanjou, & lui laissa le tems de regagner fes Etats, fans avoir été inquiété. Tout ce grand appareil Chinois ne fervit qu'à rendre les Huns plus fiers & plus entreprenants.

Han-chou.

Kam-mo.

Je place ici une expédition importante que fit ce Tan- L'an 1612 jou dans le pays de So-tcheou & des environs, où les Su-ki Yue-chi étoient établis depuis long-tems. Ces Peuples Lie-tai-kiqui étoient les ennemis des Huns n'avoient pû être forcés fu dans les guerres précédentes qu'à leur payer tribut, & ils étoient toujours demeuré vers So-tcheou. Il n'en fut pas de même dans celle que le Tanjou leur déclara. Il remporta de grandes victoires fur ces Peuples, les défit entiérement, tua leur Roi, & fit du crâne de ce Prince un vase dont il fe fervit toujours depuis dans les grandes cérémonies. Les Yue-chi, détruits & chaffés de leur pays par les Huns, fe diviferent en deux bandes & allerent chercher de nouvelles Tome I.

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Avant J.C.

demeures plus à l'Oueft, ce qui contribua dans la fuite
à changer l'Etat de l'Afie du côté de l'Occident. Une-
partie de cette Nation, compofée des plus foibles, s'éloi-
gnant peu de fes anciennes habitations, fe retira dans
les montagnes qui font au Nord du Tibet, où elle s'é-
tablit & fut appellée les petits Yue-chi; les autres
qui étoient les plus braves & en plus grand nombre,
remonterent d'abord vers le Nord-oueft fur les bords
de la riviere d'Ili, d'où ils chafferent une Nation ap-
pellée Su qu'ils obligerent de fe retirer fur les
bords du Jaxartes. Les Yue - chi refterent près de l'Ili
(a) pendant quelque tems, après quoi s'avançant de
plus en plus vers l'Occident, ils entrerent dans le Kha-
rifme, de-là ils porterent la guerre chez les Parthes, &
pénétrerent jufques dans le Khorafan, pendant que la Na-
tion des Su qui s'étoit avancée dans le Maouarennahar
& la Bactriane détruifit l'Empire que les Succeffeurs
d'Alexandre y avoient établi.

L'Empire des Yue-chi fubfifta long-tems dans cette partie de l'Afie, & s'étendoit jufques dans l'Inde. Ce font ces Peuples que les Auteurs Grecs ont connus fous le nom d'Indo-Scythes; nous aurons plus d'une fois occafion d'en parler dans la fuite de cette hiftoire, & l'on verra que les révolutions arrivées dans le fond de l'Orient ont eu des fuites qui fe font faites fentir. plus loin. Nous devons regretter que les Chinois ne nous ayent pas confervé de plus grands détails fur ces événemens, & qu'ils fe foient en quelque façon bornés à ne rapporter que

(4) Ces Peuples Yue-chi, établis dans la Bactriane & le long du Gihon, ont auffi porté dans la fuite le nom de Jeta ou Yetan, c'est-à-dire de Getes, au moins felon les Hiftoriens Chinois, les Getes font des Hordes, des Yue-chi & des Kaotche autres Peuples Tartares. Ils vencient comme nous l'avons dit du pays des Oufiun à l'Occident de l'Yrrisch & des Monts Altai. Ils s'étoient établis au midi du Gibon, ils avoient prefque les mêmes ma urs que les Turcs Leur Religion étoit celle de Fo ou de Boudhà que plufieurs de

nos Ecrivains ont cru être le même que le Wodin des Peuples du Nord; fentiment qui paroît recevoir quelque appui de ce que nous venons de dire de la migration des Getes, & peut-être eft-ce par le canal de ces Peuples que ce Wodin a été connu dans le Nord; car on s'accorde ailez à le faire venir de l'Orient. Au refte, j'avance ceci comme une fimple conjecture, que je ne place ici que parce que ces événemens paroiffent fe lier avec l'Hiftoire du Nord dont nous avons fi peu de connoissance.

ceux qui les concernoient; mais revenons aux Huns.

Chaque année ces peuples recommençoient leurs cour- Avant J C. fes tant dans le Chenfy, que dans le Chanfy, le Petcheli Lao chama. Leao-tong. L'Empereur de la Chine touché des maux que fes Peuples fouffroient fit propofer au Tanjou de renouveller les anciens Traités. On s'engagea de part & d'autre à les obferver, & l'on convint que ceux qui entreroient fur les frontieres de l'un & de l'autre Empire, pour y faire Ski Sfu-ki. quelque incurfion, feroient punis de mort. Peu de tems f après le Tanjou Lao-cham mourut.

(a) Kiun- tchin Tanjou fils de Lao-cham monta fur

Lie-tai-ki

le Thrône. Ven-ti Empereur de la Chine fit la paix avec Kiun-tchin. lui. Mais il paroît que le nouveau Tanjou n'avoit au- L'an 158. cun deffein d'obferver ce Traité. Il ne tarda pas à le rompre, & envoya trente mille cavaliers Huns qui entrerent dans le Chanfy, pillerent Ta -tum- fou & plufieurs autres places, où ils firent un butin très - considérable; l'Empereur de la Chine fit partir auffi- tôt plufieurs Généraux qui s'avancerent jufques fur les frontieres: mais les Huns s'étoient déja retirés. Il arriva pendant le cours de cette campagne un événement, qui, par fa fingularité mérite de trouver place dans cette Hiftoire. L'Empereur de Lie-tai-kila Chine vifitoit tous fes différens camps; les Généraux & fu. les Officiers alloient au-devant de lui & le conduifoient avec autant de refpect que d'empreffement. Tcheou-ya-fou au contaire ferma la porte de fon camp, & fit dire à l'Empereur.que les Loix & les regles de la guerre ne permettoient pas que ceux qui étoient fous les armes quittaffent leurs poftes pour acccompagner une perfonne qui noit vifiter un camp; les Officiers & les Soldats obéirent à l'ordre de Tcheou-ya-fou & l'Empereur qui n'entra su-ki. point dans le camp, touché de la fermeté de fon Gé- L'an 157. néral, approuva fa conduite & lui accorda de nouveaux

(a Kiun- tchin Tanjou eft je crois le Kiun-khan que les Hiftoriens Perfans font fuccéder à Ogouz khan comme on peut le voir dans la vie d'Ogouz-khan. Chez les Chinois, il eft le feceffeur de

ve

Lao-chang; mais je ne crois pas que
l'on regarde la fucceffion donnée par les
Perfans comme bien exacte, ils paroiffent
n'avoir nommé que quelques Princes &
non une fuite des Khans.

su.

Kam-mo.

Kam-mo.

Avant J C.
Kiun-tchin

L'an 154.

L'ants

Han-chou.

L'an 144.

Kam-mo.

titres d'honneur. Ce Prince qui mourut l'année fuivante;
eut pour
pour fucceffeur Hiao-kim-ti.

Au commencement de fon regne, plufieurs Grands de l'Empire avoient eu des mécontemens fous le précédent Empereur fe révolterent. L'un d'eux nommé Soui Roi de Tchao, voulut engager fecrétement les Huns dans fon parti: les Roi de Ou, & de Tchou, qui fe préparoient à fe joindre à lui, furent battus avant que de pouvoir éxécuter leur deffein. Le Tanjou ne leur donna aucun secours,l'Empereur de laChine renouvella avec lui les anciens Traités & lui envoya une Princesse Chinoise,avec de grands préfens. Ainfi les Huns, pendant tout le tems que ce Prince fut fur le Thrône de la Chine, n'y firent que de petites incursions, dont les Hiftoriens ont négligé de nous conferver le détail. C'est dans une de ces courfes que le Général Chinois nomme Li-kouam avec peu de foldats, répandit Lie tai-ki- l'allarme dans le camp des Huns, & les obligea de reculer. Ils étoient entrés dans le district de Yen-gan-fou dans le Chenfy dont Li-kouam avoit la garde. N'étant un jour fuivi que de cent cavaliers il fe trouva en présence d'un gros corps de Cavalerie des Huns, fes Soldats vouloient fe retirer, Li-kouam les retint & les engagea, en leur repréfentant que leur falut dépendoit de la contenance qu'ils feroient, de tenir ferme, afin que les Huns cruffent que les Chinois étoient en bien plus grand nombre. Il continua de s'avancer, & leur ordonna, auffi - tôt qu'ils feroient arrivés à peu de diftance des Huns, de mettre pied à terre & d'ôter les felles de leurs chevaux. Un Officier des Huns monté fur un cheval blanc & fuivi de quelques troupes s'approcha des Chinois, Li-kouam avec quelques cavaliers fondit fur lui & le tua.Toute l'armée des Huns épouvantée fe retira pendant la nuit, & Li-kouam

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Lie-tai-ki

fu. Кат-то.

L'an 135.

s'en revint.

Dans la fuite & après que Vou-ti fut monté fur le Thrône de la Chine, le Tanjou demanda à faire la paix. On délibéra à cette occafion dans le Confeil de la Chine. Vamkuei, qui avoit une grande connnoiffance des affaires des Huns, étoit d'avis qu'on ne la leur accordât pas, fous pré

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