Imágenes de páginas
PDF
EPUB

mes mœurs que les Turcs orientaux. La mauvaife conduite du Grand Khan Tchou-lo fut caufe que plufieurs Tchou-loAprès J C de fes fujets fe révolterent. Les Tie-le furent les premiers khan. & les plus rédoutables: ces peuples étoient de ces anciens L'an 60s. Huns répandus de toutes parts dans la Tartarie; ils étoient nombreux & gouvernés par plufieurs chefs qui prenoient le titre de Se-kin ou Ki-kin: leurs moeurs étoient les mêmes que celles des Turcs, ils vivoient de brigandages, ils étoient foumis, les uns aux Turcs orientaux & les autres à ceux de l'occident. Tchou-lo-khan mena contre eux fes armées, les battit & les obligea de lui payer de groffes contributions; il accabla d'impôts plus particufiérement la Horde des Sie-yen-to qu'il redoutoit, & pour empêcher qu'elle ne fe revoltât, il fit affembler tous fes chefs qui étoient au nombre de cent, & les fit massacrer, action barbare qui ne fervit qu'à irriter ces peuples. En effet, il les vit bientôt fous les armes, conduits par un chef nommé Ko-gneng de la Horde de Ki-pi, qu'ils s'étoient choifi, & auquel ils venoient de donner le titre d'Ye-tchin-mo-ho-khan : celui-ci fe nomma un petit Khan appellé Tce-ye-tou de la Horde des Sie-yen-to. Mo-hokhan avoit du courage, étoit aimé de ses sujets & refpe&té de fes voisins; il battit en plufieurs rencontres Tchoulo-khan, & fe rendit maître en affez peu de tems des pays de Hami, d'Igour & d'Harafchar, & établit sa Cour à la montagne Tan-han-chan au nord de Turphan. Là devenu très-puiffant par le nombre des peuples qui fe jettoient dans fon parti, & par l'étendue des pays dont il fit la conquête, il fe vit en état de faire des courfes jufques fur les frontiéres de la Chine. Tel étoit le fort de cet L'an 607: Empire d'être continuellement expofé aux irruptions & Lie-tai-kiaux ravages de tous les barbares de la Tartarie. La Chi- " ne étoit pour eux un objet d'envie, & une fource intariffable de richeffes : ils obtenoient des préfens considérables pendant la paix: pendant la guerre ils y faifoient un butin immenfe. L'Empereur Yam-ti de la Dynastie des Soui qui regnoit alors, fut obligé d'envoyer des troupes contre ces Turcs; mais quoiqu'elles n'euffent remporté aucun Tome I.

4

Nnn

Tchou-lo

khan.

avantage, les Tie-le cefferent les hoftilités, demanderent Après J. C. à faire la paix, & propoferent de fe foumettre, ce qui fut accepté avec joye par le Monarque Chinois: ils le fecoururent même dans la guerre qu'il faifoit alors aux L'an 603. Tou-ko-hoen, peuple Tartare qui habitoit aux environs du lac de Coconor. Le Khan des Tou-ko-hoen fut obligé de fe fauver dans les montagnes de l'Inde & abandonna tout fon pays aux Chinois, qui y établirent des garni

Lie-tai-ki

Гово

Kam-mo.

Su.

fons.

:

Les traités que la Chine avoit faits avec les Tie-le Lie-tai-ki- ne l'empêcherent pas de rechercher l'alliance de Tchoulo-khan: démarche qu'elle fit beaucoup valoir, quoi qu'elle en eut befoin pour fes propres affaires. Poei kiu que l'Empereur Yam-ti avoit chargé d'aller en Tartarie pour avoir infpection fur les Tie-le, avoit appris que le Khan aimoit tendrement fa mere qui demeuroit à la Chine il crat que cela pouvoit acheminer à la paix, & propofa à l'Empereur de lui envoyer à cette occafion une ambaffade. Yam-ti fuivit ce confeil, mais le Khan, foit par mécontentement de tout ce qui s'étoit paffé auparavant, foit par le mépris qu'il avoit conçu pour les Chinois, voulut recevoir l'ambaffadeur avec hauteur & fans fe lever de deffus fon thrône, fuivant l'ufage ordinaire. Poel-kiu s'en plaignit en rapportant l'exemple de Ki-min Grand Khan des Turcs orientaux, qui s'étoit de lui-même déclaré fujet de l'Empire, quoiqu'il fût plus puissant que lui: il ajouta que l'ambaffade qu'on lui envoyoit, avoit été follicitée par fa mere, & que ce n'étoit que par une efpéce de compaffion que l'Empereur lui avoit accordé cette grace; mais que s'il vouloit encourir le reffentiment des Chinois, il expofoit fon Empire à être détruit. Tchoulo-khan fit par crainte tout ce qu'on exigea de lui, & envoya enfuite aux Chinois de ces chevaux fameux qui fuent le fang, & que l'on tiroit du pays de Ta- ouan, fitué aux environs du Sihon.

Quoique les Chinois fuffent ainfi liés par des traités avec les Turcs & avec les Tie-le, ils ne perdoient point de vûe leurs propres intérêts: les circonftances plus ou

moins favorables décidoient de la paix ou de la guerre, Après J. C. & les engagemens avec les Tures étoient rompus, parce Tchou-lo qu'on regardoit ces peuples comme des barbares, vis-à-vis khan. defquels on ne devoit point avoir d'égards pour les ferments. Une nouvelle armée fut donc chargée d'aller vers Hami qui appartenoit alors, fuivant les apparences, aux Tie-le. Ki-min Grand Khan des Turcs orientaux devoit fe joindre aux Chinois, mais quoiqu'il ne fût pas venu au rendez-vous, l'armée ne laiffa pas de traverfer le défert & les habitans de Hami qui en furent informés, ne jugeant pas à propos de fe deffendre, fe rendirent. Les Chinois bâtirent dans ce pays une place où ils laifferent un officier avec quelques troupes.

Su.

L'Empereur de la Chine faifoit alors la vifite des Pro- L'an 609. vinces occidentales de fes Etats; comme ce Monarque Lie-tai-kie étoit respecté dans tous les pays qui font à l'Occident de Kam-mo. fon Empire,lorfqu'il fut arrivé à la montagne Yen-tchi-chan Ven-bienil y reçut les hommages du petit Roi de Hamij nommé tum-kas. Tou-tun-che, de celui d'Igour appellé Kio-pe-ya & de 27 autres Princes qui regnoient dans les environs. Tous apporterent des préfens confidérables, Tchou- lo- khan avoit été invité de s'y rendre & l'Empereur l'attendoit dans la vallée, appellée Ta-teou-po fur les frontiéres du Chenfy: le Khan ne parut point, & l'Empereur irrité ne L'an 611. fongea plus qu'à s'en vanger. L'occafion fe préfenta d'elle-même. Dans ce même tems un chef de Horde nommé Che-kuei fit demander en mariage une Princeffe Chinoife. Poei-kiu plus inftruit que tout autre des affaires de Tartarie & de l'intérêt des Princes qui y regnoient, repréfenta à l'Empereur la néceffité de confentir à cette alliance , pour punir le Khan. » Tchou-lo, dit-il, qui met » toute fa confiance dans fes foldats, n'a pas daigné venir rendre hommage à Votre Majefté, aujourd'hui un de fes fujets le fait & demande votre alliance; il la lui faut accorder; c'eft un moyen de mettre la divi » fion parmi les Turcs occidentaux, de ruiner leurs forces & de parvenir dans la fuite à pouvoir les dompter plus facilement. Che-kuei fils de Tou-lo & petit-fils de Ta

[ocr errors]

Après J. C. Tchou-lokhan.

L'an 612.

Lie-tai-ki

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

»teou-khan eft foible & foumis à Tchou-lo-khan. En l'honorant du titre de Grand Khan, Tchou - lo lui déclarera la guerre, & tout le Turkeftan fera en armes.» Ce difcours fit impreffion fur l'efprit de l'Empereur qui accorda à Che-kuei ce qu'il demandoit; mais à condition qu'il fe déclareroit contre Tchou-lo-khan, & qu'il le dépouilleroit de fes Etats. Bientôt on vit ces deux Khans les armes à la main: Tchou-lo fut défait & avec environ mille Cavaliers, il fut obligé de fe fauver en Orient vers le pays d'Igour; il y trouva fa mere avec Poei-kiu que l'Empereur y avoit envoyée pour l'engager à venir à la Chine. Le Khan qui étoit fans fecours, & chaffé de fon Kam-mo. Royaume, s'y rendit quelque tems après, & y fut bien reçul L'Empereur Yam-ti diftribua les Turcs occidentaux qui étoient venus à la Chine, entre trois chefs. Le frere de Tchou-lo-khan nommé Kioue-ta-tou-che avec dix mille hommes, reçut ordre d'aller camper à Hoei-ning dans ale territoire de Kong-tchang-fou dans le Chenfi, où il prit le titre de Kioue-khan. Ta-na-i avec d'autres Turcs fe cantonna à Leou-fan: Tchou-lo à la tête de cinq cens Cavaliers accompagna toujours l'Empereur qui lui avoit Hum-kien- donné le titre d'Ho-fu-na-khan. Il fuivit l'armée Chinoise dans l'expédition que ce Monarque fit en Corée ; mais penTam--chou. dant les troubles qui agiterent l'Empire, à la deftruction des Soui, il abandonna le fervice de cette famille pour s'attacher au fondateur de la Dynaftie des Tam. C'est ce Prince qui pour gagner l'amitié du nouvel Empereur Kaotfou, voulut lui offrir une très-belle pierre précieuse. Kaotsou la refusa. en lui faifant fentir qu'un Monarque doit être plus jaloux du cœur de fes fujets que de leurs thréfors. Il obtint à cette occafion le titre de Kuei-y-vam. Un frère de Tchou-lo reçut auffi celui de Tou-ou-kouo-pakiue-khan, & fervit dans les armées Chinoifes. Mais Tchou - lo-khan qui étoit demeuré à Si - gan - fou y fut facrifié par les Chinois qui eurent la lâcheté de l'abandonner, & de le livrer aux Turcs Orientaux qui le firent mourir l'an fix cens dix-neuf.

lou.

Kam-mo.

L'an 618.

Ceux des anciens fujets de Tchou-lo qui étoient restés

Après J. C.

dans le Turkeftan, en apprenant que ce Prince s'étoit retiré à la Chine, procédèrent à l'élection d'un nouveau Kie-cheKhan, & déférerent l'Empire à Che-kuei, appellé autre- kuci-khan. ment Kie-che-kuei-khan; mais celui-ci ne fut pas plutôt monté fur le Thrône qu'il fut abandonné par les peuples d'Igour, les Chinois les débaucherent, en donnant en mariage au Roi de ce pays une Princeffe Chinoife; de forte qu'il Lie-tai-ki paroît que ces Igours ne furent plus foumis aux Turcs Su. occidentaux. Cet Empire cependant ne laiffoit pas encore d'être d'une grande étendue : il étoit borné à l'O- Hum-kienrient par les monts Altai, & par les Turcs orientaux, & à l'Occident par la mer Cafpienne. La Capitale où le principal campement du Khan étoit dans un détroit de la montagne San-mi, appellé Yo-muen, fitué au nord d'Akfou.

lou.

Quoique ce Khan eût fous fa domination un grand nombre de peuples occidentaux, il ne put éviter de payer un tribut aux Perfans, dont la puiffance faifoit de ce côté trembler les Turcs comme les Chinois le faifoient du côté de l'Orient. Le fameux Khoofrou Anouf- D'Herbelot. · chirouan Roi de Perfe, & que nous appellons le Grand Chofroës mort l'an 579 de J. C. avoit pouffé fes conquêtes. jufques dans le Maouarennahar & dans les Provinces voifines qui étoient poffédées alors par les Turcs. Il avoit obligé pendant fon regne le Grand Khan, apparemment A-po-khan ou Tateou-khan, de lui demander la paix & de lui donner fa fille en mariage. Sous le regne d'Hormodz fon fucceffeur, mort vers l'an 590, les Turcs avoient encore été vaincus par Bahram-tchoubin, général des armées Perfannes, & ils avoient été contraints de payer un tribut aux Perfans. Nous n'avons pas d'affez grandes connoiffances de l'hiftoire de Perfe, pour donner un détail exact de tous ces événemens, ni pour en fixer les époques; mais quelques foient les Khans Turcs qui ont été foumis les premiers par les Rois de Perfe il eft certain que Kie-che-kuei-khan leur paya tribut juf- L'an 619. qu'à fa mort. Après lui l'Empire des Turcs occidentaux paffa à fon fils ou felon d'autres à fon frere Tum-che

« AnteriorContinuar »