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rie le Tanjou s'avança vers les frontieres de la Chine, Avant J.C. fous prétexte de faire une grande chaffe. Son véritable Hiu-liudeffein étoit de furprendre les Chinois; mais ils en fu- kiuen-kiu. rent avertis par des transfuges. Auffi-tôt l'Empereur Siuen-ti envoya un de fes Généraux nommé Tchao-tchongkoue avec quarante mille hommes vers le Nord pour s'oppofer à cette nouvelle irruption. Cette armée Chinoife devint bien - tôt inutile ; le Tanjou tombé malade dans le même tems, fut obligé de reprendre le chemin de fes Etats; il licentia fes troupes & fit faire des propo- L'an 60. fitions de paix que l'Empereur de la Chine Siuen-ti ne voulut point écouter. Il mourut presque auffi-tôt, après voir regné neuf ans.

Nous avons vu que ce Prince en montant fur le thrô- Kam-mo. ne avoit déposé l'ancienne Impératrice; celle-ci avoit Han-chou. toujours entretenu des liaisons fecretes avec quelques grands Officiers de l'Empire & furtout avec le Vice-Roi de l'Occident, nommé Tou-chi-tam; elle eut dans cette occafion affez de crédit pour le faire déclarer Tanjou, fous le titre de Vo-yen-kiu-ti-tanjou.

Ce nouveau Tanjou envoya fon frere Y-yeou-jo-vam vers l'Empereur de la Chine pour demander la paix; Avant J.C. mais il ne paroît pas qu'il l'ait obtenue. Il étoit d'un kiu-ti. caractère cruel & féroce; il faifoit périr tous ceux qui Han chou. avoient eu du crédit fous le regne précédent, il maltraitoit les Grands & dépouilloit de leurs biens fes plus proches parens. Cette conduite avoit fait naître un grand nombre de mécontens, à la tête defquels fe mit Ki-heouchan fils du dernier Tanjou, qui fe voyant exclus du thrône s'étoit retiré chez fon beau-pere, appellé Ou-chenmo, originaire du pays des Ou-fiun. Ce dernier avoit été obligé d'abandonner le pays où il demeuroit, à cause des fréquentes incurfions que les Cap-tchaq y faifoient: il étoit venu fe foumettre avec mille de fes Sujets au Tanjou Hou-lo-kou, qui après lui avoir donné en mariage une de fes niéces, foeur du Ge - foui- vam, voit envoyé habiter dans la partie Occidentale de fes Etats. Après la mort d'Hou-lo-kou l'Empire, des Huns

l'a

avant J. C. Vo-yen

kiu-ti.

devoit appartenir à ce Ge-foui-vam nommé Sien-hien-
tan. Mais, Vo-yen-kiu-ti s'en étant rendu maître & Sien-
hien-tan ne pouvant foutenir fes droits
il alla avec
plus de dix mille hommes fe rendre aux Chinois qui lui
donnerent le titre de Kuei-te-heou. C'eft à cette occafion
que l'Empereur de la Chine établit un Gouverneur d'Oc-
cident dans la ville d'Ou-loui-tching, entre Acfou & Ha-
rafchar, pour veiller aux mouvemens des Ou - fiun, des
Kaptchaq & de toutes les Villes de la petite Bukha-
rie, comme Kafschgar, Yerken, Khoten & les autres.

La plupart des grandes charges chez les Huns étoient
héréditaires; mais le Tanjou fans avoir égard aux loix
de la Nation s'en rendoit le maître & en difpofoit en fa-
veur de fes propres enfans & de fes créatures. C'eft ainsi
qu'il donna à fon frere Po-fiu-tam la charge de Ge-foui-
vam, c'est-à-dire celle que poffedoit Sien-hien-tan : non
content de cette ufurpation il fit mourir les deux freres
de cet Officier, malgré toutes les inftances que l'Ou-
fiun Ou-chen-mo fît obtenir fa
pour
Il donna en-
grace.
core à fon propre fils la Dignité. de Tco-yue-ti-vam qui
devoit naturellement paffer au fils de celui qui là poffe-
doit auparavant. Une telle conduite rendit ce Prince
odieux à fes Sujets, plufieurs chercherent à fe revolter
& particuliérement les amis de l'ancien Tco-yue-ti-vam;
ceux-ci fe réunirent tous auprès de fon fils qui étoit ref-
té fans dignité, le reconnurent pour Tco-yue-ti-vam &
allerent ensemble habiter dans la partie Orientale de
l'Empire des Huns. Le Tanjou envoya dix mille Cava-
liers pour les combattre; mais cette armée fut obligée de
se retirer avec perte. Cette guerre fut le prélude d'une
infinité d'autres révoltes qui penferent caufer la ruine de
l'Empire des Huns. La haine que ces Peuples avoient
pour leur Tanjou augmentoit tous les jours, & le Vice-
Roi de l'Orient, défigné Prince héritier, la fomentoit
par les difcours qu'il tenoit aux Grands qui étoient auprès
lui. D'abord les Ou-huon fous la conduite de Kou-fié-
vam fe révolterent du côté de l'Orient où réfidoit ce
Vice-Roi, & où le plus grand nombre des mécontens

L'an 58.

s'étoient retirés. Les Ou-huon entrerent fur les terres des Huns & y firent le dégât : cette incurfion ne tarda Avant J. C. pas à devenir une guerre générale, Ou-chen - mo & les Vo-yenPrincipaux chefs des Huns qui commandoient dans l'Orient joignirent aux Ou-huon, & mirent à leur tête Ki-hou- Kam-me. chan fils du précédent Tanjou, auquel ils donnerent le ti- Han-chou. tre de Hou-han-fie-tanjou. Ce Prince leva dans le Gouvernement d'Orient quarante ou cinquante mille hommes, à la tête defquels il marcha du côté de l'Occident pour attaquer le Tanjou. Les deux armées en vinrent aux mains au Nord du fleuve Kou-tcie-choui dans. la Tartarie les troupes de Vou-yen-kiu-ti-tanjou furent battues & diffipées. Il ne reftoit plus d'autre espérance à ce Tanjou que dans les troupes d'Occident: il fit auffitôt fçavoir à fon frere qui en étoit le Vice-Roi, que tous les Huns s'étoient foulevés & qu'il avoit besoin de secours; mais celui-ci qui prévoyoit fans doute que fes troupes ne pourroient réfifter long-tems, ne voulut point les envoyer, & le Tanjou abandonné de tous fes Sujets fe tua de défefpoir après avoir regné trois ans. Alors tout fut foumis au nouveau Tanjou Hou-han-fie.

Avant J. C.

fie.

Lorfque ce Prince eut rétabli la tranquillité dans fes Etats, il licentia fes troupes & les renvoya dans leurs Hou-hanpays; il donna à fon frere Hou-tou-gou-feu le titre de Ko-li-vam de l'Orient, & fit fçavoir en même-tems aux Principaux de la Nation le deffein qu'il avoit de faire mourir le Vice-Roi d'Occident, frere de l'ancien Tanjou, ce qui replongea fon Empire dans de plus grands troubles. En effet, celui-ci pour donner de l'occupation au Tanjou & fe défendre en même-tems, fe révolta avec Lie-tai-kiTou-lung-ki & fit nommer un autre Tanjou, auquel il su donna le titre de Tou-yen-tanjou.

Han-chou

Kam-mo,

Le nom de ce Prince étoit Pou-fiu - tam, & il étoit Tou-yen frere de l'ancien Tanjou & du Vice-Roi d'Occident. Avec un corps d'armée, les rebelles s'avancerent du côté de l'Orient contre Hou-han-fié qui eut le malheur d'être vaincu : fon armée fut difperfée, & lui, obligé d'abandonner fa résidence ordinaire.Le nouveau Tanjou Tou-yen en

Avant J. C.

fie.

prit auffi-tôt poffeffion, & donna à fes deux fils les il Hou-han premieres charges de l'Etat ; envoya enfuite quarante mille hommes de Cavalerie fous la conduite de deux Généraux pour former un Camp dans l'Orient, afin d'obferver les mouvemens de Hou-han-fie; mais pendant que le Tanjou n'étoit occupé que de cette guerre, deux autres de fes Officiers nommés Hou-ki-vam & Goei-li-tamhou ennemis fecrets du Vice - Roi d'Occident; lui firent entendre que ce Vice-Roi fon frere avoit deffein de fe révolter & de fe faire enfuite déclarer Tanjou. Ce Prince fur qui ces mauvais confeils firent quelque impreffion, fit arrêter & mettre à mort le Vice - Roi, & ne reconnut fon innocence que dans la fuite il fit auf fi-tôt mourir Goei-li-tam-hou, & Hou-ki-vam qui s'étoit échappé, dans la crainte de fubir un pareil châtiment, fe mit à la tête d'un parti & ofa fe faire appeller Houki-tanjou.

Hou-ki.
Tche-li.
Ou-tfie.

Kam-mo. Ven-bientum-kao.

Kam-mo.

Dans le même temps deux autres principaux Officiers imiterent cet exemple. Le premier prit le titre de Tcheli-tanjou, le fecond celui d'Ou-tfie-tanjou. Ces cinq Tanjou troublerent tout l'Empire des Huns. Le Tanjou-touyen marcha en perfonne du côté de l'Orient contre le Tanjou Tcheli, pendant que fon Général Tou-lum-ki s'avançoit contre le Tanjou Ou-tfie. Les deux nouveaux Tanjou furent battus & fe fauverent vers le Nord-ouest, où ils fe joignirent au Tanjou Hou-ki: ils fe dépouillerent du titre de Tanjou en faveur de Tche-li & leverent enfemble une armée de quarante mille hommes. Tou-yen inftruit de ces démarches envoya un pareil nombre de troupes qui camperent en differents endroits du côté de l'Orient où demeuroit Hou-han-fie; celui-ci à la tête de quarante mille hommes marcha vers l'Occident & défit le Tanjou Tcheli qui fut obligé de se sauver dans le pays fitué vers le Nord-oueft. Tou-yen revint vers le Sudoueft & abandonna le pays de Ki-tun.

A l'occafion de toutes ces guerres civiles on mit en délibération dans le Confeil de la Chine fi l'on n'attaqueroit pas les Huns. Plufieurs Miniftres étoient d'avis

que

que

Hou-han

fie.

l'on prît ce parti. Mais quelques autres repréfenterent qu'il étoit plus grand & plus noble de foumettre les Avant J. C. hommes par des bienfaits que de profiter de leurs difgraces pour les accabler; que la guerre que l'on méditoit contre les Huns ne pouvoit pas être une guerre jufte; que le feul moyen de gagner l'eftime & l'amitié des étrangers, & de leur faire croire que les Chinois ne fe conduifent que par des principes de juftice & d'humanité, ce qui étoit le comble de la vertu, étoit d'envoyer aux Huns des Ambaffadeurs pour les confoler, les fecourir & mettre fin à leurs maux; que ces Peuples alors ne manqueroient pas de fe foumettre. L'Empereur fuivit un confeil fi fage, & les Huns n'eurent rien à craindre du côté de la Chine.

Han-chu.

Des trois Tanjou qui reftoient, Tou-yen & Hou-hanfie étoient les plus puiffants : le dernier envoya fon frere L'an 56. pour repouffer les troupes de Tou - yen qui campoient dans l'Orient. Les deux armées fe livrerent un combat dans lequel celle de Tou- yen perdit plus de dix mille hommes. Pour reparer cette perte & empêcher que Houhan-fie ne pénétrat davantage dans fes Etats, Tou-yen fe mit à la tête de foixante mille hommes. Les deux Tanjou fe rencontrerent dans le pays de No-kou, & quoique l'armée de Hou-han-fie ne montât qu'environ à quarante mille hommes, Tou-yen fut battu & fe tua. Le plus jeune de ses enfans nommé Kou-meou-leou-teou avec le Général Tou-lum-ki fe retirerent à la Chine, & le Tanjou Tche-li se soumit à Hou-han-fie, qui se trouva par cette victoire maître de tout l'Empire.

Il y avoit encore un très-grand nombre de mécontens , & les troubles n'étoient pas entierement appaifés: plufieurs Généraux de Hou-han-fie même pafferent avec plus de dix mille hommes chez les Chinois, & quelques autres Officiers se firent encore proclamer Tanjou. De ce nombre étoit Hieou-fiun-vam frere du Tanjou Tou-yen. Après avoir remporté quelques avantages fur les troupes de Hou - han-fie, il alla camper fur les frontieres ÓcTome I.

M

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