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s'appliquent à la Géographie puiffent travailler fur les Mémoires que je leur préfente, s'ils le jugent à propos, j'ai rapporté avec beaucoup de foin tout ce que les Chinois nous apprennent, & fi j'ai entrepris de fixer plusieurs de ces lieux, je l'ai fait de maniere que les relations Chinoises feront toujours diftinguées de mes refléxions. Je propofe mon fentiment, mais je n'exige pas qu'on l'adopte fans examen.

HHHHHHHHHHHHH

CHAPITRE PREMIER.

PETITE

BUKHARIE,

Et partie de la Scythie en-deçà & au-delà de l'Imais.

H

ARTICLE I.

Pays de Ha-mi & les environs.

il

Kam-mo.

A MI eft connue depuis long-tems des Chinois & il en eft fouvent fait mention dans leur hiftoire. Tout le canton étoit appellé anciennement Y-ou-liou, a souvent été de la dépendance de la Chine; mais vers l'an 713 de J. C. une famille nommée Tchin en forma un Royaume. Ces Princes, qui portoient le titre de Roi, s'y maintenoient encore fous la Dynaftie des Sum, & il y re-tum-chi. avoit eu jufqu'alors dix générations. Autrefois ce pays étoit rempli de villes, mais prefque toutes font ruinées à préfent. La principale eft Y-ou-hien la même que Hami, & où les Empereurs des Han avoient une garnifon Chinoise. Dans la fuite les Tam l'appellerent Y-tcheou, suivant un ufage reçu à la Chine qui laiffe aux Fondateurs de Dynafties & généralement à tous les Empereurs, la liberté d'affigner de nouveaux noms aux Provinces & aux Villes; ce qui fait naître de grandes difficultés lorsqu'on veut reconnoître les anciens lieux.

Distances de Hami à plufieurs autres endroits fuivant la
Géographie des Mim.

De Hami à So-tcheou dans le Chenfi

Vers le S. à Yo-muen-kuan

Vers le S. E. à Yam-kuan

1510 li.

800 li.

2730 li.

Les autres Villes font 1°. Na-che-hien au S. E. des frontieres de Hami vers le Lac de Lop. Les Han y avoient

autrefois une garnifon. 2°. Jeou-yuen-hien fur les frontieres de Hami.

Au Nord du pays de Hami, on trouve la montagne Tien-chan ou Montagne Celeste, qui portoit chez les anciens Huns le nom de Ki-lo-man-chan. On l'appelle encore Sioue-chan ou montagne de neige. Elle fait partie de cette longue chaîne de montagnes qui vient de Kaschgar. Au midi de cette montagne à deux li, il y a un lac nommé Yen-tchi qui doit être le lac Parkol.

Ma-piao-chan eft une montagne fituée au Sud-eft de Hami fur les frontiéres du pays. Dans le voisinage eft une autre montagne appellée Vang-hiang-ling. Your-ho eft une riviere fituée à 130 li de Hami vers l'Orient.

Niang-tfu-tchuen eft une riviere ou fource à l'E de la riviere Your. Les gens du pays l'appellent Ko-tun-che-la.

Ho-lo-tchuen riviere fur les fronieres de Hami au Sud. II y a dans ce voisinage le lac Tang-ffuen-tchi.

Kan-lo-tchuen autre riviere à 300 li au Sud. Il y a dans le yoifinage le lac Tang-tfuen-tchi.

Kan-lo-tchuen autre riviere à 300 li au N. O. de Hami. M. Paul donne au pays de Hami le nom de Camoul, & il en fait une Province du Royaume de Tangout qu'il dit être voifin de deux déferts, dont l'un eft le grand défert de fable. Il ajoute que l'on y trouve toutes les choses néceffaires à la vie, que les habitans étoient fort adonnés à leurs plaifirs, qu'ils étoient idolatres, & que par religion ils étoient fort hofpitaliers, principalement envers les étrangers, leur abandonnant leurs maifons & leurs propres femmes pour les fervir en tout ce qu'ils défiroient; & ne rentrant qu'après s'être affurés du départ. Les peuples de Hami croyoient que cette proftitution étoit agréable à leurs Dieux, & les ordres de l'Empereur Kublai-khan ne purent leur faire abandonner cette pratique.

Benoît Goez parle de cette Ville fous le même nom & dit qu'elle eft éloignée de Kia-yu-kuan près de So-tcheou de neuf journées de marche. Il place dans les environs la ville d'Aramuth.

Les places les plus occidentales de la Province de Chen

fy

Ty ayant fait anciennement partie de la Tartarie, nous croyons devoir les nommer ici; d'autant plus que ce que nous en dirons pourra fervir à éclaircir M. Paul,

S. 1.

Ce voyageur fait d'abord mention de Suchur ou Sucuir; que Johnson nomme Souchik & Sukuir, & les Ambassadeurs de Schahrokh, Sokjou, Benoît Goez, Socieu, c'est la ville de So-tcheou d'aujourd'hui.

Tout ce pays, avant la Dynaftie des Han, étoit poffe- Ven-hien dé par des Tartares appellés Yue-chi, enfuite par les Huns. tum-kao, L'Empereur Vou-ti des Han en fit la conquête, & lui donna le nom de Tfieou-tfuen-kiun, c'est-à-dire, Province de la fontaine du vin, parce que près de So-tcheou il y a une fontaine dont les eaux ont le goût du vin. Li - kao Roi des Si-leam ou Leam Occidentaux y mit fa Cour. Sous le regne des Soui, on appella tout ce pays So-tcheou. il devint fucceffivement partie des Provinces de Tchang-ye, & de Long-yeou. Il paffà enfuite fous la domination des peuples du Toufan, & quelque tems après, les Chinois le reprirent il fait aujourd'hui partie du Chenfi. On comptoit trois villes dans ce pays. 1°. Tfieou-tfuen à préfent So-tcheou, qui eft proche la grande muraille. Dans le voisinage étoit la montagne Kieou-long-chan, & au Sudoueft celle de Kuen-lun-chan. 2°. Fou-lo appellée anciennement Lo-kuon-hien. 3°. Yo- muen fous les Han, c'est ce que nous appellons Kia-yu-kuan. Mais il ne faut pas confondre cet Yo-muen avec un autre paffage du même nom qui eft plus à l'Occident. Du tems de M. Paul la plus grande partie des habitans étoit idolatre, il y avoit parmi eux quelques Chrétiens. On trouve dans ce pays beaucoup de Rhubarbe.

S. 2.

La ville de Campition qui eft dans le voisinage, eft ap- M. Paul: pellée par Johnfon, Kampion, ou Kamchik, par les Am

baffadeurs de Schahrokh Kamjou, & aujourd'hui par les Chi

Tome I.

b

nois Kan-tcheou.Tout ce pays, 300 ans avant J. C., étoit ha bité par les Tartares. Sous les Han, les Huns en étoient les maitres, & ce fut l'Empereur Vou-ti, qui après le leur avoir enlevé, lui donna le nom de Province de Tchang-ye. Les Si-leam l'appellerent dans la fuite Kan-tcheou. Sous les Tam, les Toufan s'en rendireut les maîtres; mais les Chinois les en dépouillerent. Ce canton eft réuni au Chenfi. On ne comptoit autrefois que deux villes dans ce pays. 1°. Tcham-ye ou Kan -tcheou. Dans fon territoire étoit la montagne Ki lien-chan ou Montagne celefte que l'on regardoit comme une fuite de celle de Hami; le lac Kiu yen que nous appellons aujourd'hui Sopou - nor. Les fleuves Ho-li-choui & Jo-choui font au nord de Kan-tcheou. On trouve encore les montagnes de Kan fun-chan & de Lin-fong-chan. 2°. La ville de San-tan connue du tems des feconds Han, & près de laquelle on trouve la montagne Yen-tchi-chan qui eft fort célébre dans l'hiftoire. Du tems de M. Paul Kan tcheou étoit la principale ville du pays de Tangout. Il y avoit des Chrétiens, des Mahometans & des Idolatres. Ceux-ci étoient des Bonzes de Fo, comme il le paroît par le recit de ce Voyageur. Leurs Idoles faites de terre ou de bois étoient dorées : il y en avoit de très-grandes au tour defquelles on en voyoit de plus petites dans une pofture refpectueufe : leurs Prêtres gardoient la chafteté. On comptoit dans ce pays les années par Lunes, & dans chaque lune il y avoit cinq jours que on regardoit comme des jours de Fêtes. On ne tuoit aucun animal & on s'abftenoit de manger aucune viande. La polygamie y étoit en ufage & il étoit permis de répudier la femme dont on fe dégoutoit : ils époufoient leurs belles - meres & même leurs parentes au fecond dégré..

S. 3.

Il faut placer dans ce même canton la ville d'Ezina, qu'une Carte de la Tartarie faite à la Chine fous les Mogols, appelle Ye-tci-na; elle eft fituée à 12 journees de Kantcheou au midi du grand défert.

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