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d'une très-grande étendue, & qu'il y a plufieurs centaines de villes. Ils parlent d'une ville nommée Mo-lou-tching que l'on appelle la petite Gan-fie, éloignée de 20 mille li de Lo-yam.

Ces différentes capitales viennent de ce que les Rois Parthes devenus plus puiffants ont changé de demeure. Les Ganfie ont des monnoyes d'or & d'argent qui portent d'un côté l'empreinte de leur Roi & de l'autre la figure d'un homme. C'eft ce que l'on voit fur les monnoyes des Parthes. Je ne m'étendrai pas d'avantage fur ce pays qui eft, à n'en pas douter, celui que j'ai défigné.

Si nous jettons les yeux fur la Géographie de Ptolomée; nous retrouverons à peu près la même divifion que celle que je viens de donner. Le Kam-kiu & les pays du nord répondent à la Scythie en deça de l'Imaus. Le Yen-tçai à la Sarmatie Afiatique; le pays de Ta-uon à celui des Saces; celui des Ta-yue-chi à la Sogdiane & à la Bactriane. Mais Ptolémée malgré le détail qu'il fait de ces pays, n'en a pas eu une connoiffance bien exacte, & qui voudroit le fuivre fcrupuleufement, ne tarderoit pas à s'égarer. Il donne beaucoup plus d'étendue à ces pays qu'ils n'en ont effectivement. Nous nous contenterons de nommer les peuples qu'il y place, & d'indiquer en deux mots ceux que nous reconnoiffons.

I. La Scythie en deça de l'Imaüs eft bornée à l'occident par la Sarmatie Afiatique, à l'orient & au midi par les Saces, la Sogdiane & la Margiane. Au nord font des pays inconnus. On y trouve les fleuves Rha ou Volga, Rhymmus, Daix ou Jaik, Jaxartes ou Sihon, Jaftus & le Polytimetus.

La feule ville qu'il nomme eft Aspabota que je prens pour Effidgiab. A l'égard des montagnes ; les plus feptentrionales du côté de l'orient, font les monts Alani, enfuite les monts Rhymmici, d'où fort le fleuve Rhymmus & plufieurs autres; enfuite le mont Noroffus 'où le Daix ou Jaick prend fa fource. Ces montagnes font dans le pays d'Ufa. Enfuite Ptolemée place les montagnes Afpifii & Tapuri d'où fortent des fleuves qui fe rendent dans

le Jaxartes. Il nomme encore les monts Syebi & Anarai; ce font toutes ces chaînes de montagnes qui font au nord du Jaxartes, de Tharaz & de Tafchkunt.

Les peuples qui habitent tout cette contrée font au nord. Les Scythes Alains doivent être placés vers les Provinces de Solkamskoi & d'Ufimskoi, enfuite viennent les Suobeni & les Alanorfi. Au-deffous de ces trois peuples habitent les Sætiani, les Maffæi & les Syebi, & le long de l'Imaus les Tectofages.

Vers les fources les plus orientales du Rha ou Volga, font les Rhobofci; par ces fources, il faut probablement entendre la riviere de Kama qui fe jette dans le Volga, rien n'eft plus facile de prendre le courant d'une riviere pour un autre, & encore ne faut-il pas aller chercher la Kama vers fes fources.

Au-deffous des Rhobofci viennent les Afmani, les Paniardi, & près du fleuve Volga le pays appellé Canodipfas, au-deffous les Coraxi, enfuite les Orgafi, & de-là jufqu'à la mer Cafpienne les Erymi, à l'orient defquels font les Afiotæ, enfuite les Aorfi & les Jaxartes, nation nombreuse. Ces quatre derniers peuples doivent être fitués fur le bord feptentrionale de la mer Cafpienne & à l'embouchure du Jaxartes jufqu'aux monts Tapurii.

Au deffous des Satiani font placés les Mologeni, enfuite en defcendant au midi, jufqu'aux monts Rhymmici font les Samnitæ.

Au-deffous des Maffæi & des monts Alains font les Zaratæ, les Safones, & à l'orient des mont Rhymmici les Tybiaca. Après eux fous les Zarates viennent les Tabieni, les Jafta & les Machetegi proche la montagne. Au deffous les Norofbes & les Noroffi, au deffous de ceux-ci les Cachage Scythes qui habitent le long du Jaxartes.

A l'occident des monts Afpafii habitent des Scythes qui portent le même nom, & à l'orient des mêmes monts font les Galactophagi ou mangeurs de lait.

A l'orient des monts Tapuri & des Scythes Syebi demeurent les Tapuræi.

Au pied des monts Anaræi & de ceux qui portent le nom

d'Afcatanca, probablement les montagnes d'Uzkand ou Uzkend, habitent des Scythes du même nom. Les premiers ou les Anarai font au deffous des Alanorfi, & les Af catancæ font à l'orient des monts Tapurii, & s'étendent jufqu'au mont Imaus.

Au fud du Jaxartes vers fon embouchure près des monts Oxii font les Ariacæ proche le Jaxartes. Au deffous les Namastæ, enfuite les Sagaraucæ, & proche l'Oxus les Rhibii chez lefquels eft la ville de Davaba.

II. La Sarmatie Afiatique. Il est inutile de m'étendre beaucoup fur cette contrée que je fais répondre au Yen-tçai des Chinois. Elle étoit bornée à l'occident par le Tanais, par des pays inconnus, au midi par l'Yberie & la Colchide, & à l'orient par la mer Cafpienne & le Volga.

au nord

III. Le pays des Saces, fuivant la Defcription que Ptole mée en fait, répond parfaitement à ce que les Chinois appellent Ta-uon. A l'occident il eft terminé par la Sogdiane, au nord par la Scythie, à l'orient encore par la Scythie, au midi par le mont Imaus qui eft à Kafchgar. Les habitans font Nomades, & ils n'ont point de villes. Les peuples qui demeurent le long du Jaxartes fe nomment Caratæ & Comari, au deffus font les Comedæ, aux montagnes d'Uzkend les Maffagetes; ceux qui font entre, font les Grynæi & les Toornæ, & au deffous proche l'Imaus, les Byltæ.

IV. La Sogdiane, la Bactriane & les environs repondent aux pays de Ki-pin & de Ta-yue-chi (a).

Aujourd'hui tous les vaftes pays que je viens de parcourir, & connus fous le nom de grande Tartarie font habités par les Calmouks ou Mogols qui gardent toujours les mœurs de leurs ancêtres. Occupés uniquement à conduire leurs troupeaux, ils font divifés en trois principales branches, les Calmouks Dzongars, dont le Khan appellé Kontaisch habite près du lac Saiffan & la riviere d'Ili: les Calmouks Cofchots qui occupent le Tangout & le Tibet, & enfin les Calmouks

(a) La Bactrianne à ce que l'on prétend est ainsi nommée du mot Bakhter, qui dans la langue des Perfes, fignifie l'Orient, parce que cette province eft fituée à l'orient de la Perfe, & c'est par la même railon que l'Oxus à été nommé Bactrus par les Anciens.

Torgauts qui habitent dans les plaines aux environs du Jaick. A l'orient de tous ces Calmouks font les Tartares connus fous le nom de Man-tcheou.

La Siberie eft peuplée par plufieurs Hordes venues du midi,& par d'autres peuples dont l'origine eft inconnue.Tels font les Tongous, les Vogoulitz, les Samogedes, les Oftiaks & plufieurs autres dont j'aurai occafion de parler dans la fuite de cet Ouvrage.

Dans la partie occidentale de la grande Tartarie & de la Siberie on trouve plufieurs Nations Tartares qui on embraffé le Mahometifme. On les divife en plufieurs branches.

1. Les Tartares Uzbeks qui habitent au nord-eft de la Perfe entre le Kharifme & les Etats du Mogol.

2. Les Tartares de Chiva auffi appellés Uzbeks qui demeurent dans le Kharifme aux environs des embouchures des rivieres Amou & Khefil.

3. Les Cara-calpaks qui habitent près de la riviere de Sirr au nord de ceux de Chiva & à l'eft de la mer Cafpienne. 4. Les Tartares de la Cafatchia Orda qui habitent aux environs de la riviere de Jemba au nord-eft de la mer Cafpienne.

5. Les Tartares de Nogai qui habitent entre le Volga & le Jaïck au nord de la mer Cafpienne.

6. Les Tartares Bafchkirs qui habitent vers le pied des montagnes des aigles, à l'eft du Volga.

7. Les Tartares d'Uffa qui habitent dans le Royaume dë Cafan au nord des Bafchkirs.

8. Les Tartares de Crimée qui habitent dans la prefqu'Ifle du même nom au nord de la Mer noire.

9. Ajoutons à cela les Tartares de Budziak qui habitent entre le Boryfthenes & le Danube, les Tartares Koubans qui habitent proche la riviere de même nom.

Les Circalles qui font au nord de la Georgie, & les Dagheftans à l'ouest de la mer Cafpienne.

Dans la fuite de cet ouvrage ou trouvera les mœurs de tous ces différens peuples que les anciens ont connus fous le nom de Scythes. Ils font en général habiles à tirer de l'arc, & font plus redoutables lorfqu'ils prennent la

fuite que lorsqu'ils attendent de pied ferme. Dans ces feintes déroutes ils s'arrêtent de tems en tems pour faire des décharges fur l'ennemi qui peu accoutumé à cette maniere de combattre eft fouvent vaincu. Ils font grands cavaliers, les chevaux font toutes leurs richeffes, & les cavales leur font d'une auffi grande utilité que les vaches parmi nous. Ils en boivent le lait dont ils font différentes boiffons, quelques-unes très-fortes & capables d'enivrer. Ils en mangent la chair ainsi que celle de mouton. Ils ont recours aux cavales, parce que les vaches ne fe laiffent pas traire auffi-tôt qu'on a ôté le veau.

Tous ces Tartares s'enivrent jufqu'à perdre la raison; ceux qui fuivent la religion de Mahomet font plus retenus. Les préceptes de l'Alcoran à cet égard ont affez de force dans leur esprit, mais ils se dédommagent sur le tabac. Ils fument d'une maniere fi étrange que la fumée qu'ils avallent les fait tomber dans des convulfions capables de faire périr les plus robuftes, mais qui leurs deviennent falutaires à caufe des mauvaises nourritures qu'elles leur font rejetter.

Difperfés dans les campagnes fous leurs tentes, ils font tous divifés par Tribus qui ont chacune leur chef, & chacun connoît fa tribu par une tradition qui fe conferve dans fa famille. Ils font grands voleurs, grands magiciens, ou au moins font-ils bien-aife qu'on le croye. Ce que nous disons ici regarde les Tartares en général; ailleurs nous donnerons les détails qui appartiennent à chacun des peuples qui ont porté ce nom.

Fin de la Defcription.

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